InternationalPolitique

Aukus Confirmé : Trump Valide la Vente de Sous-marins Nucléaires

Trump vient de trancher : les États-Unis vendront bien trois sous-marins nucléaires à l’Australie dès 2032. Le pacte Aukus est sauvé… mais à quel prix pour les chantiers américains et pour les anciennes promesses faites à la France ? Ce que cela change vraiment dans le Pacifique…

Imaginez un instant : un contrat de plusieurs dizaines de milliards d’euros signé avec la France, puis annulé du jour au lendemain au profit d’une alliance secrète avec Washington et Londres. C’était en septembre 2021. Quatre ans plus tard, l’accord Aukus, qui avait provoqué une crise diplomatique majeure, vient de franchir une étape décisive sous la nouvelle administration Trump.

Le feu vert définitif de Donald Trump à l’accord Aukus

Jeudi, un parlementaire américain de premier plan a annoncé la nouvelle : après cinq mois d’examen approfondi par le Pentagone, l’administration Trump confirme sans ambiguïté son soutien total au pacte Aukus. La vente de trois sous-marins d’attaque à propulsion nucléaire de classe Virginia à l’Australie à partir de 2032 est maintenue.

Ce revirement – ou plutôt cette clarification – met fin à plusieurs mois d’incertitude. Dès son retour à la Maison Blanche, Donald Trump avait en effet demandé une révision complète du programme, fidèle à sa doctrine « America First ». Beaucoup craignaient alors une remise en cause pure et simple de l’alliance.

Cinq mois de suspense intense

L’examen, conduit sous l’autorité du nouveau secrétaire à la Défense Pete Hegseth, a duré exactement cinq mois. Objectif : vérifier que le transfert de technologies aussi sensibles servait réellement les intérêts de sécurité nationale américaine.

Le verdict est tombé sans appel. Le représentant Joe Courtney, élu du Connecticut et figure respectée sur les questions de construction navale militaire, a publié un communiqué clair : « Le gouvernement soutient l’accord Aukus et a déterminé que ce plan s’accorde parfaitement avec la défense de nos intérêts nationaux. »

« L’accord prévoyant la vente de trois sous-marins de classe Virginia à partir de 2032 va bel et bien rester intact. »

Joe Courtney, parlementaire américain

Un calendrier sous haute tension

Si l’accord politique est sauvé, la mise en œuvre technique reste un véritable casse-tête. Les chantiers navals américains tournent déjà à plein régime pour équiper leur propre flotte. Produire en parallèle des bâtiments pour l’Australie tout en respectant le calendrier annoncé relève de l’exploit industriel.

Le porte-parole du Pentagone a pourtant été catégorique : le président Trump a donné instruction que le programme Aukus progresse « à pleine vitesse ». Traduction : pas question de reculer, même si cela implique des investissements massifs dans les infrastructures de construction.

Le Congrès, traditionnellement sensible à la préservation des emplois dans les bassins industriels concernés (Connecticut, Virginie, Rhode Island), semble prêt à débloquer les fonds nécessaires. On parle déjà d’un soutien actif aux chantiers navals spécialisés dans les sous-marins.

Rappel des faits : pourquoi Aukus a fait trembler Paris

Retour en 2021. L’Australie annonce brutalement l’annulation d’un méga-contrat de 56 milliards d’euros signé avec la France pour douze sous-marins conventionnels dérivés de la classe Barracuda. À la place, Canberra choisit la voie nucléaire avec les États-Unis et le Royaume-Uni.

Le pacte Aukus (Australia, United Kingdom, United States) naît dans le plus grand secret. Objectif affiché : contenir l’expansion chinoise dans l’Indo-Pacifique en dotant l’Australie d’une capacité sous-marine à propulsion nucléaire, technologie que seuls six pays maîtrisent dans le monde.

La France, prise de court, parle alors d’un « coup de poignard dans le dos ». L’ambassadeur est rappelé à Paris, une première dans l’histoire des relations franco-américaines. Le contrat perdu par Naval Group représentait pourtant quatre fois moins cher que le programme Aukus actuel.

Le nouveau plan Aukus en chiffres

Pour bien comprendre l’ampleur du projet aujourd’hui confirmé, voici les grandes lignes du programme :

  • Vente de 3 à 5 sous-marins de classe Virginia d’occasion à partir de 2032
  • Construction conjointe de sous-marins de nouvelle génération (classe SSN-Aukus) à partir des années 2040
  • Coût total estimé sur trente ans : environ 235 milliards de dollars australiens (soit plus de 140 milliards d’euros)
  • Transfert de technologie nucléaire militaire (propulsion uniquement, pas d’armement nucléaire)

À titre de comparaison, le contrat français annulé portait sur douze sous-marins conventionnels pour « seulement » 56 milliards d’euros… et aurait permis une construction locale massive en Australie.

Pourquoi Trump a-t-il finalement dit oui ?

Plusieurs éléments ont manifestement pesé dans la balance.

D’abord, la pression géopolitique. La Chine poursuit son expansion militaire rapide dans le Pacifique. Une Australie dotée de sous-marins nucléaires change radicalement l’équilibre stratégique régional.

Ensuite, les engagements internationaux. Annuler Aukus aurait gravement entaché la crédibilité américaine auprès de ses alliés. Canberra avait déjà investi des milliards dans le programme et restructuré toute sa stratégie de défense.

Enfin, l’argument industriel. Les chantiers navals américains, malgré leurs difficultés de cadence, ont besoin de commandes longues pour maintenir leurs compétences et leurs milliers d’emplois hautement qualifiés.

Et la France dans tout ça ?

Paris suit évidemment le dossier avec la plus grande attention. Si les relations diplomatiques se sont apaisées depuis 2021 – notamment grâce à plusieurs gestes d’apaisement de Joe Biden à l’époque –, la cicatrice reste vive.

Aucun commentaire officiel n’a encore été fait par l’Élysée ou le ministère des Armées au moment où nous écrivons ces lignes. Mais on imagine sans mal que cette confirmation définitive ravive de vieux souvenirs douloureux.

Certains observateurs estiment toutefois que la France a su rebondir : nouveaux contrats à l’export (Indonésie, Inde, Colombie), renforcement du partenariat avec l’Inde sur les sous-marins, et présence accrue dans l’Indo-Pacifique avec la marine nationale.

Ce que cela change concrètement dans le Pacifique

Un sous-marin nucléaire peut rester des mois en immersion, parcourir des dizaines de milliers de kilomètres sans ravitaillement, et opérer en toute discrétion. Pour l’Australie, continent-île, c’est une révolution capacitaire.

Pékin a immédiatement réagi en dénonçant une « mentalité de guerre froide » et une « course aux armements » dans la région. La Chine, qui possède déjà la plus grande marine du monde en nombre de bâtiments, accélère elle aussi ses programmes sous-marins nucléaires.

Le message est clair : l’Indo-Pacifique reste la zone la plus chaude de la planète en termes de rivalité stratégique. Et Aukus, même avec ses difficultés techniques, vient d’être gravé dans le marbre par la nouvelle administration américaine.

Une page se tourne, une autre s’ouvre. Plus tendue, plus technologique, et définitivement plus nucléaire.

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.