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Faux Infirmier Obsédé par les Veines : Peine Maximale Requise

Imaginez confier votre bras pour une simple prise de sang... et réaliser trop tard que l’homme en face de vous y prend un plaisir sexuel intense. À Quimper, le procureur vient de requérir 5 ans ferme contre ce faux infirmier déjà condamné. Mais ses victimes seront-elles enfin protégées, ou la récidive est-elle inévitable ?

Vous êtes chez vous, une amie vous recommande un infirmier à domicile pour une simple analyse de sang. L’homme semble compétent, rassurant, presque trop poli. Quelques minutes plus tard, vous ressortez avec le bras endolori et une sensation diffuse d’avoir été manipulée. Ce scénario, des dizaines de femmes l’ont vécu en Bretagne sans savoir qu’elles alimentaient l’obsession sexuelle d’un imposteur.

Cinq ans de prison ferme requis à Quimper

Jeudi, au tribunal correctionnel de Quimper, le parquet a frappé fort. Le procureur Jean-Luc Lennon a demandé la peine maximale : cinq ans d’emprisonnement ferme à l’encontre de Nicolas Gonidec, 44 ans. Cet ancien entrepreneur et élu local est jugé pour agressions sexuelles, exercice illégal de la profession d’infirmier et obtention irrégulière de prélèvements sanguins.

Le jugement sera rendu le 8 janvier 2026, mais le ton est déjà donné : « Tous les voyants sont au rouge », a martelé le magistrat. Pour lui, la dangerosité de l’accusé ne fait aucun doute, surtout après une condamnation similaire en 2021 et une nouvelle enquête en cours à Lorient.

Une obsession qui remonte à l’enfance

Nicolas Gonidec l’a lui-même avoué : sa fascination pour les veines date de ses dix ans. Ce qui pouvait passer pour une curiosité d’enfant s’est transformé, au fil des années, en véritable paraphilie. Les piqûres, les prises de sang, les injections sont devenues pour lui une source d’excitation sexuelle intense.

Dès 2001, il avait déjà été sanctionné par un simple rappel à la loi pour des pratiques illégales. Vingt ans plus tard, en octobre 2021, il écopait de trois ans de prison, dont deux avec sursis, pour des faits comparables. Pourtant, rien n’a stoppé sa compulsion.

Même après sa condamnation, il a continué à prélever du sang sur sa nouvelle compagne, rencontrée en 2021, expliquant agir dans un « cadre privé » pour assouvir un « fantasme ». Une justification qui a fait bondir le procureur.

Un manipulateur qui inspirait confiance

Ce qui rend l’affaire particulièrement glaçante, c’est le profil de l’accusé. Ancien élu local, entrepreneur charismatique, Nicolas Gonidec était l’archétype de l’homme en qui on place sa confiance. Personne ne se méfiait quand il proposait des prises de sang à domicile.

Son mode opératoire était rodé : il inventait une prétendue étude médicale ou un protocole de recherche. Les femmes acceptaient, pensant rendre service à la science. Une fois isolées, elles se retrouvaient sous l’emprise d’un homme qui multipliait les prélèvements, parfois jusqu’à sept tubes par séance.

Pour certaines, l’expérience allait plus loin. Sous prétexte de techniques de relaxation, il proposait des massages censés déclencher un « orgasme thérapeutique ». Huit victimes ont décrit des caresses sur les seins et des attouchements génitaux non consentis.

« Le fondement essentiel du comportement du prévenu est le mobile sexuel. La prise de sang, la vaccination sont pour lui une source de plaisir et d’excitation sexuelle. »

L’expertise psychiatre présentée à l’audience

Des victimes piégées par la machination

Le procureur a insisté sur la « machination » mise en place. Chaque étape était pensée pour endormir la vigilance : fausses explications scientifiques, discours rassurant, cadre apparemment professionnel. Les femmes se retrouvaient engagées dans un protocole qu’elles n’avaient jamais vraiment souhaité.

Beaucoup n’ont compris qu’après coup la dimension sexuelle de ces actes. Certaines ont mis des années avant de porter plainte, rongées par la honte ou le doute. Une victime a même obtenu un non-lieu, et deux autres ont vu leurs témoignages contestés par la défense.

Pour l’avocat des parties civiles, Me David Pavec, on assiste à une véritable « vampirisation ». Sur plus de vingt ans, des dizaines de femmes ont subi des prélèvements massifs, parfois à une échelle quasi industrielle.

La défense plaide la clémence, en vain ?

Me Yann Le Roux, conseil de Nicolas Gonidec, a tenté de nuancer. Selon lui, seule une minorité de victimes a subi des actes à caractère sexuel. L’obsession principale reste les piqûres en elles-mêmes, pas forcément les agressions sexuelles.

L’avocat a aussi souligné que son client respecte scrupuleusement les obligations de son sursis probatoire. Mais il a déploré que la parole de l’accusé soit systématiquement discréditée : quand il conteste, on le lui reproche ; quand il reconnaît, on doute de sa sincérité.

Une argumentation qui n’a visiblement pas convaincu le parquet. Pour le procureur, la condamnation de 2021 n’a servi à rien : il faut frapper plus fort pour protéger la société.

Une dangerosité confirmée par les experts

L’expertise psychiatrique a été accablante. Les spécialistes parlent d’une personnalité perverse, manipulatrice, avec un risque élevé de récidive. L’obsession est profondément ancrée et n’a pas diminué malgré les sanctions précédentes.

Le fait qu’une nouvelle enquête soit ouverte à Lorient, pour des faits postérieurs à la condamnation de 2021, renforce cette analyse. Nicolas Gonidec semble incapable de s’arrêter, même quand il sait que la justice le surveille.

Cette répétition des comportements, malgré les alertes et les peines, pose une question de société : comment protéger les femmes d’un prédateur qui utilise la confiance médicale comme arme ?

Les conséquences sur les victimes

Au-delà des faits eux-mêmes, c’est la violence psychologique qui marque. Beaucoup de femmes ont décrit un sentiment de trahison profonde. Confier son corps pour un acte médical censé être neutre, et découvrir qu’il a servi à satisfaire un fétichisme, laisse des traces durables.

Certaines ont développé une phobie des prises de sang. D’autres remettent en question leur capacité à faire confiance aux professionnels de santé. Le procès a au moins permis à plusieurs de mettre des mots sur ce qu’elles avaient vécu.

Leur courage à témoigner, malgré la difficulté à parler d’attouchements dans un contexte médical, a été salué par le tribunal. Elles espèrent maintenant une condamnation exemplaire.

Vers une prise de conscience plus large ?

Cette affaire révèle une faille inquiétante : celle de l’exercice illégal de la médecine dans des cadres privés. Quand un individu parvient à se faire passer pour un professionnel pendant plus de vingt ans, c’est tout le système de contrôle qui est mis en cause.

Elle interroge aussi sur la reconnaissance des paraphilies liées aux actes médicaux. Longtemps minimisées ou méconnues, ces déviances peuvent causer des dommages considérables quand elles s’expriment dans la durée.

Le 8 janvier 2026, le tribunal devra trancher. Une peine lourde pourrait envoyer un signal fort : la récidive, surtout dans un contexte sexuel, ne sera plus tolérée. En attendant, des dizaines de femmes gardent en mémoire le visage de celui qui a transformé un geste médical banal en cauchemar intime.

Cette histoire nous rappelle cruellement qu’un uniforme ou un discours rassurant ne suffisent pas. La vigilance reste le meilleur rempart contre ceux qui détournent la confiance à des fins inavouables.

À retenir : Ce procès met en lumière une forme rare mais particulièrement perverse d’agression sexuelle, où l’acte médical devient le vecteur d’une satisfaction érotique. La répétition des faits malgré les condamnations précédentes illustre la difficulté à traiter certaines paraphilies quand elles sont profondément enracinées.

En suivant ce dossier jusqu’à son dénouement, on mesure l’importance d’une justice ferme face à la récidive. Les victimes, elles, attendent surtout de pouvoir tourner la page.

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