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Barcelone sonne le glas des meublés touristiques

Barcelone met un terme aux meublés touristiques dès 2028 pour faciliter l'accès au logement des habitants. Une décision courageuse qui suscite la colère du secteur mais pourrait inspirer d'autres villes touristiques confrontées à la crise du logement. Airbnb et consorts sont-ils les nouveaux ennemis publics ?

C’est une petite révolution qui se profile à Barcelone. La capitale catalane, l’une des destinations touristiques les plus prisées d’Europe, a décidé de s’attaquer frontalement à la prolifération des meublés touristiques. Le maire Jaume Collboni a en effet annoncé fin juin qu’il ne renouvellerait pas les licences des quelque 10 000 appartements actuellement loués aux visiteurs via des plateformes comme Airbnb. À partir de novembre 2028, ce sera l’hôtel ou rien pour les millions de touristes affluant chaque année. Une décision radicale mais nécessaire selon la municipalité, déterminée à faciliter l’accès au logement des Barcelonais.

Le logement, victime collatérale du tourisme de masse

Comme beaucoup de métropoles attractives, Barcelone subit de plein fouet les effets pervers du tourisme de masse. L’explosion des locations saisonnières, dopée par le succès des plateformes en ligne, a largement contribué à aggraver la pénurie de logements abordables pour les habitants. Face à la rentabilité des meublés touristiques, de nombreux propriétaires privilégient désormais cette option plutôt que la location classique à l’année. Résultat : une raréfaction de l’offre et une flambée des loyers dans les quartiers les plus prisés, poussant une partie de la population locale à l’exil en périphérie.

Nous sommes d’accord sur le constat : il y a un problème d’accès au logement.

– Jaume Collboni, maire de Barcelone

Pour enrayer le phénomène, la mairie avait déjà durci la réglementation des meublés touristiques ces dernières années, en gelant l’attribution de nouvelles licences et en sanctionnant les locations illégales. Mais cela n’a pas suffi. D’où cette décision radicale d’éteindre définitivement le robinet en 2028, à l’échéance des autorisations en cours.

Les professionnels du tourisme s’insurgent

Sans surprise, l’annonce a provoqué un tollé chez les acteurs du secteur. Les plateformes de réservation comme Airbnb et les associations de propriétaires crient à l’injustice et à la stigmatisation. Ils accusent la mairie de faire d’eux les boucs émissaires d’une crise du logement qui a d’autres causes, à commencer par le manque d’investissement public et la spéculation immobilière. Et mettent en garde contre l’impact économique d’une telle mesure, qui priverait la ville de précieux revenus touristiques.

Mais pour l’instant, la municipalité campe sur ses positions. Soutenue par le gouvernement espagnol, elle veut faire de Barcelone un laboratoire et un modèle en matière de régulation des locations saisonnières. Un pari risqué mais qui pourrait inspirer d’autres villes confrontées aux mêmes défis, de Paris à Amsterdam en passant par Berlin ou Lisbonne.

Vers un nouveau modèle touristique ?

Au-delà de la polémique, cette décision interroge sur la place du tourisme dans nos villes et son articulation avec le droit au logement. Comment concilier l’attractivité touristique, source de richesses et d’emplois, avec la qualité de vie des habitants ? Faut-il choisir entre accueillir les visiteurs et loger décemment les locaux ?

Plutôt qu’une opposition frontale, c’est sans doute vers un meilleur équilibre qu’il faut tendre. Un tourisme plus qualitatif et mieux régulé, respectueux des habitants et de l’identité des quartiers. Des politiques de logement ambitieuses, favorisant la mixité sociale et freinant la spéculation. Un aménagement repensé pour désengorger les zones saturées et mieux répartir les flux.

Autant de défis majeurs pour les villes du XXIe siècle, dont Barcelone pourrait être, pour le meilleur ou pour le pire, le prochain laboratoire grandeur nature. En attendant 2028, les débats risquent d’être animés sur les ramblas et dans les barrios de la capitale catalane.

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