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Les Ratés Choquants du Service National Universel d’Emmanuel Macron

Le service national universel, grande promesse d'E. Macron, vire au fiasco. Racisme, xénophobie, rejet des valeurs républicaines… Des témoignages chocs de proviseurs et de participants révèlent l'ampleur des dérives lors des stages de cohésion. La volonté d'intégrer les jeunes des quartiers semble avoir eu l'effet inverse. Enquête sur un dispositif qui bat de l'aile.

Quand les bonnes intentions se heurtent à la dure réalité du terrain. Le service national universel (SNU), mesure phare du quinquennat Macron censée renforcer la cohésion nationale et transmettre les valeurs républicaines, semble pour l’instant manquer sa cible. Retour d’expérience accablant de proviseurs et de participants aux premiers stages de cohésion ouverts aux lycéens pendant le temps scolaire, en particulier ceux issus des quartiers.

Quand les « jeunes des quartiers » sèment le trouble

Venus principalement du nord des Hauts-de-Seine, ces lycéens, pour beaucoup contraints de participer et peu réceptifs aux valeurs républicaines selon les témoignages, ont rapidement perturbé le déroulement des stages. «Certains élèves ont pris le pouvoir et reconstruit la loi de la Cité», résume Florian de Trogoff, proviseur d’un lycée de Saint-Germain-en-Laye accueillant pourtant une majorité d’élèves issus des quartiers populaires.

Dans les chambrées, alcool et cannabis circulaient. Pendant les temps républicains, la Marseillaise était conspuée, le drapeau méprisé. Vols, harcèlement, violences, dégradations… Les incidents se sont multipliés. «Très rapidement, il y a eu de la xénophobie, du racisme antifrançais, alors que mes élèves venaient du même milieu que les perturbateurs !», s’indigne M. de Trogoff.

Des sanctions qui peinent à endiguer les problèmes

Face à ces débordements, des sanctions ont certes été prises. Quatre élèves turbulents d’un lycée des Hauts-de-Seine ont ainsi été exclus et sont passés en conseil de discipline. Mais cela n’a pas suffi à pacifier l’ambiance délétère régnant lors de certains stages. Les témoignages concordants font état d’une expérience globalement négative, bien loin des objectifs affichés par le SNU.

Nous avons ensuite appris que trois élèves du lycée des Hauts-de-Seine étaient passés en conseil de discipline et avaient été renvoyés dès le 3e jour, puis un 4e élève dans la foulée.

Florian de Trogoff, proviseur

Un constat d’échec pour le « vivre ensemble » ?

Si l’intention de départ était louable – favoriser la mixité sociale et le brassage des jeunesses – force est de constater que le résultat n’est pas au rendez-vous. Au contraire, ces stages semblent cristalliser les tensions et les oppositions, loin de l’esprit rassembleur espéré.

Pour Gabriel Attal, ancien secrétaire d’État auprès du ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, chargé notamment de la mise en place du SNU, il faut pourtant positiver : « On ne peut pas dire que c’est un échec. Cela montre justement qu’il y a un besoin de créer ce sentiment d’appartenance. » Un discours qui peine à convaincre au vu des faits rapportés.

Repenser le SNU, un impératif

Au-delà des incidents, c’est bien la pertinence et le format du service national universel qui se trouvent questionnés. Pensé comme un outil pour « transmettre un socle républicain » selon l’Élysée, le dispositif se heurte à des publics rétifs, voire hostiles à ces principes. Un constat qui appelle à une profonde remise en question.

Faut-il contraindre les jeunes, en particulier ceux des quartiers populaires, à participer à ces stages ? Comment mieux les préparer en amont aux valeurs de la République ? Quelles activités et quels intervenants pour créer une adhésion ? Autant de pistes de réflexion pour tenter d’améliorer le SNU et d’en faire, peut-être, le creuset de la cohésion nationale qu’il devait être. Le chemin s’annonce encore long et semé d’embûches.

Le SNU, révélateur des fractures françaises

Au-delà d’un simple dispositif, les difficultés rencontrées par le service national universel mettent en lumière les lignes de faille qui traversent la société française. Fracture territoriale, opposition entre « jeunes des quartiers » et « jeunes des beaux quartiers », rejet des valeurs républicaines… Autant de défis à relever pour retisser le lien social et restaurer un sentiment d’unité nationale mis à mal.

Les déboires du SNU doivent être l’occasion d’une prise de conscience et d’une mobilisation à tous les niveaux. École, familles, associations, collectivités… C’est bien l’affaire de tous que de transmettre un patrimoine commun, des repères partagés pour faire nation. Une gageure plus que jamais nécessaire dans une France fragmentée.

  • Un SNU qui peine à rassembler
  • Des incidents qui interrogent sur l’adhésion aux valeurs républicaines
  • La nécessité de repenser le format et les modalités du service national universel
  • Au-delà, le besoin de retisser le lien social et l’unité nationale

L’expérience mitigée des premiers stages de cohésion doit servir de leçon pour améliorer et repenser le service national universel. Car derrière les polémiques, c’est bien le défi du « vivre ensemble » qui se pose avec acuité. Un chantier immense et urgent pour la France du 21ème siècle, qui dépasse le seul cadre d’un dispositif, fût-il présidentiel.

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