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Jack Smith Convoqué à Huis Clos par le Congrès

Le 17 décembre, Jack Smith, l’homme qui a traqué Donald Trump pendant des années, va enfin parler au Congrès… mais à huis clos. Pourquoi les républicains refusent-ils l’audience publique qu’il réclame depuis un mois ? Ce qui se prépare derrière les portes fermées pourrait tout changer.

Imaginez l’homme qui a passé des années à construire deux dossiers explosifs contre Donald Trump, obligé de témoigner dans l’ombre, loin des caméras, alors qu’il demande depuis des semaines à pouvoir s’exprimer devant tout le pays.

C’est exactement ce qui attend Jack Smith le 17 décembre prochain.

Le procureur spécial, devenu l’une des cibles favorites du président élu, a accepté de répondre à la convocation du Congrès… mais uniquement à huis clos. Une décision qui fait déjà bondir les démocrates et qui soulève une question brûlante : qu’ont donc les républicains à cacher ?

Une audition très attendue… mais verrouillée

Jim Jordan, président républicain de la puissante commission des Affaires judiciaires de la Chambre des représentants, a officiellement convoqué Jack Smith par une lettre rendue publique mercredi.

Le ton est sec, presque militaire : la commission estime que l’ancien procureur spécial détient des « informations vitales » pour sa mission de contrôle. Aucune précision supplémentaire. Le message est clair : on veut des réponses, mais pas devant les Américains.

Pourtant, depuis plus d’un mois, Jack Smith et son avocat répètent la même chose : il est prêt à venir. Publiquement. Devant les caméras. Devant le pays entier.

Pourquoi refuser la transparence réclamée ?

Jamie Raskin, le chef de file démocrate de la commission, n’a pas mâché ses mots. Pour lui, cette audition à huis clos n’a qu’un seul but : permettre aux républicains de « manipuler, déformer et sélectionner » les déclarations de Jack Smith à leur guise, via des fuites savamment orchestrées dans la presse.

« De quoi nos collègues ont-ils si peur ? »

Jamie Raskin, représentant démocrate

L’avocat de Jack Smith a été encore plus direct dans son communiqué : « Nous sommes déçus que cette proposition ait été rejetée et que les Américains se voient privés de la possibilité d’entendre directement ce que Jack a à dire. »

Le choix du huis clos apparaît d’autant plus troublant que Jack Smith n’a plus rien à protéger : les deux procédures fédérales qu’il menait contre Donald Trump ont été abandonnées après l’élection de novembre 2024.

Retour sur les deux dossiers explosifs abandonnés

Pour comprendre l’ampleur de ce qui se joue, il faut revenir quelques mois en arrière.

Jack Smith dirigeait deux enquêtes fédérales majeures contre l’ancien et futur président des États-Unis :

  • La tentative présumée d’inverser les résultats de l’élection de 2020
  • La rétention illégale de documents classifiés après son départ de la Maison Blanche

En novembre 2024, quelques jours seulement après la victoire de Donald Trump, le ministère de la Justice a ordonné l’arrêt des deux procédures. Motif invoqué : la règle, en vigueur depuis le scandale du Watergate, qui interdit de poursuivre pénalement un président en exercice.

Une situation inédite qui a forcé Jack Smith à classer ses dossiers… alors même qu’il était convaincu de pouvoir obtenir une condamnation.

Les mots lourds de sens du rapport final

En janvier 2025, dans son rapport final sur l’affaire d’ingérence électorale de 2020, Jack Smith a lâché une phrase qui résonne encore :

« Sans l’élection de M. Trump et son retour imminent à la présidence, les preuves étaient suffisantes pour obtenir et soutenir une condamnation. »

Cette conviction affichée, noir sur blanc, explique en grande partie pourquoi Donald Trump continue de le présenter comme un ennemi numéro un.

En octobre, le président élu n’avait d’ailleurs pas hésité à le qualifier publiquement de « criminel » qui méritait, selon lui, d’être « poursuivi et envoyé en prison ».

Une guerre froide entre républicains et institution judiciaire

Pour Donald Trump et ses alliés, Jack Smith incarne à lui seul ce qu’ils appellent l’« instrumentalisation » de la justice sous l’administration Biden.

La convocation actuelle s’inscrit dans une longue série d’offensives républicaines contre ceux qu’ils considèrent comme les artisans d’une chasse aux sorcières judiciaire.

Mais en refusant l’audience publique, Jim Jordan et les républicains de la commission se retrouvent accusés, à leur tour, de vouloir contrôler le récit.

Le paradoxe est saisissant : ceux qui dénoncent depuis des années l’opacité du « deep state » choisissent aujourd’hui de faire parler l’un de ses symboles présumés… dans le secret le plus total.

Que peut-il se passer le 17 décembre ?

Officiellement, la commission veut comprendre la « conduite » des enquêtes de Jack Smith.

Mais dans les couloirs du Congrès, plusieurs scénarios circulent :

  1. Une audition technique centrée sur les procédures et les décisions du ministère de la Justice
  2. Une tentative de discréditer publiquement, par fuites, les méthodes du procureur spécial
  3. Un moyen de pression en vue de futures nominations ou réformes judiciaires

Ce qui est certain, c’est que chaque mot prononcé lors de cette séance à huis clos sera épluché, interprété, parfois déformé.

Et que les Américains, eux, n’entendront que la version qui sera choisie pour eux.

Un précédent qui interroge l’avenir de la transparence

Cette affaire dépasse largement le cas Jack Smith.

Elle pose une question de fond : dans une démocratie aussi polarisée, est-il encore possible d’avoir des débats judiciaires et politiques transparents quand les enjeux touchent directement au pouvoir ?

En refusant l’audience publique réclamée par le principal intéressé, le Congrès envoie un signal inquiétant : certains sujets seraient trop sensibles pour être discutés au grand jour.

Le 17 décembre, derrière des portes fermées, se jouera peut-être bien plus qu’une simple audition.

Ce sera un nouveau chapitre d’une guerre institutionnelle qui, loin de s’apaiser avec le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, semble prête à entrer dans une phase encore plus intense.

Et pendant ce temps, les Américains resteront dans le noir.

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