Dans la pénombre d’un checkpoint de Gaza, un cercueil en bois brut vient de changer de mains. Remis par le Comité international de la Croix-Rouge à des soldats israéliens, il contient les restes d’un otage disparu depuis plus de deux ans. Ce transfert discret, presque silencieux, ravive pourtant une douleur nationale qui ne s’est jamais vraiment éteinte.
Un transfert sous haute tension au cœur de Gaza
Mercredi en fin d’après-midi, l’information tombe comme une sentence. Le bureau du Premier ministre israélien annonce avoir reçu, via la Croix-Rouge, le cercueil d’un otage mort. La remise a eu lieu à l’intérieur même de la bande de Gaza, un détail rare qui souligne la complexité logistique et politique de l’opération.
Les forces spéciales et les agents du Shin Bet étaient sur place. Le cercueil a immédiatement été transféré vers Israël, direction l’Institut national de médecine légale de Tel-Aviv. Objectif : identifier formellement la victime. Car pour l’instant, rien n’est certain, sinon la tristesse immense qui accompagne chaque retour de ce type.
Les annonces croisées du Hamas et du Jihad islamique
Plus tôt dans la journée, les brigades Ezzedine al-Qassam (branche armée du Hamas) et les Saraya al-Quds (Jihad islamique) avaient prévenu. À 17 heures précises, elles restitueraient le corps d’un « prisonnier israélien ». Les recherches menées à Beit Lahia, dans le nord de Gaza, avaient permis de localiser des restes correspondant potentiellement à l’un des otages.
Cette annonce, froide et procédurale, contraste avec l’émotion qui submerge Israël à chaque nouvelle de ce genre. Pour les familles, c’est à la fois un espoir – enfin une réponse – et une déchirure – cette réponse est la pire possible.
« Nous avons trouvé des restes qui appartiennent potentiellement au corps d’un prisonnier israélien »
Source proche des brigades armées palestiniennes
Une identification précédente qui s’était révélée négative
Ce n’est pas la première fois qu’un tel scénario se produit. La veille déjà, des restes avaient été remis à Israël. L’attente était insoutenable. Puis le verdict était tombé : ces éléments n’appartenaient à aucun des otages encore portés disparus. Un nouveau coup dur pour les familles qui vivent dans l’incertitude depuis octobre 2023.
Cette fois, les autorités israéliennes restent prudentes. L’autopsie et les analyses ADN diront si le cauchemar prend fin pour l’une des familles ou s’il se prolonge dans une attente infinie.
Le bilan humain du cessez-le-feu : où en est-on vraiment ?
Pour comprendre l’ampleur du drame, il faut revenir aux termes de la trêve signée il y a plus d’un an. Après plus de deux années de conflit déclenché par l’attaque du 7 octobre 2023, un accord avait été trouvé. Le Hamas s’engageait à libérer les derniers otages vivants et à restituer progressivement les dépouilles.
À ce jour, les chiffres parlent d’eux-mêmes :
- 20 otages vivants libérés lors de la phase finale de l’accord
- 26 dépouilles restituées sur les 28 promises
- 2 corps toujours manquants : un citoyen israélien et un travailleur thaïlandais
Chaque cercueil rendu est donc une étape vers la clôture d’un chapitre particulièrement douloureux de l’histoire récente. Mais tant que les deux derniers corps ne seront pas revenus, la plaie restera ouverte.
Beit Lahia, théâtre des recherches macabres
La ville de Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, revient souvent dans les communiqués. Dévastée par les combats, elle est devenue un vaste champ de ruines où les recherches de restes humains se poursuivent mois après mois. Les brigades palestiniennes y opèrent avec l’aide parfois du CICR pour localiser, exhumer et identifier.
Ces opérations se font dans un climat de méfiance extrême. Chaque transfert est négocié, surveillé, sécurisé. Le moindre incident pourrait tout faire basculer.
Le rôle discret mais essentiel de la Croix-Rouge
Au milieu de ce chaos, une institution reste le pont humain entre les deux camps : le Comité international de la Croix-Rouge. C’est elle qui prend en charge les cercueils, qui vérifie les conditions de transport, qui assure que le transfert respecte un minimum de dignité.
Sans son intervention, ces retours seraient probablement impossibles. Son emblème blanc à croix rouge reste l’un des seuls encore respectés des deux côtés de la ligne de front.
L’attente interminable des familles
Derrière chaque annonce officielle, il y a des familles qui retiennent leur souffle. Certaines ont déjà vécu plusieurs fausses alertes. D’autres ont reçu confirmation du décès de leur proche il y a des mois, mais attendent toujours le retour du corps pour pouvoir faire leur deuil.
En Israël, le deuil ne peut commencer qu’une fois le corps inhumé selon la tradition juive. Tant que les restes sont à Gaza, les familles restent suspendues entre espoir et désespoir.
Un processus lent et douloureux vers la clôture
Chaque dépouille rendue est une petite victoire diplomatique dans un conflit qui n’en connaît presque plus. Elle prouve que, même au plus fort de la haine, des mécanismes peuvent fonctionner. Mais elle rappelle aussi l’ampleur du désastre humain laissé par plus de deux ans de guerre.
Alors que l’identification de ce nouveau cercueil est en cours, une question demeure : quand les deux derniers corps seront-ils enfin rendus ? Et surtout, dans quel état ?
Pour l’instant, Israël retient son souffle. Une nation entière attend le prochain communiqué de l’Institut de médecine légale. Car chaque nom prononcé sera à la fois une délivrance et une blessure qui ne cicatrisera jamais complètement.
À retenir : Mercredi, un nouveau cercueil a été remis à Israël depuis Gaza. L’identification est en cours. Sur les 28 dépouilles promises, 26 ont été restituées. Deux manquent encore à l’appel, prolongeant le calvaire de familles qui n’aspirent qu’à tourner une page.
Dans ce conflit où chaque vie compte, le retour des morts est presque aussi important que celui des vivants. Il permet, enfin, de dire adieu.









