Quand on parle de l’équipe de France féminine en ce moment, il y a un mot qui revient sans cesse : l’hécatombe. Entre les adducteurs, les ischios et les cuisses qui lâchent, Hervé Renard a passé les dernières semaines à croiser les doigts plus qu’à composer son onze. Et parmi les absences qui faisaient le plus mal, celles de Marie-Antoinette Katoto et Selma Bacha pesaient particulièrement lourd.
Un retour qui tombe à pic avant Dijon
Ce vendredi matin, sous un ciel lyonnais plutôt clément pour un mois de décembre, la nouvelle est enfin tombée : les deux internationales ont participé à la séance collective à 100 % normale avec l’Olympique Lyonnais. Pas de travail adapté, pas de kiné en bord de terrain, juste du ballon et des sourires. Pour les supporters des Lyonnes comme pour ceux des Bleues, c’est le genre d’info qui redonne immédiatement le sourire.
Petit flashback : lors du dernier rassemblement tricolore, Katoto souffrait d’une lésion à la cuisse gauche et Bacha traînait une douleur persistante aux adducteurs. Deux forfaits qui avaient obligé le sélectionneur à bricoler et qui avaient privé la France de deux de ses armes offensives les plus tranchantes face à la Suède en petite finale de Ligue des Nations (victoire 2-1, mais avec beaucoup de souffrance).
Katoto, la tueuse qui manquait cruellement
Commençons par la Parisienne d’origine. À 26 ans, Marie-Antoinette Katoto reste tout simplement l’une des meilleures attaquantes du monde quand elle est en pleine possession de ses moyens. Sa saison 2024-2025 avait pourtant démarré tambour battant : 12 buts en 10 matchs toutes compétitions confondues avec l’OL avant sa blessure. Des chiffres qui font d’elle la meilleure buteuse du championnat + Ligue des Championnes.
Son absence a immédiatement eu un impact visible : sans elle, l’OL a parfois manqué de présence dans la surface et de cette capacité effrayante à transformer la moindre occasion en but. Même Ada Hegerberg, pourtant de retour au top, ne peut pas tout faire seule. Le retour de « MAK » change donc complètement la donne pour Sonia Bompastor et son staff.
« Quand Marie-A est là, tout devient plus simple pour tout le monde. Elle attire les défenses, elle finit les actions, elle rend les autres meilleures. »
Un membre du staff lyonnais, sous couvert d’anonymat
Selma Bacha, le piston gauche dont tout le monde rêve
De l’autre côté du terrain, Selma Bacha représente l’avenir et le présent du poste de latérale gauche en Europe. À seulement 24 ans, la Lyonnaise native a déjà tout gagné avec son club formateur et s’est imposée comme la patronne du couloir gauche en sélection. Sa qualité de centre, sa vitesse et sa lecture du jeu font d’elle une joueuse quasiment unique sur le marché.
Ses adducteurs l’avaient trahie juste avant le rassemblement de novembre. Résultat ? Perle Lamari et Sakina Karchaoui ont dû se partager le poste, avec des fortunes diverses. Le retour de Bacha, c’est la garantie de retrouver des automatismes précieux, notamment avec Delphine Cascarino ou Melvine Malard sur l’aile.
Et puis il y a cette statistique folle : depuis le début de la saison, l’OL a remporté 91 % de ses matchs lorsque Bacha était titulaire… contre seulement 62 % sans elle. Les chiffres parlent d’eux-mêmes.
Un calendrier qui ne laisse aucune marge d’erreur
Le timing est presque parfait. Demain samedi, les Lyonnaises se déplacent à Dijon pour le compte de la 10e journée d’Arkema Première Ligue (17 h). Un match piège face à une équipe qui joue sa survie et qui avait déjà posé des problèmes l’an dernier. Avoir Katoto et Bacha dans le groupe, même si elles ne débutent pas forcément, change complètement la profondeur de banc.
Mais le vrai test arrivera ensuite :
- Mercredi 10 décembre : réception du Paris FC en championnat
- Samedi 13 décembre : choc face au PSG au Parc des Princes
- Semaine du 16 décembre : quart de finale aller de Ligue des Championnes (tirage ce lundi)
- Et surtout, le prochain rassemblement des Bleues fin février pour les barrages de la prochaine grande compétition
Autant dire que chaque minute d’entraînement compte. Le staff médical lyonnais, réputé pour son excellence, a visiblement fait un travail remarquable pour remettre les deux joueuses sur pied aussi vite.
L’effet domino sur tout le vestiaire lyonnais
Au-delà des performances individuelles, ce retour envoie un signal fort à tout le groupe. Wendie Renard, capitaine et leader historique, l’avait d’ailleurs laissé entendre après la victoire en Ligue des Nations : « On sait qu’on n’est jamais aussi fortes que quand tout le monde est là. »
Avec Griedge Mbock également de retour de blessure il y a quelques semaines, l’OL retrouve peu à peu sa colonne vertébrale. Et quand on connaît la domination écrasante du club rhodanien ces dernières années (15 titres de championnes consécutifs avant la saison dernière), on sait que ce genre de nouvelle peut vite transformer une saison déjà réussie en saison historique.
Et pour les Bleues, c’est encore plus important
Parce que oui, le club passe avant tout, mais l’équipe de France n’est jamais très loin dans les têtes. Après une année 2025 en dents de scie (élimination en quarts de l’Euro, troisième place en Ligue des Nations), les Tricolores ont besoin de retrouver leur meilleur niveau pour aborder les qualifications à la Coupe du Monde 2027 avec sérénité.
Le retour de Katoto et Bacha, c’est potentiellement :
- La meilleure attaque d’Europe de nouveau opérationnelle
- Un couloir gauche redevenu infranchissable/imprévisible
- Des automatismes retrouvés avant les matchs décisifs de février/mars
- Et surtout, un moral regonflé à bloc pour tout un groupe
Hervé Renard doit déjà cocher la date du prochain stage sur son calendrier avec un grand sourire.
Conclusion : la lumière au bout du tunnel
Dans un vendredi de décembre comme les supporters de l’OL et des Bleues aiment en vivre. Deux stars de retour à l’entraînement, un groupe qui se reconstruit pièce par pièce, et l’espoir de revoir très vite sur les terrains le visage du football féminin français le plus abouti.
Maintenant, reste à transformer cet enthousiasme en minutes de jeu, puis en victoires. Mais une chose est sûre : quand Katoto et Bacha sourient sur une pelouse d’entraînement, c’est tout le foot féminin français qui respire un peu mieux.
Prochain rendez-vous : demain à Dijon. Et quelque chose nous dit que les travées du Groupama OL Training Center n’ont jamais semblé aussi pleines d’espoir qu’en ce début de mois de décembre 2025.









