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Élection Honduras : Nasralla Creuse l’Écart Face au Candidat de Trump

À 79 % des voix dépouillées, Salvador Nasralla dépasse désormais Nasry Asfura de plus de 18 000 suffrages. Donald Trump menace le Honduras de sanctions si son candidat ne l'emporte pas… Le suspense est à son comble et l'écart reste infime. Qui va gagner ?

Imaginez un pays entier suspendu au fil d’un résultat électoral, où chaque voix comptée peut faire basculer une nation. Au Honduras, cette scène n’a rien d’une fiction : depuis dimanche, le décompte des bulletins se transforme en véritable thriller politique.

Un coude-à-coude historique qui défie tous les pronostics

Mercredi soir, après la reprise d’un scrutin interrompu pour « problèmes techniques », la tendance s’est inversée de façon spectaculaire. Salvador Nasralla, l’ex-animateur télé devenu candidat du Parti Libéral, a pris la tête et creuse désormais l’écart face à Nasry Asfura, le maire de Tegucigalpa porté par le Parti National.

À 79 % des procès-verbaux dépouillés, le présentateur charismatique récolte 40,34 % des suffrages contre 39,57 % pour son adversaire direct. Plus de 18 000 voix les séparent désormais, un chiffre qui a doublé en vingt-quatre heures seulement.

Une campagne marquée par l’ombre de Washington

Ce qui rend cette élection explosive, c’est l’intervention directe et répétée du président américain. Donald Trump n’a jamais caché sa préférence pour Nasry Asfura, qualifié d’« ami de la liberté ».

Dès la suspension du décompte lundi, il a menacé le Honduras de « conséquences graves » et accusé, sans preuve, les autorités de vouloir « voler » l’élection. Il a même prévenu que les États-Unis « ne gaspilleraient plus leur argent » si son protégé n’était pas déclaré vainqueur.

« Les États-Unis ne gaspilleraient pas leur argent si Nasry Asfura ne gagnait pas. »

Cette sortie a immédiatement ravivé les souvenirs d’une longue tradition d’ingérence américaine en Amérique centrale.

Salvador Nasralla, l’outsider qui défie les étiquettes

À 72 ans, celui que l’on surnomme parfois le « Trump tropical » pour son style direct et ses coups d’éclat médiatiques n’a pourtant rien d’un inconnu. Il a déjà frôlé la victoire en 2017 avant de dénoncer une fraude massive.

Ancien vice-président sous le gouvernement de gauche de Xiomara Castro, il a claqué la porte avec fracas en avril 2024. Depuis, il s’est repositionné très à droite, se déclarant ouvertement admirateur de Javier Milei en Argentine et de Nayib Bukele au Salvador.

Une volte-face qui lui vaut aujourd’hui l’étiquette de « presque communiste » dans la bouche de Donald Trump, alors même que ses discours actuels prônent la manière forte contre les gangs et la corruption.

La gauche hondurienne lourdement sanctionnée

Le grand perdant de ce scrutin reste le parti au pouvoir. Rixi Moncada, candidate de la formation de l’actuelle présidente Xiomara Castro, pointe à plus de vingt points derrière les deux leaders de droite.

Dans un pays rongé par la pauvreté, la violence des maras et le narcotrafic, les Honduriens semblent avoir voulu tourner la page d’un mandat marqué par des scandales et une situation sécuritaire toujours dramatique.

L’affaire Juan Orlando Hernández plane sur le scrutin

Autre symbole fort : la grâce accordée par Donald Trump à l’ancien président Juan Orlando Hernández. Condamné aux États-Unis à 45 ans de prison pour avoir facilité l’entrée de centaines de tonnes de cocaïne sur le sol américain, il a quitté sa cellule lundi même.

Figure du Parti National, celui qui a gouverné le Honduras de 2014 à 2022 reste extrêmement populaire dans certains milieux malgré les accusations. Sa libération intervient au pire moment pour ceux qui dénoncent l’influence du narcotrafic sur la politique hondurienne.

Un décompte sous tension permanente

Depuis dimanche soir, le Conseil national électoral fait face à des accusations croisées. Problèmes techniques, serveurs tombés en panne, lenteur inhabituelle… chaque heure sans résultat alimente les théories du complot des deux côtés.

L’interruption de lundi a duré près de vingt-quatre heures. Quand le comptage a repris mardi après-midi, Nasralla, qui était alors devancé, a commencé à remonter inexorablement.

Mercredi, l’écart s’est creusé à plus de 18 000 voix en sa faveur. Un renversement qui donne du crédit à ceux qui estiment que les premiers chiffres publiés favorisaient artificiellement le candidat du Parti National.

Que va-t-il se passer maintenant ?

Avec encore 21 % des bulletins à dépouiller, rien n’est joué. Les zones rurales, souvent plus favorables au Parti National, restent partiellement en attente. Un retournement reste mathématiquement possible, même s’il apparaît de plus en plus improbable.

Les observateurs internationaux suivent la situation minute par minute. Toute nouvelle interruption ou irrégularité pourrait déclencher une crise institutionnelle majeure.

Dans les rues de Tegucigalpa et San Pedro Sula, les partisans des deux camps retiennent leur souffle. Les célébrations sont reportées, les discours de victoire restent dans les tiroirs.

Un pays à la croisée des chemins

Au-delà des personnalités, c’est tout le futur du Honduras qui se joue. Entre un retour du Parti National, marqué par les années Hernández, et l’arrivée d’un outsider médiatique promettant la manière forte, les Honduriens devront choisir leur modèle.

La lutte contre les gangs, la reprise économique, la relation avec Washington : tous ces dossiers brûlants attendent le prochain président. Et pour la première fois depuis longtemps, le résultat semble échapper au contrôle des appareils traditionnels.

Une chose est sûre : quelle que soit l’issue finale, cette élection entrera dans l’histoire du Honduras comme l’une des plus disputées, des plus surveillées et des plus commentées de son histoire récente.

Le pays retient son souffle. Le monde regarde. Et dans quelques heures ou quelques jours, un nouveau chapitre s’ouvrira pour cette nation centre-américaine au destin toujours tumultueux.

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