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Traité Pandémie OMS : L’Accord Historique Bientôt Complet

L’OMS vient d’annoncer être « en bonne position » pour boucler d’ici mai 2026 le dernier morceau manquant du traité pandémies : le système qui obligera au partage rapide des virus et des vaccins. Mais certains pays accepteront-ils vraiment de céder une partie de leur production ? La réponse dans quelques mois…

Et si la prochaine pandémie ne provoquait plus jamais le chaos que nous avons connu avec la Covid-19 ? C’est l’ambition portée par un accord international qui vient de franchir une étape décisive, même si le monde retient encore son souffle avant la dernière ligne droite.

Un traité historique presque achevé

En avril dernier, après plus de trois années de négociations intenses déclenchées par la crise sanitaire mondiale, les 194 pays membres de l’Organisation mondiale de la santé ont adopté un accord pandémies d’une ampleur jamais vue. L’objectif ? Ne plus revivre les scènes de pénurie, de course effrénée aux vaccins et de fermeture brutale des frontières qui ont marqué 2020 et 2021.

Cet accord pose déjà les bases d’une coordination renforcée, d’une surveillance mondiale améliorée et d’un accès plus rapide aux outils de lutte contre une nouvelle pandémie. Mais il manquait encore l’élément le plus sensible : le mécanisme concret de partage des agents pathogènes et des bénéfices qui en découlent.

Le mécanisme PABS : la pièce maîtresse qui restait à poser

Ce système, baptisé PABS (Pathogen Access and Benefit-Sharing), doit organiser deux choses essentielles :

  • Le partage rapide des échantillons de virus ou bactéries à potentiel pandémique dès leur détection.
  • En retour, un accès garanti et équitable aux vaccins, tests et traitements développés grâce à ces pathogènes.

Concrètement, un pays qui détecterait un nouveau virus dangereux devrait le transmettre immédiatement à un réseau mondial. En échange, les laboratoires et entreprises qui créeraient un vaccin devraient réserver une partie de leur production (le pourcentage reste à définir) aux pays les plus vulnérables.

C’est cette partie la plus polémique : certains États craignent de perdre la maîtrise de ressources stratégiques, quand d’autres refusent l’idée de voir les grandes pharmaceutiques dicter seules les règles du jeu.

Un optimisme prudent du directeur général de l’OMS

« Il s’agit à la fois d’une opportunité et d’une responsabilité pour toute une génération »

Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS

À l’issue d’une semaine intense de discussions, le patron de l’OMS s’est voulu résolument positif. Selon lui, les délégations sont « en bonne position pour dégager un consensus » avant la prochaine Assemblée mondiale de la santé, prévue mi-mai 2026.

Les négociateurs reprendront leurs travaux du 20 au 22 janvier pour un quatrième cycle qui s’annonce décisif. Une fois le texte du PABS adopté, l’accord complet pourra être soumis à ratification. Il faudra alors 60 pays pour que le traité entre officiellement en vigueur.

Pourquoi ce mécanisme change tout

Pendant la Covid-19, les pays riches ont préacheté la quasi-totalité des doses disponibles dès l’annonce des premiers vaccins. Des nations entières en Afrique ou en Asie du Sud-Est ont dû attendre 2022, voire 2023, pour vacciner leurs soignants.

Le PABS veut briser ce cercle vicieux. En liant explicitement la transmission des pathogènes à un partage obligatoire des bénéfices, il crée une incitation puissante : plus personne n’aura intérêt à garder un virus dangereux pour lui seul.

Les experts estiment que ce seul dispositif pourrait raccourcir de plusieurs mois le délai d’accès universel aux vaccins lors de la prochaine crise.

Les voix des coprésidents des négociations

« Je suis encouragé par les progrès accomplis pour permettre une réponse mondiale plus rapide et plus équitable aux futures pandémies »

Matthew Harpur, coprésident

« Nous sommes convaincus de pouvoir bâtir un système PABS solide et équilibré qui profitera à tous »

Ambassadeur Tovar da Silva Nunes (Brésil), coprésident

Ces déclarations montrent une volonté commune, même si les divergences restent nombreuses sur les pourcentages exacts de vaccins à réserver ou sur les sanctions en cas de non-respect.

Les enjeux derrière les négociations techniques

Derrière les termes techniques se cachent des questions de souveraineté, de propriété intellectuelle et de justice mondiale. Les pays du Sud demandent des garanties fermes contre toute nouvelle situation où 90 % des vaccins iraient aux 10 % les plus riches de la planète.

Les nations industrialisées, elles, veulent s’assurer que le partage des pathogènes ne se transforme pas en pillage de leurs innovations par des concurrents peu scrupuleux.

Trouver l’équilibre entre ces exigences contradictoires représente le véritable défi des prochains mois.

Et après mai 2026 ?

Si tout se passe comme prévu, l’an prochain, le traité pandémies deviendra le premier instrument juridique international contraignant en matière de préparation et de réponse aux crises sanitaires mondiales.

Il imposera des obligations précises : plans nationaux de préparation révisés régulièrement, exercices conjoints, partage en temps réel des données génomiques, réserves stratégiques coordonnées.

Mais surtout, il gravera dans le marbre l’idée qu’aucun pays ne peut se sauver seul face à un virus capable de faire le tour du monde en quelques heures.

Alors que 2025 s’achève sur cette note d’espoir prudent, une seule question demeure : les États tiendront-ils leurs promesses quand la prochaine alerte pandémique retentira ? L’histoire nous le dira. Mais pour la première fois, nous disposons d’un cadre commun pour y faire face ensemble.

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