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Accident Mortel à Alès : Trois Jeunes Périssent, Naël 14 Ans au Volant

À Alès, une voiture finit dans une piscine : trois morts, dont Naël, 14 ans, au volant. Protoxyde d’azote, cannabis, casiers déjà chargés… Son cousin redoute « un deuxième Nahel ». La ville est-elle au bord de l’explosion ?

Il est un peu plus de 5 h 45, ce mercredi 3 décembre 2025, quand un riverain d’Alès découvre l’impensable : une voiture gît sur le toit au fond de sa piscine. À l’intérieur, trois corps sans vie. Les victimes ? Des adolescents de 14 et 15 ans, et un jeune majeur de 19 ans. Le plus jeune, Naël, était au volant. L’histoire pourrait s’arrêter à un terrible accident de la route… mais elle charrie avec elle tout un faisceau de réalités brutales que la France préfère parfois ne pas regarder en face.

Un accident aux circonstances surréalistes

Le véhicule, une berline banalisée, a quitté la chaussée dans des conditions encore floues, franchi un muret, traversé un jardin et terminé sa course renversé dans le bassin d’une maison individuelle. La profondeur – plus d’1,50 mètre – et la position sur le toit ont rendu impossible l’ouverture des portières. Les trois occupants sont morts noyés, prisonniers de leur cage d’acier.

Quatre bonbonnes de protoxyde d’azote d’un litre, plusieurs bouteilles d’alcool et du cannabis ont été retrouvés à bord. Selon les premières constatations, le jeune conducteur de 14 ans aurait consommé du « gaz hilarant » peu avant les faits. Un cocktail explosif pour un pilote qui n’avait même pas l’âge légal de passer le code de la route.

Des profils déjà très lourdement marqués

Ce qui choque davantage encore, c’est le parcours judiciaire des victimes. Le jeune de 19 ans était connu des services de police locaux pour trafic de stupéfiants. L’adolescent de 15 ans sortait tout juste d’une garde à vue, le week-end précédent, pour des faits similaires. Placé sous la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), il avait fugué et faisait l’objet d’un signalement actif dans le fichier des personnes recherchées.

Quant à Naël, 14 ans, conducteur cette nuit-là, son casier n’était pas vierge non plus. Trois jeunes, trois parcours déjà abîmés, trois vies fauchées en pleine course folle.

« L’adolescent de 15 ans avait été interpellé pas plus tard que le week-end dernier à Alès sur un point de deal »

Abdelkrim Grini, procureur de la République d’Alès

« Ici, c’est une poudrière »

Le prénom Naël, deux ans après l’affaire Nahel Merzouk à Nanterre, a immédiatement fait bondir les réseaux. Un cousin du jeune conducteur, interviewé dans la journée, a tenté d’éteindre l’incendie avant même qu’il ne prenne :

« Ici c’est une poudrière. Ça risque de faire un “deuxième Nahel” comme à Paris. On veut éviter ça à tout prix. »

Cette phrase, lourde de sens, résume le climat tendu qui règne dans certains quartiers. La peur d’un embrasement national plane dès qu’un jeune portant ce prénom trouve la mort dans des circonstances impliquant les forces de l’ordre… ou même sans. Car ici, aucun policier n’est en cause. Juste une voiture, une piscine et une jeunesse déjà perdue.

Le protoxyde d’azote, ce fléau qui ne désarme pas

Longtemps considéré comme une mode passagère, le « proto » continue de faire des ravages. Interdit à la vente aux mineurs depuis 2021, il reste facilement accessible via les réseaux sociaux ou certains commerces peu regardants. Ses effets euphorisants immédiats en font un produit particulièrement prisé des plus jeunes.

Les risques ? Perte de conscience brutale, désorientation, accidents de la route… et parfois, la mort. Les bonbonnes retrouvées dans l’habitacle témoignent d’une consommation massive, probablement juste avant ou pendant le trajet.

  • 2023 : plus de 10 décès liés au protoxyde d’azote recensés en France
  • 2024 : hausse de 40 % des hospitalisations de mineurs pour intoxication
  • 2025 : la tendance ne faiblit pas malgré les campagnes de prévention

Conduite sans permis dès 14 ans : symptôme d’une délinquance précoce

En France, l’âge minimum pour conduire accompagné est de 15 ans, et 18 ans pour le permis B. Voir un enfant de 14 ans au volant d’une voiture puissante, de nuit, sous emprise, pose une question brutale : comment en est-on arrivé là ?

Dans certains quartiers, la voiture volée ou « prêtée » est devenue un rite de passage. Un symbole de virilité, un moyen de transport pour le trafic, un jouet mortel. Les rodéos urbains et les refus d’obtempérer se multiplient, avec des conducteurs de plus en plus jeunes.

Les forces de l’ordre, débordées, peinent à endiguer le phénomène. Les sanctions, quand elles existent, paraissent dérisoires face à l’absence totale de peur.

Une jeunesse sacrifiée sur l’autel de la drogue

Trois jeunes connus pour trafic de stupéfiants. Trois jeunes morts dans une voiture remplie de drogue et de proto. Le lien est glaçant. Le deal, dès le collège, n’est plus une exception. Dans certaines cités, il est devenu la norme pour une partie de la jeunesse.

Les « chouf », « guetteurs », « charbonneurs » ont parfois à peine 12 ou 13 ans. Recrutés par des réseaux structurés, ils gagnent en quelques heures ce que leurs parents ne touchent pas en un mois. Le prix à payer ? Une espérance de vie écourtée et une descente inexorable.

Le cas du jeune de 15 ans, déjà en fugue après une garde à vue, illustre parfaitement l’impuissance du système. La PJJ, sous-dotée, ne peut suivre des centaines de mineurs à risque. Les foyers saturés, les éducateurs épuisés, les juges débordés : tout concourt à laisser ces gamins livrés à eux-mêmes.

Alès, ville tranquille ébranlée

Alès, sous-préfecture du Gard, n’a pas l’image d’une zone de non-droit comme certaines banlieues parisiennes ou marseillaises. Pourtant, les quartiers populaires concentrent les mêmes maux : chômage massif des jeunes, trafic florissant, sentiment d’abandon.

La sortie de collège où était scolarisé Naël est restée quasi muette hier. Quelques élèves, choqués, murmuraient à peine. Les professeurs, eux, ne sont pas surpris. Ils voient passer ces gamins « déjà partis », absents en cours, téléphone greffé à la main, regard vide.

Vers un nouvel embrasement ?

La phrase du cousin – « une poudrière » – résonne comme un avertissement. Même si l’accident n’implique pas la police, le prénom Naël suffit à rallumer la mèche médiatique et les tensions latentes. Sur les réseaux, certains appellent déjà à « venger » le jeune conducteur. D’autres, au contraire, dénoncent l’instrumentalisation à venir.

Pour l’instant, Alès reste calme. Mais chacun retient son souffle. Personne n’a oublié les émeutes de 2023, parties de Nanterre pour gagner toute la France. Un simple accident peut-il, à nouveau, mettre le feu aux poudres ?

Et maintenant ?

Cet accident tragique pose, une fois de plus, les questions que personne n’ose traiter en profondeur :

  • Comment reprendre la main sur la vente de protoxyde d’azote ?
  • Comment protéger des mineurs déjà englués dans le trafic ?
  • Comment redonner un avenir à une jeunesse qui ne croit plus en rien ?
  • Comment éviter que la mort d’un enfant de 14 ans ne devienne un détonateur national ?

Trois cercueils blancs sortiront bientôt de l’institut médico-légal. Trois familles brisées. Trois trajectoires interrompues. Et une société qui, une nouvelle fois, regarde ailleurs.

Naël, 14 ans, voulait peut-être juste « faire le fou » avec ses copains. Il a fini au fond d’une piscine, entouré de bonbonnes vides. Son histoire est celle d’une génération entière qui se noie – avec ou sans eau.

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