Imaginez-vous sortir prendre votre café du matin et tomber nez à nez avec un homme presque nu, une arbalète à la main, qui hurle des slogans religieux en pleine rue. Ce n’est pas le scénario d’un film d’horreur, mais bien ce qui s’est produit mercredi 3 décembre au petit matin, rue de la Cloche à La Rochelle.
Une scène surréaliste au cœur d’un quartier calme
Il est environ 8 h 30. Les habitants du centre-ville de La Rochelle commencent tout juste leur journée. Certains déposent leurs enfants à l’école, d’autres partent au travail. Et puis, soudain, cet homme de 38 ans apparaît. Torse nu, une simple serviette de bain nouée autour des hanches, il brandit une arbalète de chasse et répète inlassablement Allah Akbar.
Le contraste est violent : une arme médiévale dans un décor contemporain, un cri habituellement associé au terrorisme dans une ville plutôt paisible. Les témoins décrivent une ambiance irréelle, presque cauchemardesque.
Que s’est-il passé exactement ?
Les premiers appels au 17 affluent rapidement. Les riverains, terrifiés, signalent un individu « manifestement en crise » qui erre dans la rue. Les policiers municipaux arrivent les premiers sur place, suivis presque immédiatement par une patrouille de la police nationale.
L’homme ne montre aucune agressivité directe envers les forces de l’ordre, mais son comportement reste imprévisible. Il continue de crier, l’arme toujours à la main. Les agents parviennent à le maîtriser sans avoir à faire usage de leur arme de service. Un soulagement général.
« Il semblait complètement ailleurs, comme s’il ne réalisait pas où il était », confie un riverain ayant assisté à la scène depuis sa fenêtre.
Un profil déjà connu des services de police
Le suspect, âgé de 38 ans, n’est pas un inconnu pour la justice. Il a déjà été condamné à plusieurs reprises, principalement pour des dégradations et des faits de petite délinquance. Rien, a priori, qui ne laissait présager un passage à l’acte aussi spectaculaire.
Certaines sources parlent d’antécédents psychiatriques lourds. Une expertise médicale a d’ailleurs été immédiatement demandée après son placement en garde à vue. Reste à savoir si cet épisode relève d’une crise aiguë, d’une consommation de substances ou d’un mélange des deux.
Ce qui est certain, c’est que l’arbalète était bien réelle et fonctionnelle. Une arme de catégorie D, en vente libre pour les majeurs, mais dont la dangerosité n’est plus à démontrer : une flèche d’arbalète de chasse peut traverser un gilet pare-balles souple.
La question qui dérange : terrorisme ou folie ?
L’emploi du cri « Allah Akbar » a immédiatement fait réagir sur les réseaux sociaux. Pour certains, c’est la preuve d’une motivation jihadiste. Pour d’autres, c’est simplement la phrase que beaucoup de personnes en crise délirante répètent, car elle est devenue un marqueur médiatique fort ces dernières années.
À l’heure actuelle, aucune piste terroriste n’est privilégiée par les enquêteurs. L’homme n’était pas fiché S, ne fréquentait pas de lieux de culte radicalisés et n’a laissé aucun message écrit. Tout porte à croire qu’il s’agit d’un épisode psychiatrique grave.
Cela n’empêche pas le débat de s’enflammer : comment un individu manifestement instable a-t-il pu se procurer une arme aussi dangereuse en toute légalité ? La vente libre des arbalètes de chasse est-elle encore justifiée en 2025 ?
La Rochelle, ville tranquille ébranlée
La Rochelle n’est pas habituée à ce genre d’événements. Certes, comme toutes les villes moyennes, elle connaît sa part de faits divers, mais un homme à moitié nu armé d’une arbalète en plein centre, c’est du jamais-vu.
Les habitants du quartier de la rue de la Cloche restent choqués. Certains disent avoir eu peur pour leurs enfants qui partaient à l’école au même moment. D’autres redoutent que ce genre d’incident « importé » des grandes métropoles.
Le maire de La Rochelle a rapidement réagi en saluant le professionnalisme des forces de l’ordre et en rappelant que la vidéosurveillance avait permis de suivre l’individu dès ses premiers errements.
Les arbalètes : une arme sous-estimée ?
Beaucoup découvrent, médusés, qu’une arbalète de chasse puissante est en vente libre en France pour toute personne majeure. Il suffit de se rendre dans un armurerie ou de commander en ligne. Aucune autorisation préfectorale n’est nécessaire.
Cette législation date d’une époque où l’arbalète était considérée comme une arme de loisir ou de chasse traditionnelle. Mais dans un contexte où les troubles psychiatriques explosent et où certains individus cherchent des armes discrètes et létales, la question d’un encadrement plus strict se pose avec acuité.
Une arbalète moderne tire à plus de 120 mètres avec une précision redoutable. Silencieuse, facile à recharger, elle représente un danger bien réel dans les mains d’une personne déséquilibrée.
Et maintenant ?
L’homme a été placé en garde à vue, puis transféré en unité psychiatrique spécialisée. Une expertise déterminera s’il est pénalement responsable de ses actes. En cas d’irresponsabilité, il pourrait être interné d’office pour une durée indéterminée.
Cet événement, bien que sans victime, laisse des traces. Il rappelle cruellement que la frontière entre folie et menace terroriste est parfois ténue, et que nos villes, même les plus tranquilles, ne sont plus à l’abri d’un coup de folie spectaculaire.
Il pose aussi, une fois de plus, la question de la prise en charge des malades psychiatriques en France. Combien de drames avant que l’on ne reconstruise enfin un véritable réseau de soins adapté ?
En attendant, les Rochelais essaient de reprendre le cours de leur vie quotidienne. Mais nombreux sont ceux qui, ce matin-là, ont eu la peur de leur vie en croisant un homme à moitié nu, une arbalète à la main, criant Allah Akbar au milieu de la rue.
À retenir :
- Interpellation sans blessé grâce à la réactivité policière
- Arbalète de chasse en vente libre : un danger méconnu
- Piste psychiatrique fortement privilégiée
- Aucune victime mais un traumatisme collectif
Une histoire nous rappelle que le danger peut surgir là où on l’attend le moins. Et que parfois, la réalité dépasse largement la fiction.









