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Faux Infirmier Obsédé par les Aiguilles : Le Procès Glaçant

Un homme se faisant passer pour infirmier pendant plus de vingt ans, piqûant des femmes pour son plaisir sexuel… L’expert psychiatre est formel : « Il jouit tout le temps quand il parle des aiguilles ». Le procès révèle l’ampleur du rituel pervers. Jusqu’où est-il allé ?

Imaginez-vous répondre à une annonce pour une étude médicale apparemment anodine. Une prise de sang, un questionnaire, un peu d’argent en échange. Et si, derrière le garrot et la seringue, se cachait une obsession sexuelle d’une rare violence ? C’est l’histoire terrifiante qui se déroule actuellement devant le tribunal de Quimper.

Un rituel pervers qui durait depuis vingt ans

À 44 ans, Nicolas Gonidec comparait pour agressions sexuelles sur une quarantaine de femmes entre 2015 et 2021. L’homme, ancien producteur audiovisuel et même conseiller municipal, avait mis au point un stratagème particulièrement élaboré pour approcher ses victimes.

Sous couvert d’études médicales, il proposait des prises de sang, souvent présentées comme destinées à des personnes phobiques des aiguilles. Les victimes remplissaient un questionnaire de santé et un formulaire de consentement envoyé par une secrétaire… qui n’existait pas.

Mallette médicale, tenue blanche, vocabulaire précis : tout était pensé pour donner l’illusion parfaite d’un vrai infirmier. Et pourtant, derrière chaque piqûre se cachait une satisfaction sexuelle profonde.

« Il jouit tout le temps quand il parle des aiguilles »

L’expertise psychiatrique a été sans appel. Lors de son témoignage en visioconférence, le Dr Anne Henry a décrit un homme atteint d’une perversion grave.

« C’est sexuel, c’est totalement sexuel. Les injections lui procuraient de la satisfaction sexuelle, sans qu’il ait forcément une érection. »

Ces mots, prononcés devant le tribunal, ont glacé l’assistance. L’experte a insisté : le simple fait de planter une aiguille, de voir une veine se gonfler, de sentir le sang couler, provoquait chez lui une jouissance intense.

Mieux encore : le mensonge, la mise en scène, le risque d’être démasqué faisaient partie intégrante du plaisir. « Le stratagème fait partie de la jouissance », a-t-elle expliqué.

Un rituel qui s’est aggravé avec le temps

Ce qui avait commencé par des prises de sang « classiques » a progressivement dérivé vers des actes de plus en plus transgressifs. L’homme proposait désormais des séances de relaxation, des massages censés déclencher un « orgasme thérapeutique ».

Huit femmes ont témoigné avoir subi des caresses sur les seins et des masturbations imposées, alors qu’elles pensaient participer à un protocole médical sérieux.

Cette escalade n’est pas un hasard. Selon l’experte, les comportements pervers suivent souvent une logique d’aggravation : le rituel doit devenir plus intense pour conserver son pouvoir excitant.

Une obsession née dans l’enfance

L’accusé a lui-même tenté d’expliquer l’origine de son obsession. À l’âge de cinq ans, une prise de sang particulièrement douloureuse aurait marqué un tournant. Dès dix ans, il commence à se piquer lui-même.

À l’université, il passe à ses camarades. En 2001, à vingt ans, il fait déjà l’objet d’un rappel à la loi. Mais rien n’arrête la spirale.

En octobre 2021, il écope de trois ans de prison, dont deux avec sursis, pour des faits similaires. Paradoxalement, la médiatisation de ce premier procès va déclencher une vague de plaintes : une soixantaine de femmes se reconnaissent dans les descriptions.

Un « collectionnisme pervers » incontrôlable

L’expression est forte, mais l’experte l’assume pleinement. Nicolas Gonidec collectionnait les piqûres comme d’autres collectionnent des timbres ou des souvenirs. Chaque nouvelle victime alimentait son fantasme.

« Il est intelligent, il savait ce qu’il risquait et il a continué en prenant tous les risques. Sa jouissance est tellement impérieuse que ça prenait le pas sur tout le reste. »

Un mois après une garde à vue en février 2021, il recommence. Preuve que ni la menace judiciaire ni la souffrance des victimes ne parvenaient à freiner l’élan.

Même après sa condamnation, il avoue pratiquer encore des prises de sang sur sa nouvelle compagne, dans un cadre qu’il qualifie de « privé » et « consenti ». Une troisième procédure est d’ailleurs en cours.

Une personnalité autocentrée et dangereuse

Le portrait dressé par les experts est celui d’un homme « personnalité perverse », autocentré, incapable d’empathie réelle envers ses victimes. Marié pendant des années, il n’avait aucune relation sexuelle avec son épouse – aujourd’hui divorcée.

Son plaisir ne passait pas par l’intimité classique, mais par le rituel médical froid et transgressif. Un psychologue a confirmé cette absence totale de sexualité conjugale.

Le risque de récidive ? L’experte refuse de l’écarter. L’obsession semble trop profondément ancrée, trop puissante pour être contenue par une simple condamnation.

Comment tant de femmes ont-elles pu tomber dans le piège ?

La question hante le procès. Le stratagème était rodé, certes, mais il reposait aussi sur une confiance aveugle accordée à la blouse blanche et au jargon médical.

Beaucoup de victimes étaient jeunes, parfois étudiantes, attirées par la rémunération ou la perspective d’aider la science. Certaines souffraient réellement de phobie des aiguilles et voyaient dans l’expérience une forme de thérapie.

Le faux infirmier jouait sur tous les tableaux : bienveillance apparente, discours rassurant, cadre « officiel ». Une manipulation psychologique d’une redoutable efficacité.

Ce que cette affaire dit de notre société

Au-delà de l’horreur individuelle, ce dossier interroge notre rapport à l’autorité médicale. La blouse blanche reste un symbole de confiance absolue, parfois jusqu’à l’aveuglement.

Il révèle aussi la difficulté à reconnaître certaines paraphilies, surtout quand elles ne correspondent pas aux schémas classiques de l’agression sexuelle violente.

Ici, pas de violence physique spectaculaire, mais une emprise lente, insidieuse, déguisée en soin. Une forme de prédation particulièrement perverse parce qu’elle se cache derrière l’apparence du secours.

Le procès se poursuit à Quimper. Les victimes, elles, tentent de se reconstruire après avoir découvert que leur corps avait servi, pendant des années, de terrain de jeu à une obsession qu’elles n’avaient jamais soupçonnée.

Derrière chaque seringue, il y avait un regard. Un regard qui ne voyait pas une patiente, mais une veine. Et une jouissance.

À retenir : Cette affaire montre à quel point certaines perversions peuvent s’infiltrer dans les interstices de la confiance sociale, là où personne ne pense à vérifier. Elle rappelle aussi que le consentement, lorsqu’il est obtenu par la ruse et le mensonge, n’existe pas.

Le verdict est attendu dans les prochains jours. Quelle que soit la peine prononcée, elle ne effacera jamais la trace de ces aiguilles plantées non pour soigner, mais pour jouir.

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