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Milei Triomphe : Son Bloc Devient Première Minorité au Congrès

Mercredi, Javier Milei jubilait depuis la galerie du Congrès : son bloc vient de dépasser le péronisme et devient la première minorité à la Chambre des députés. 95 sièges contre 94… Un basculement historique qui change tout pour ses réformes radicales. Mais jusqu’où ira-t-il vraiment ?

Imaginez la scène : un président qui n’a même pas deux ans de mandat, arrivé au pouvoir avec à peine une poignée de députés, qui se retrouve soudain à la tête du plus gros bloc parlementaire du pays. Mercredi, cette image est devenue réalité en Argentine. Javier Milei, l’ultralibéral à la tronçonneuse, savourait chaque seconde de la prestation de serment des 127 nouveaux députés élus en octobre.

Un basculement parlementaire historique en quelques semaines

Personne ne l’avait vraiment vu venir avec une telle ampleur. Oui, La Libertad Avanza avait cartonné aux législatives de mi-mandat avec 40 % des voix. Mais transformer cette vague populaire en suprématie parlementaire immédiate ? C’est ce qui vient de se produire grâce à une série de ralliements individuels savamment orchestrés.

Le dernier coup de théâtre a eu lieu mardi soir. Un député supplémentaire a rejoint le bloc libertarien, portant le total à 95 élus. Un de plus que le groupe péroniste d’Union pour la Patrie. Symbolique ? Absolument. Décisif ? Encore plus.

Que signifie réellement « première minorité » ?

Dans le système argentin, personne ne détient la majorité absolue à la Chambre des députés (257 sièges). Être la première minorité ne donne pas le pouvoir absolu, mais change radicalement la donne. Concrètement, cela complique énormément la vie de l’opposition si elle veut renverser un veto présidentiel – ce qu’elle a pourtant réussi plusieurs fois en 2025.

Pour annuler un veto, il faut désormais les deux tiers des voix. Avec 95 députés solidement alignés et quelques alliés potentiels, Milei se retrouve en position de force inédite pour un président qui gouvernait jusqu’ici à coups de décrets d’urgence.

« Première minorité, confirmé »

Javier Milei sur X, quelques minutes après le dernier ralliement

D’où viennent ces nouveaux renforts ?

La plupart des ralliements proviennent du PRO, le parti de l’ex-président Mauricio Macri. Officiellement allié de Milei lors de la présidentielle, le PRO n’avait jamais intégré le gouvernement. Certains de ses députés, lassés d’une opposition stérile ou convaincus par les résultats macro-économiques, ont franchi le pas.

D’autres viennent de blocs provinciaux ou de micro-partis. Chaque arrivée a été célébrée comme une petite victoire personnelle par le président et son entourage. Sa sœur Karina, véritable éminence grise du pouvoir, était présente dans la galerie, tout sourire.

Une séance de prestation de serment explosive

La session de mercredi restera dans les annales. Les 127 nouveaux députés ont défilé un par un pour prêter serment. L’ambiance ? Électrique. Apostrophes, slogans, huées… Le président de séance a dû rappeler à l’ordre à plusieurs reprises.

À un moment, des députés libertariens ont entonné « Libertad ! Libertad ! ». Depuis la galerie, Javier Milei et ses proches ont repris en chœur. L’un des cris favoris de la campagne 2023 a retenti : « ¡La casta tiene miedo! » – la caste a peur. Un message clair adressé à l’ensemble de la classe politique traditionnelle.

Un triplement en deux ans : la fulgurante ascension de LLA

Revenons deux ans en arrière. Décembre 2023 : Javier Milei prête serment comme président avec un groupe parlementaire rachitique. À peine une trentaine de députés. Aujourd’hui ? Près de 100. C’est presque un triplement en seulement 24 mois.

Cette croissance fulgurante s’explique par la combinaison de plusieurs facteurs : les résultats économiques visibles (baisse de l’inflation, excédent budgétaire), le rejet massif du péronisme après des décennies de pouvoir, et surtout l’image d’un président qui tient (pour l’instant) ses promesses radicales.

Quelles réformes deviennent désormais possibles ?

Le gouvernement prépare une série de projets ambitieux pour 2026 :

  • Réforme profonde du droit du travail
  • Paquet fiscal de grande ampleur
  • Modernisation du code pénal
  • Privatisations supplémentaires
  • Suppression progressive de certaines subventions

Jusqu’ici, ces textes étaient bloqués ou vidés de leur substance au Congrès. La nouvelle configuration change tout. Même sans majorité absolue, le bloc libertarien peut désormais négocier en position de force et imposer une grande partie de son agenda.

Prochaines étapes : session extraordinaire en vue

Le calendrier parlementaire classique prévoyait une pause jusqu’au 1er mars. Mais l’exécutif devrait convoquer les chambres en session extraordinaire dès décembre ou janvier. Objectif : profiter de l’élan post-électoral pour faire passer les réformes avant que l’opposition ne se réorganise.

La première session officielle est programmée au 10 décembre. Elle promet d’être tendue. L’opposition, sonnée, prépare déjà ses contre-attaques. Mais pour la première fois depuis longtemps, c’est elle qui court après le rythme imposé par le pouvoir.

Un message politique plus large

Au-delà des chiffres, ce qui s’est joué mercredi dépasse le simple recomptage de sièges. C’est la confirmation qu’un mouvement né il y a à peine cinq ans, porté par un économiste médiatique et des réseaux sociaux, peut bouleverser en profondeur le paysage politique d’un pays de 45 millions d’habitants.

Le péronisme, force dominante depuis 1945, se retrouve pour la première fois relégué au rang de deuxième groupe parlementaire. Un symbole fort dans un pays où ce mouvement a structuré la vie politique pendant des générations.

En Amérique latine, nombreux sont ceux qui observent l’expérience argentine avec attention. Après le Brésil de Bolsonaro ou le Salvador de Bukele, l’Argentine de Milei devient le nouveau laboratoire des droites radicales anti-système. Avec une différence notable : ici, les résultats économiques suivent (pour l’instant).

Mercredi, dans l’hémicycle de Buenos Aires, on a assisté à bien plus qu’une simple prestation de serment. On a vu un président écrire sous nos yeux une nouvelle page de l’histoire politique argentine. Et le chapitre suivant s’annonce explosif.

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