Imaginez-vous au cœur de la brume rwandaise, entourée de gorilles des montagnes de plusieurs centaines de kilos, et qu’ils décident soudain que vous faites partie de leur quotidien… jusqu’à vous tirer les cheveux ou vous faire pipi dessus. C’est exactement ce qu’a vécu Sigourney Weaver pendant le tournage de Gorilles dans la brume. Et quand elle a raconté ça hier soir dans C à vous, même Anne-Élisabeth Lemoine n’en revenait pas.
Quand Sigourney Weaver a vraiment vécu parmi les gorilles
Invitée sur le plateau de France 5 le 4 décembre, la légendaire actrice de 76 ans est revenue sur l’un des rôles les plus marquants de sa carrière : celui de Dian Fossey dans le film de Michael Apted sorti en 1988. Et là, surprise : elle n’a pas seulement joué la célèbre primatologue, elle a carrément partagé le quotidien des gorilles qu’elle était censée protéger à l’écran.
« C’était une expérience extrêmement transformationnelle pour moi », explique-t-elle calmement, avant de lâcher la bombe : « Le fait d’être attaquée par des gorilles tous les jours, qu’on me fasse pipi dessus, qu’on me tire les cheveux… C’était une des meilleures expériences que j’ai jamais vécues. » Silence sur le plateau. Anne-Élisabeth Lemoine écarquille les yeux, comme la majorité des téléspectateurs devant leur écran.
Une immersion totale qui a dépassé la fiction
Pour incarner Dian Fossey, Sigourney Weaver n’a pas fait les choses à moitié. Avant même le début du tournage, elle s’est rendue au Rwanda pour passer du temps avec les vrais gorilles des montagnes, ceux-là mêmes que la scientifique américaine étudiait et protégeait au prix de sa vie. L’objectif ? Comprendre leur comportement, leurs regards, leurs gestes. Résultat : les primates l’ont acceptée comme l’une des leurs… ou presque.
Les anecdotes qu’elle rapporte sont à la fois drôles et impressionnantes. Un jeune gorille qui lui tire les cheveux pour jouer. Un autre qui, en signe de domination ou d’affection (difficile à dire), lui urine dessus sans prévenir. Des contacts physiques brutaux qui, pour n’importe qui d’autre, auraient tourné au cauchemar. Mais pour elle ? Une révélation.
« Je me sentais tellement honorée qu’ils me traitent comme un membre de leur groupe », confie-t-elle avec un sourire sincère.
Dian Fossey : de la science à la croisade solitaire
Le film Gorilles dans la brume ne raconte pas seulement l’histoire d’une femme passionnée par les primates. Il montre la descente progressive d’une scientifique rationnelle vers une militante prête à tout pour sauver « sa » famille de gorilles. Et Sigourney Weaver porte ce basculement avec une intensité rare.
On la voit d’abord curieuse, presque timide face aux géants poilus. Puis déterminée. Puis radicalisée. Elle monte des patrouilles anti-braconnage, détruit les pièges, affronte les autorités locales et les trafiquants. Elle finit par sacrifier sa relation amoureuse avec le photographe du National Geographic (interprété par Bryan Brown) parce que rester auprès des gorilles devient plus important que tout.
Ce choix de solitude, cette obsession, Weaver les rend palpables. Son jeu physique est incroyable : elle adopte la posture voûtée des gorilles, leurs grognements, leurs regards profonds. On oublie l’actrice. On ne voit plus que Dian Fossey.
Un rôle qui a changé sa vie… et marqué Hollywood
À sa sortie, le film a été salué partout dans le monde. Sigourney Weaver décroche le Golden Globe de la meilleure actrice dans un drame et se retrouve nommée à l’Oscar (elle perdra face à Jodie Foster dans Les Accusés). Mais au-delà des récompenses, c’est la cause des gorilles qui bénéficie d’un éclairage inédit.
Des millions de spectateurs découvrent l’histoire tragique de Dian Fossey, assassinée en 1985 dans sa cabane du Rwanda (un meurtre jamais élucidé). Le film participe à la prise de conscience mondiale sur la menace qui pèse sur cette espèce en danger critique d’extinction. Trente-sept ans plus tard, on estime qu’il reste à peine un millier de gorilles des montagnes dans le monde.
Pourquoi cette anecdote a autant choqué Anne-Élisabeth Lemoine
Sur le plateau, l’animatrice de C à vous n’a pas caché sa stupeur. « Attaquée tous les jours ? Pipi dessus ? » répète-t-elle, mi-horrifiée, mi-amusée. Et on la comprend. Pour le commun des mortels, se faire charger par un gorille de 200 kilos reste un scénario de film d’horreur. Pourtant, Weaver, elle, y voit une marque d’acceptation.
En réalité, ces « attaques » n’avaient rien de malveillant. Les primatologues le savent : quand un gorille vous accepte dans son groupe, il peut vous tester, vous toucher, vous bousculer. C’est leur façon de dire « tu es des nôtres ». Et recevoir l’urine d’un mâle dominant ? Un privilège dans la hiérarchie du clan.
Un tournage hors normes dans les montagnes des Virunga
Le tournage lui-même relevait de l’exploit. L’équipe a passé des semaines dans les volcans Virunga, à 3000 mètres d’altitude, dans le brouillard et la pluie permanents. Pas de confort, pas de sécurité moderne. Les gorilles étaient sauvages, pas habitués aux humains comme ceux des parcs actuels.
Chaque matin, Sigourney Weaver et les cadreurs devaient marcher des heures pour rejoindre les familles de gorilles suivies par le Dian Fossey Gorilla Fund. Ils rampaient dans la végétation dense, imitaient les grognements pour se faire accepter. Parfois, un mâle dominant chargeait pour protéger son groupe. Weaver a appris à rester calme, à ne pas fuir, à montrer sa soumission en baissant les yeux.
Ces scènes, on les retrouve dans le film : elles sont authentiques. Le gorille Digit, célèbre protégé de Fossey tué par des braconniers, a réellement existé. Sa mort, montrée à l’écran, a bouleversé le monde entier.
L’héritage de Dian Fossey, trente-sept ans après
Aujourd’hui, le travail commencé par Dian Fossey se poursuit. Le parc national des Virunga est mieux protégé, le tourisme encadré rapporte des revenus aux communautés locales, et la population de gorilles remonte doucement. Mais la menace persiste : braconnage, déforestation, maladies.
Sigourney Weaver, elle, reste engagée. Elle soutient toujours le Dian Fossey Gorilla Fund et revient régulièrement au Rwanda. Elle raconte d’ailleurs que les gorilles actuels, descendants de ceux qu’elle a connus, la reconnaissent encore parfois.
Preuve que certaines rencontres changent une vie. Et que certains rôles ne vous quittent jamais.
En résumé : Sigourney Weaver n’a pas seulement joué Dian Fossey. Elle a vécu son combat, au plus près des gorilles, au risque de sa propre sécurité. Une expérience qu’elle qualifie encore aujourd’hui de « l’une des meilleures de sa vie ». Une leçon d’engagement et d’humilité face à la nature sauvage.
Et vous, seriez-vous prêt à vous faire tirer les cheveux par un gorille de 200 kilos pour défendre une cause ? Sigourney Weaver, elle, n’a pas hésité une seconde.









