Imaginez envoyer 150 000 euros à un fournisseur à Dubaï un vendredi soir et voir l’argent crédité en 8 secondes, sans frais exorbitants ni attente le lundi matin. Ce scénario, qui relève encore du rêve pour la plupart des entreprises, pourrait devenir réalité dès l’année prochaine grâce à une petite startup fondée par deux anciens quants de Citadel.
Fin, la nouvelle menace qui fait trembler les géants bancaires
Ian Krotinsky et Aashiq Dheeraj ne sont pas des inconnus dans la finance. Ces deux anciens employés de Citadel, le fonds spéculatif le plus redouté de Wall Street, viennent de boucler une levée de fonds de 17 millions de dollars pour lancer Fin, une application de paiement basée sur les stablecoins. Pantera Capital mène le tour, accompagné de Sequoia Capital et Samsung Next – un casting qui en dit long sur le potentiel perçu.
Leur promesse est simple mais explosive : permettre à n’importe qui d’envoyer des montants importants à l’international quasi instantanément, avec des frais dérisoires, que le destinataire soit sur un compte bancaire classique, un wallet crypto ou directement sur l’application Fin.
L’anecdote qui a tout déclenché
Tout a commencé par un side-project un peu fou. Pendant leur temps libre chez Citadel, Ian et Aashiq avaient créé une plateforme communautaire style Reddit. Lorsqu’un utilisateur atteignait la première page, ils voulaient le récompenser financièrement… et là, drame : envoyer quelques centaines de dollars à l’étranger s’est révélé un cauchemar administratif et coûteux.
Cette frustration personnelle est devenue le cœur de Fin. Ils se sont dit : « Si même les quants les mieux payés du monde galèrent avec les virements internationaux, alors imaginez les PME ou les commerçants de luxe ».
« Nous voulons créer l’application de paiement du futur : il exploite tous les avantages des stablecoins sans la complexité technique, et il fonctionnera partout dans le monde. »
Ian Krotinsky, co-fondateur de Fin
Comment Fin fonctionne-t-il concrètement ?
L’application repose sur les rails des stablecoins (USDC, USDT, etc.) pour le transfert, mais cache toute la complexité crypto à l’utilisateur. Vous ouvrez l’app, vous scannez un QR code ou entrez un RIB, vous choisissez le montant, et c’est parti.
Le destinataire reçoit l’argent :
- Directement sur son compte bancaire (convertissement automatique)
- Sur son wallet crypto
- Ou sur son compte Fin (instantané et gratuit entre utilisateurs Fin)
Le modèle économique ? Des frais de transaction très faibles (largement inférieurs aux 3-7 % des banques classiques) et une partie des intérêts générés par les stablecoins déposés dans les wallets Fin.
Un marché en pleine explosion
Le timing est presque trop parfait. Pendant que Fin peaufine son produit, le monde entier semble se réveiller sur les stablecoins :
- Dix grandes banques européennes préparent un stablecoin euro pour mi-2026
- Sony Bank lancera un stablecoin USD dès 2026 pour ses activités gaming/anime
- La FDIC (États-Unis) publiera ses premières règles sur les stablecoins ce mois-ci)
- Citadel Securities lui-même a investi dans une plateforme crypto et participé à une levée de Ripple
Tous ces signaux montrent que les stablecoins passent du stade « crypto native crypto » au stade « infrastructure financière sérieuse ».
Pourquoi les banques devraient avoir peur
Les fondateurs de Fin ne se positionnent pas contre Revolut, Wise ou PayPal. Leur cible, ce sont les grandes banques commerciales et leurs systèmes SWIFT datés des années 70.
Ian Krotinsky l’a dit sans détour : « Les grandes banques ont mal conçu leurs produits de paiement depuis le début. Elles vont avoir énormément de mal à migrer leurs systèmes existants vers les stablecoins. Nous, nous partons d’une feuille blanche. »
Exemple concret : un marchand de montres de luxe suisse qui vend une Rolex à 80 000 € à un client chinois. Aujourd’hui, il attend 3 à 5 jours ouvrés et paie plusieurs centaines d’euros de frais. Avec Fin, c’est réglé en quelques secondes pour une fraction du coût.
Prochaines étapes pour Fin
La startup lancera un programme pilote dès le mois prochain avec des entreprises d’import-export. L’objectif : valider le produit sur des flux réels à forte valeur ajoutée avant une ouverture plus large.
Les fondateurs restent discrets sur la roadmap exacte, mais laissent entendre que des intégrations avec des plateformes e-commerce et des marketplaces de luxe sont déjà en discussion.
Une ambition démesurée… mais crédible ?
Quand on demande à Ian Krotinsky où il voit Fin dans cinq ans, la réponse fuse : « Je pense que nous avons l’opportunité de devenir la prochaine plus grande application de paiement au monde. Les gens vont être surpris de la vitesse à laquelle nous allons y arriver. »
Avec 17 millions en caisse, une équipe technique venue de l’un des meilleurs fonds quant du monde et un marché qui explose, l’ambition semble moins folle qu’elle n’y paraît.
Une chose est sûre : 2026 risque d’être l’année où les stablecoins passeront définitivement dans le grand public. Et Fin compte bien être au premier rang de cette révolution.
Le futur des paiements est en train de s’écrire sous nos yeux
Des quants de Citadel aux géants bancaires européens, tout le monde se prépare à la même bataille : celle du transfert d’argent instantané, global et peu coûteux.
Et pour une fois, ce ne sont pas les banques qui partent favorites.
Restera à voir si Fin parviendra à transformer cette levée de fonds en domination du marché. Mais une chose est certaine : le monde des paiements internationaux ne sera plus jamais le même.









