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Rencontre Sheinbaum-Trump : Le Mondial 2026 Sauvera-t-il l’ACEUM ?

Ce vendredi, avant le tirage au sort du Mondial 2026, Claudia Sheinbaum s’assoit à la même table que Donald Trump. L’ACEUM vacille, les menaces de taxes planent… Cette rencontre peut-elle tout changer ? La réponse risque de vous surprendre.

Imaginez la scène : trois dirigeants autour d’une même table, un trophée de Coupe du monde en arrière-plan, et des milliards de dollars de commerce en jeu. Ce vendredi, à Washington, juste avant le tirage au sort du Mondial 2026, la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum va rencontrer Donald Trump et le Premier ministre canadien Mark Carney. Derrière les sourires protocolaires se cache une partie d’échecs géante pour l’avenir de l’accord commercial nord-américain.

Un Mondial à trois pour sauver un accord à trois

Le Mexique, les États-Unis et le Canada organisent ensemble la Coupe du monde 2026, une première historique. Mais ce qui devait être une célébration sportive risque de se transformer en arène diplomatique. Claudia Sheinbaum l’a annoncé elle-même lors de sa conférence de presse matinale : la rencontre portera essentiellement sur les relations commerciales entre les trois pays.

Pourquoi maintenant ? Parce que l’ACEUM, cet accord de libre-échange qui lie les trois nations depuis 2020, arrive à un tournant décisif. Sa clause de révision obligatoire est prévue pour janvier prochain. Et Donald Trump, de retour à la Maison Blanche, n’a jamais caché son intention de remettre tout sur la table.

L’ACEUM ne « expire » pas… mais il tremble

Mercredi soir, depuis la Maison Blanche, Donald Trump a déclaré sans détour que l’accord « expire bientôt » et qu’il pourrait tout simplement le laisser mourir ou en négocier un nouveau, plus favorable aux États-Unis. Réponse immédiate de Claudia Sheinbaum le lendemain matin : « Ce n’est pas vrai que l’accord expire l’année prochaine. »

« L’accord commercial nord-américain est très important pour les trois pays. C’est la garantie de la compétitivité de cette région. »

Claudia Sheinbaum, présidente du Mexique

Techniquement, la présidente mexicaine a raison. L’ACEUM ne disparaît pas automatiquement. Mais sa clause de révision ouvre la porte à une renégociation complète si l’un des partenaires le souhaite. Et Trump, on le sait, adore brandir cette menace.

Le football comme levier diplomatique

Claudia Sheinbaum ne s’y trompe pas. La veille de l’annonce de la rencontre, elle présentait déjà le tirage au sort du Mondial comme une « opportunité pour montrer que le pacte commercial entre les trois pays hôtes progresse toujours ». Utiliser le football comme symbole d’unité nord-américaine, voilà une carte habile dans un contexte de tensions commerciales.

Car le Mondial 2026, c’est bien plus qu’un événement sportif. C’est un projet à plusieurs dizaines de milliards de dollars, avec des infrastructures partagées, des sponsors communs, et surtout une image d’Amérique du Nord unie face au reste du monde. Difficile pour Trump de saboter publiquement un accord quand les trois pays s’apprêtent à accueillir ensemble la plus grande Coupe du monde de l’histoire.

Les chiffres qui font mal au Mexique

Pour comprendre l’urgence mexicaine, il faut regarder les chiffres. Plus de 80 % des exportations mexicaines partent vers les États-Unis. L’économie mexicaine vit littéralement au rythme des décisions prises à Washington. Et depuis le retour de Trump en janvier 2025, les signaux sont inquiétants.

Le président républicain a imposé des surtaxes sur les importations mondiales d’acier et d’aluminium, y compris sur certains alliés. Seule exception notable : les produits couverts par l’ACEUM. Pour l’instant. Car rien ne garantit que cette exemption perdure si l’accord est renégocié ou abandonné.

Impact potentiel d’une taxe généralisée sur les exportations mexicaines :
• Perte estimée à plusieurs dizaines de milliards de dollars par an
• Menace directe sur l’industrie automobile (premier poste d’exportation)
• Risque de récession au Mexique en 2026
• Hausse des prix pour les consommateurs américains

Le deal silencieux qui tient encore

Depuis son arrivée au pouvoir, Claudia Sheinbaum a réussi un exploit : convaincre Trump de ne pas imposer de taxe généralisée sur les produits mexicains. Comment ? En échange, le Mexique a déployé des milliers de militaires à la frontière et multiplié les arrestations liées au trafic de drogue et à la migration irrégulière.

Un pacte fragile, mais qui tient. Pour l’instant. Car Trump a montré par le passé qu’il pouvait changer d’avis du jour au lendemain. La rencontre de vendredi sera donc un test grandeur nature : Sheinbaum parviendra-t-elle à transformer l’élan du Mondial 2026 en bouclier commercial durable ?

Le Canada dans l’équation

On parle beaucoup du face-à-face Mexique/États-Unis, mais le Canada est loin d’être un spectateur passif. Deuxième partenaire commercial des États-Unis, premier fournisseur d’acier et d’aluminium pour l’industrie automobile américaine, Ottawa a tout intérêt à préserver l’ACEUM tel quel.

Mark Carney, avec son passé de banquier central et sa réputation de pragmatique, pourrait jouer les médiateurs. D’autant que le Canada a déjà subi les foudres de Trump lors de la renégociation de l’ALENA en 2018. L’expérience est là. Et la volonté de ne pas revivre le cauchemar non plus.

Ce qui pourrait se jouer vendredi

Officiellement, la rencontre est informelle, en marge du tirage au sort. Mais dans les coulisses, plusieurs scénarios circulent :

  • Un engagement symbolique des trois dirigeants à préserver l’esprit de coopération nord-américaine, avec le Mondial comme étendard
  • Une déclaration commune sur la nécessité de moderniser l’ACEUM sans le démanteler
  • Ou, au contraire, l’annonce de l’ouverture officielle de négociations pour un « ACEUM 2.0 » selon les termes de Trump

Dans tous les cas, cette rencontre marquera un tournant. Car derrière le ballon rond, c’est l’avenir économique de tout un continent qui se joue.

Et quelque part, entre les sourires pour les photographes et les poignées de main devant le trophée de la Coupe du monde, trois dirigeants savent que l’enjeu dépasse largement le sport. C’est toute la compétitivité de l’Amérique du Nord face à la Chine, à l’Europe et au reste du monde qui est en jeu.

Vendredi, le monde regardera le tirage au sort. Mais ceux qui comprennent vraiment les enjeux regarderont surtout les regards échangés entre Sheinbaum, Trump et Carney. Car c’est là, dans ces silences et ces sourires calculés, que se dessine l’avenir commercial de trois nations et de centaines de millions d’habitants.

Le football unit. La politique divise. Reste à savoir laquelle des deux l’emportera ce vendredi à Washington.

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