ÉconomieInternational

Venezuela 2026 : Budget en Baisse Face à l’Assaut Américain

Le Venezuela vient de voter son budget 2026 : –12 % en dollars alors que le plus grand porte-avions américain croise au large. Caracas parle d’un pays « assiégé » et promet de résister. Mais jusqu’où cette confrontation peut-elle aller avant un point de rupture ?

Imaginez un pays assis sur les plus grandes réserves pétrolières du monde, pourtant contraint de présenter un budget en nette baisse, tout en accusant la première puissance militaire mondiale de vouloir l’envahir. C’est exactement la situation dans laquelle se trouve le Venezuela en cette fin d’année 2025.

Un budget 2026 marqué par la pression extérieure

Jeudi, la vice-présidente Delcy Rodríguez a déposé devant l’Assemblée nationale le projet de loi de finances pour 2026. En dollars, selon le taux de change officiel, il s’élève à 19,941 milliards, soit une réduction de près de 12 % par rapport aux 22,699 milliards prévus pour 2025.

En bolivars, la somme paraît plus importante : 5 022 milliards. Mais cette augmentation nominale ne trompe personne : elle reflète surtout la dépréciation continue de la monnaie nationale.

Un pays qui se dit « assiégé »

Delcy Rodríguez n’a pas mâché ses mots. Elle a décrit un Venezuela « assiégé » par les États-Unis, soumis à une pression militaire et économique sans précédent. Selon elle, le déploiement récent de forces navales américaines dans les Caraïbes, avec en tête de ligne le plus grand porte-avions du monde, n’a qu’un seul objectif : renverser Nicolás Maduro et s’approprier le pétrole vénézuélien.

« Nous présentons ce budget dans une conjoncture particulière d’un Venezuela assiégé (…) c’est le bilan d’un Venezuela positif, qui ne s’arrête pas malgré l’interventionnisme des États-Unis. »

Delcy Rodríguez, vice-présidente

Le gouvernement lie directement cette contraction budgétaire aux sanctions imposées depuis 2014 et durcies en 2019 sur le secteur pétrolier, principale source de devises du pays.

Des chiffres qui racontent deux réalités

À première vue, le tableau peut sembler paradoxal. La Banque centrale vénézuélienne annonce une croissance de 8,7 % du PIB au troisième trimestre 2025. Le pays est sorti, en 2021, de huit années consécutives de récession et d’un épisode d’hyperinflation parmi les plus violents de l’histoire moderne.

Mais cette reprise reste extrêmement fragile. Le bolivar continue de perdre de la valeur chaque jour. L’écart entre le dollar officiel et le dollar parallèle dépasse désormais les 50 %, rendant toute planification budgétaire hasardeuse.

Comparaison des budgets en dollars (taux officiel)

2025 → 22,699 milliards $

2026 → 19,941 milliards $

Baisse : –12,1 %

Sept millions de Vénézuéliens ont déjà fui

Derrière les discours de résistance, la réalité humaine est dramatique. Depuis 2013, plus de sept millions de personnes ont quitté le pays, selon les chiffres des Nations unies. C’est l’une des plus grandes crises migratoires de l’histoire contemporaine.

Ceux qui restent font face à une érosion continue de leur pouvoir d’achat, à des pénuries récurrentes et à une inflation qui, même si elle n’est plus à quatre chiffres, reste parmi les plus élevées au monde.

Washington justifie son déploiement militaire

De l’autre côté de l’Atlantique, les États-Unis affirment que leur présence renforcée en mer des Caraïbes vise uniquement à lutter contre les trafics de drogue. Ils accusent le pouvoir vénézuélien de protéger certains cartels et de permettre le passage de stupéfiants vers l’Europe et l’Amérique du Nord.

Caracas, lui, y voit une menace directe contre sa souveraineté et une tentative déguisée de changement de régime, dans la lignée des pressions exercées depuis l’arrivée de Donald Trump au pouvoir en 2017 et poursuivies sous l’administration Biden.

Un discours d’indépendance hérité de Bolívar

Delcy Rodríguez a conclu sa présentation sur une note historique : « Nous avons hérité de notre indépendance une chose très claire : le Venezuela dit au monde qu’il est émancipé. »

Ce rappel à Simón Bolívar et à la lutte contre l’Espagne au XIXe siècle sert aujourd’hui de socle idéologique pour justifier la résistance face à ce que le gouvernement qualifie de « campagne de terreur psychologique » et de « déploiement dantesque » de forces étrangères.

Vers quelle issue en 2026 ?

Le budget 2026 sera débattu dans les prochaines semaines à l’Assemblée nationale, entièrement contrôlée par les partisans de Nicolás Maduro depuis les élections législatives de 2020, boycottées par l’opposition.

Dans ce contexte de confrontation ouverte, chaque dollar compte, chaque baril de pétrole compte, et chaque jour apporte son lot de déclarations incendiaires des deux côtés.

Le Venezuela parviendra-t-il à maintenir le cap d’une croissance naissante tout en faisant face à une pression extérieure maximale ? Ou ce nouveau budget, même réduit, ne sera-t-il qu’un pansement sur une économie toujours au bord du gouffre ?

L’année 2026 s’annonce, plus que jamais, comme un test décisif pour la survie du modèle chaviste dans un environnement régional et international de plus en plus hostile.

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.