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Foissiat : Une Maison Mitraillée à l’Arme Automatique en Pleine Nuit

Ce lundi 1er décembre à 6h du matin, dans le petit village de Foissiat (Ain), des rafales d’arme automatique ont déchiqueté la porte d’entrée d’une maison où dormaient plusieurs enfants. Trois hommes ont été interpellés, mais les motivations restent floues. Comment une telle scène de guerre a-t-elle pu se produire en pleine Bresse ?

Il est 6 heures du matin, le 1er décembre 2025. Dans le lotissement des Chênes à Foissiat, un village de 1 200 âmes niché au cœur de la Bresse bourguignonne, le silence glacial de l’hiver est soudainement déchiré par des détonations sèches et répétées. Des rafales. Une arme automatique. Une maison familiale vient de devenir la cible d’un véritable commando.

Quand la guerre débarque dans un village de carte postale

Personne n’aurait pu imaginer une seconde imaginer une telle scène ici. Foissiat, c’est ce genre de commune où l’on se connaît tous, où les tracteurs croisent les cyclistes sur des routes bordées de haies et d’étangs, où le plus grand événement de l’année reste la vogue annuelle. Et pourtant, ce matin-là, la réalité a rattrapé la fiction la plus sombre.

Les projectiles ont traversé la porte d’entrée comme du papier. Certains sont allés se ficher dans le mur du salon, d’autres dans la marche de l’escalier menant à l’étage. À l’intérieur, une famille entière – dont plusieurs enfants – dormait encore. Le réveil a été brutal. Littéralement.

« On aurait dit une scène de film. J’ai cru à un cauchemar »

Un riverain encore sous le choc, cité anonymement

Une exécution méthodique en pleine nuit

Tout laisse penser que les tireurs savaient exactement où frapper. Le choix de l’heure – juste avant l’aube –, l’utilisation d’une arme de guerre, la précision des impacts : rien ne semble avoir été laissé au hasard. Les douilles retrouvées sur place confirment l’usage d’un fusil d’assaut, probablement du calibre 7,62 × 39 mm, le même que celui des célèbres kalachnikovs qui inondent désormais le marché noir français.

Les habitants du lotissement décrivent une séquence terrifiante : plusieurs salves courtes et nerveuses, puis le vrombissement d’un moteur qui s’emballe, un choc violent – une voiture qui termine sa course dans le fossé – et enfin le silence, seulement troublé par les pleurs et les cris des voisins réveillés en sursaut.

En quelques minutes, la quiétude bressane a basculé dans l’effroi. Des parents ont dû expliquer à leurs enfants que les « gros pétards » qu’ils avaient entendus n’en étaient pas. Que c’était bien réel. Que des gens avaient voulu tuer, ou du moins terroriser, une famille entière.

Trois suspects rapidement interpellés

La réponse des forces de l’ordre a été immédiate. Les gendarmes de la compagnie de Bourg-en-Bresse, renforcés par la brigade de recherche, ont bouclé le secteur avant même que le soleil ne se lève. Un véhicule accidenté, retrouvé à quelques centaines de mètres, portait encore les stigmates de la fuite précipitée : pare-chocs arraché, traces de sang sur le volant, et surtout une odeur âcre de poudre qui ne trompait pas.

Trois hommes ont été interpellés dans la matinée. Des individus déjà connus des services de police, selon plusieurs sources concordantes, mais dont l’identité reste protégée par le secret de l’instruction. Les perquisitions menées à leurs domiciles respectifs, dans l’agglomération de Bourg-en-Bresse et au-delà, ont permis de saisir des éléments compromettants : téléphones portables, vêtements tachés, et peut-être davantage.

Un règlement de comptes qui dépasse le village

Si le parquet de Bourg-en-Bresse reste muet – « pour les besoins de l’enquête » –, les langues se délient dans le village. Très vite, le mot « règlement de comptes » circule. Trafic de stupéfiants ? Dette non honorée ? Conflit personnel qui aurait dégénéré ? Les hypothèses fusent, mais aucune n’est officiellement confirmée.

Ce qui est certain, c’est que ce type d’expédition punitive n’a plus rien d’exceptionnel en France. Ce qui choque ici, c’est le lieu. On associe généralement ces scènes aux cités sensibles de Lyon, Marseille ou Paris. Pas à un lotissement pavillonnaire entouré de champs de maïs et de poulaillers.

Évolution effrayante : en dix ans, le nombre d’affaires impliquant des armes de guerre en France a été multiplié par six selon les statistiques officielles du ministère de l’Intérieur. Les kalachnikovs, autrefois réservées aux conflits balkaniques, sont devenues l’outil banal du grand banditisme hexagonal.

La peur change de camp

Depuis l’attentat, le village vit au ralenti. Les enfants sont gardés à la maison. Les volets restent fermés dès la tombée de la nuit. Certains habitants parlent déjà de déménager. « On n’est plus en sécurité nulle part », confie une mère de famille, les larmes aux yeux.

Le maire, contacté dans la journée, a convoqué une réunion publique exceptionnelle. Il promet des caméras de vidéosurveillance supplémentaires, un renforcement des patrouilles de gendarmerie, et surtout des réponses. Mais dans les regards, on lit surtout l’incompréhension. Comment en est-on arrivé là ?

Un symptôme d’une France qui se fracture

Ce mitraillage de Foissiat n’est pas un accident isolé. Il s’inscrit dans une série inquiétante d’incidents similaires ces dernières années en zone rurale : fusillades à Saint-Trivier-de-Courtes en 2023, expédition punitive à Montrevel-en-Bresse en 2024, tirs sur une mairie à Viriat l’an dernier… La violence, autrefois cantonnée aux grandes agglomérations, gangrène désormais jusqu’aux territoires les plus reculés.

Et le mode opératoire est toujours le même : rapidité, puissance de feu, impunité apparente. Comme si une partie de la criminalité organisée n’avait plus peur de rien. Ni des gendarmes, ni des témoins, ni même des enfants qui pourraient se trouver dans la ligne de mire.

Ce qui s’est passé à Foissiat est un révélateur brutal : la France rurale, longtemps préservée, paie aujourd’hui le prix d’une délinquance qui n’a plus de frontières. Et tant que les trafics prospéreront, tant que les armes circuleront librement sur le darknet ou via les filières balkaniques, ces scènes de guerre risquent de se multiplier, même au milieu des poules et des clochers.

À l’heure où j’écris ces lignes, l’enquête se poursuit. Les trois suspects sont toujours en garde à vue. La famille visée, traumatisée, a été relogée. Et le village de Foissiat, lui, tente de se relever. Mais la trace des impacts dans le mur du salon, elle, restera longtemps. Comme un rappel que la barbarie n’a plus besoin de raison pour frapper. Elle frappe, c’est tout.

Et demain, ce sera peut-être chez vous.

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