Le tatami du Grand Slam de Tokyo a rarement été tendre avec les Bleus. Ce samedi 6 décembre 2025, l’histoire s’est répétée de la manière la plus cruelle qui soit : trois Français engagés, zéro médaille. Pourtant, on y a cru jusqu’au bout, surtout avec Sarah-Léonie Cysique qui flirtait dangereusement avec le podium.
Une première journée sans relief pour l’équipe de France
Quand on débarque au pays du judo avec l’étiquette de double médaillée olympique, la pression est forcément décuplée. Sarah-Léonie Cysique le savait mieux que personne en remontant sur le tatami nippon, là où tout avait commencé pour elle avec l’argent en 2021. Retour en -57 kg après son escapade victorieuse en -63 kg, la Française avait à cœur de prouver qu’elle restait une valeur sûre dans sa catégorie de cœur.
Le parcours presque parfait de Cysique
Le début de journée était pourtant idéal. Premier tour face à la Japonaise Ayami Takano : victoire propre. Deuxième tour contre la Russe Irina Zueva : nouvelle victoire convaincante. On commence à rêver. En demi-finale, la montagne Tamaoki Momo se dresse devant elle. La Japonaise, chez elle, ne fait pas de sentiment et stoppe net l’élan tricolore.
Reste le match pour la médaille de bronze. Face à elle, une certaine Eteri Liparteliani, championne du monde en titre. Le combat est intense, tendu, indécis. Cysique mène par moments, résiste, contre. Pendant quatre minutes, on retient son souffle. Puis, dans les dernières secondes, la Géorgienne place l’action décisive. Golden score ou pas, le résultat est le même : la France passe à côté.
« J’ai tout donné, j’étais vraiment proche. C’est frustrant parce que je sentais que j’avais les armes. Mais elle a été plus forte sur la fin. »
Sarah-Léonie Cysique, après son combat
Boukli et Ngayap Hambou, éliminés d’entrée
Si Cysique a au moins atteint le bloc final, les deux autres Français du jour n’ont pas eu cette chance. Shirine Boukli, en -48 kg, avait pourtant débarqué avec l’envie de « tout casser » après une année 2025 en dents de scie. Malheureusement, son tournoi s’arrête dès le premier combat. Une contre-attaque mal anticipée, et la championne d’Europe 2024 se retrouve à ranger son judogi plus tôt que prévu.
En -90 kg, Maxime-Gaël Ngayap Hambou vit le même scénario. Le médaillé mondial 2023, qui monte en puissance depuis plusieurs mois, tombe lui aussi dès son entrée. Un début de compétition cauchemardesque pour les Bleus.
Tokyo, un Grand Slam à part
Il y a des tournois où tout semble plus dur quand on porte le maillot français. Tokyo en fait clairement partie. Le public, l’ambiance, la qualité exceptionnelle des Japonais sur leur sol… Tout joue contre vous. Depuis 2010, la France n’a remporté « que » six titres dans ce Grand Slam mythique, le plus dur du circuit avec Paris, peut-être.
Et cette année, le plateau est encore plus relevé. Les Japonais alignent leurs toutes meilleures cartouches en préparation des grands rendez-vous 2026, et les nations étrangères viennent avec l’envie de briller là où peu réussissent. Résultat : une densité folle dès les premiers tours.
Le saviez-vous ? Sur les dix dernières éditions du Grand Slam de Tokyo, seules trois fois un(e) Français(e) a réussi à monter sur la plus haute marche. Le dernier en date ? Teddy Riner en 2019. Depuis, plus rien.
Ce qui a pêché ce samedi
Plusieurs éléments expliquent cette contre-performance collective.
- Une préparation perturbée pour certains après les fêtes et la trêve hivernale naissante.
- Des adversaires japonaises et géorgiennes au top de leur forme en cette fin d’année.
- Un brin de malchance sur les tirages (Cysique tombe sur Tamaoki dès les demies).
- Et surtout, cette pression spécifique du Japon qui semble paralyser certains Bleus au pire moment.
Car oui, le judo français reste l’un des tous meilleurs du monde. Mais Tokyo, c’est autre chose. C’est le sanctuaire. Et dans un sanctuaire, les dieux locaux veillent jalousement sur leur territoire.
Dimanche, la revanche ?
Heureusement, tout n’est pas fini. Ce dimanche, cinq nouveaux Français entrent en lice avec, on l’espère, plus de réussite.
- Luka Mkheidze (-60 kg) – vice-champion olympique, toujours dangereux.
- Walide Khyar (-66 kg) – en pleine confiance après son retour gagnant à Abu Dhabi.
- Joan-Benjamin Gaba (-73 kg) – champion d’Europe en titre.
- Alpha Djalo (-81 kg) – capable du meilleur comme du pire.
- Romane Dicko (+78 kg) – notre plus grande chance de médaille ce week-end.
Surtout, Romane Dicko arrive avec une rage de vaincre après une année 2025 en demi-teinte. La championne olympique par équipes rêve de retrouver l’or individuel qui lui échappe depuis trop longtemps. Face à elle, les Japonaises Wakaba Tomita et Akira Sone, mais aussi la Turque Kayra Ozdemir. Ça promet.
Pourquoi cette contre-performance n’est pas alarmante
Il ne faut pas tout dramatiser. Décembre reste une période compliquée dans le calendrier international. Beaucoup de judokas arrivent fatigués après une saison longue et intense. D’autres testent des choses en vue de 2026. Tokyo, en fin d’année, fait souvent office de tournoi « bonus » plus que de objectif majeur.
Regardez les années passées : en 2023, la France était également rentrée bredouille le premier jour avant de glaner trois médailles le lendemain. En 2022, même scénario. Le judo français a cette capacité à rebondir quand on l’enterre un peu trop vite.
Et puis, n’oublions pas que nous restons la nation numéro 1 ou 2 mondiale selon les classements. Une journée sans, ça arrive. L’important, c’est la réaction.
« On ne va pas se cacher : aujourd’hui ça n’a pas souri. Mais demain, c’est un autre jour. On va aller chercher ces médailles, coûte que coûte. »
Un membre du staff tricolore, sous couvert d’anonymat
Conclusion : la flamme reste allumée
Ce samedi 6 décembre 2025 restera comme une journée sans pour le judo français à Tokyo. Sarah-Léonie Cysique a montré qu’elle était toujours au niveau mondial, même si le petit quelque chose a manqué pour concrétiser. Boukli et Ngayap Hambou vont vite rebondir, on le sait.
Mais surtout, ce n’est que le début du week-end. Cinq nouveaux Bleus vont monter sur le tatami dimanche avec, espérons-le, plus de réussite et surtout plus de médailles à la clé. Parce que oui, le judo français a encore de beaux jours devant lui. Et Tokyo, même impitoyable, ne pourra pas éternellement nous résister.
Le suspense reste entier. Rendez-vous demain pour, cette fois, voir le drapeau tricolore flotter au-dessus du podium japonais.









