L’histoire politique française est marquée par d’illustres personnages ayant occupé les plus hautes fonctions. Parmi eux, deux présidents ont connu un destin singulier : après avoir quitté l’Élysée, ils ont choisi de revenir siéger à l’Assemblée nationale. François Hollande, fraîchement réélu député de Corrèze, marche ainsi dans les pas de Valéry Giscard d’Estaing, qui avait effectué ce même retour au Palais Bourbon dans les années 80.
Deux septénats, deux départs douloureux
VGE et Hollande partagent tout d’abord le point commun d’avoir été présidents de la République pendant un septennat, à quatre décennies d’intervalle. Giscard d’Estaing occupa l’Élysée de 1974 à 1981, tandis que le mandat de François Hollande s’étendit de 2012 à 2017. Autre similitude : leur départ du pouvoir fut, pour chacun d’eux, une épreuve douloureuse. Battu par François Mitterrand en 1981, VGE vécut cette défaite comme une profonde blessure. Quant à Hollande, son renoncement à briguer un second mandat en 2016 fut un crève-cœur.
L’Assemblée, tremplin vers un destin national
C’est donc meurtris mais combatifs que ces deux hommes ont choisi de renouer avec leur engagement politique en redevenant simples députés. En 1984, Giscard d’Estaing retrouva son siège de député du Puy-de-Dôme, trois ans après avoir quitté l’Élysée. Une façon pour lui de préparer l’avenir et de rester dans le débat public, avec l’espoir d’une revanche présidentielle. Un schéma que semble vouloir reproduire François Hollande en 2024, en se faisant réélire député de Corrèze.
À l’Assemblée, François Hollande aiguise ses arguments et affûte sa stratégie, en vue de la prochaine élection présidentielle.
Un proche de l’ancien président
Des ambitions présidentielles intactes
Car même si les contextes diffèrent, une même ambition anime Giscard et Hollande lorsqu’ils effectuent leur retour à l’Assemblée : retrouver un jour le chemin de l’Élysée. VGE se présentera ainsi à la présidentielle de 1988, en vain. Quant à François Hollande, il ne fait guère de mystère sur ses intentions pour 2027. Son élection dans la 1ere circonscription de Corrèze, avec 62 % des voix, lui donne des ailes.
- 1981 : VGE perd la présidentielle face à Mitterrand
- 1984 : VGE redevient député du Puy-de-Dôme
- 1988 : VGE candidat malheureux à la présidentielle
Le parcours de Valéry Giscard d’Estaing est ainsi riche d’enseignements pour François Hollande, qui espère connaître une issue plus favorable que son prédécesseur. Alors que les prétendants à la magistrature suprême fourbissent leurs armes en vue de 2027, l’ancien président socialiste entend bien utiliser sa stature d’ex-chef d’État et son ancrage local pour se replacer dans le jeu présidentiel.
Des différences notables malgré les similitudes
Pour autant, il serait réducteur de voir Hollande comme un simple clone de VGE. Si les deux hommes partagent cette volonté de rebondir via l’Assemblée, leur style et leur positionnement politique diffèrent sensiblement. Là où Giscard incarnait le centre-droit libéral, Hollande se veut le chantre d’une gauche sociale-démocrate et réformiste. De plus, le paysage politique a profondément évolué en quarante ans, avec la montée en puissance des extrêmes et l’affaiblissement des partis traditionnels.
François Hollande devra composer avec un contexte bien différent de celui des années 80 s’il veut réussir son pari présidentiel.
Un politologue
Malgré ces différences, une évidence s’impose : en choisissant de redevenir député après l’Élysée, François Hollande s’inscrit dans une tradition politique rare mais symbolique. Comme Giscard en son temps, il entend bien faire de l’Assemblée nationale un marchepied vers son destin national. Réussira-t-il là où VGE a échoué ? L’avenir le dira, mais une chose est sûre : ce retour au Palais Bourbon est un nouveau chapitre passionnant de l’histoire politique française, riche en rebondissements.
