Imaginez rentrer chez vous après une journée ordinaire, monter les escaliers avec vos courses, et soudain recevoir des coups de hachoir en plein visage et dans la poitrine. Ce cauchemar est devenu réalité pour une mère de famille de 33 ans, le 20 novembre dernier, dans le quartier de Mireuil à La Rochelle.
Un drame qui aurait pu être évité ?
Les faits se sont déroulés en fin d’après-midi, vers 16 h 30, rue Ernest-Meisonnier. La jeune femme, qui vivait avec son compagnon et sa petite fille dans cet immeuble HLM, a croisé son voisin du troisième étage. Quelques instants plus tard, elle gisait dans une mare de sang, grièvement blessée par une arme ressemblant à un hachoir. Transportée en urgence absolue au CHU de Poitiers, son pronostic vital était engagé pendant plusieurs jours.
Dix jours après l’agression, une lueur d’espoir : la victime est sortie du coma le 30 novembre. Son état s’améliore lentement, mais elle n’a toujours pas pu être entendue par les enquêteurs. Les séquelles physiques et psychologiques risquent d’être lourdes.
Qui est l’agresseur ?
L’homme interpellé le soir même, vers 21 heures, s’appelle Niaba Guy-Régis Beugré. De nationalité ivoirienne, âgé d’une trentaine d’années, il occupait seul l’appartement juste au-dessus de celui de la victime. Un logement sous-loué par l’association Altéa à l’Office public de l’habitat (OPH).
Les habitants du quartier le décrivent comme quelqu’un de « bizarre ». Il parlait seul dans les parties communes, transpirait abondamment, tremblait, refusait de prendre l’ascenseur avec d’autres personnes. Plusieurs témoignages font état de comportements inquiétants depuis des mois.
« Il parlait tout seul, il transpirait, il tremblait », rapportent des habitants. « Il ne voulait jamais monter dans l’ascenseur avec des gens, il était bizarre », raconte une voisine.
Des antécédents psychiatriques connus. Des signalements répétés auprès des services sociaux. Une procédure d’expulsion déjà engagée par l’OPH. Tout était sur la table, et pourtant… rien n’a été fait à temps.
Un hébergement associatif au cœur des critiques
L’association Altéa, qui gère l’hébergement de personnes en situation de précarité, dont de nombreux migrants, sous-louait cet appartement à Niaba Guy-Régis Beugré. Une pratique courante, mais qui pose question quand la personne en grande souffrance psychique se retrouve seul dans un immeuble familial.
Comment un individu présentant des troubles aussi visibles a-t-il pu rester des mois dans un logement social ordinaire, sans suivi médical renforcé ? Pourquoi les alertes des voisins n’ont-elles pas déclenché une prise en charge adaptée ?
Ces questions, beaucoup d’habitants se les posent aujourd’hui avec colère et tristesse. Car au-delà du drame personnel, c’est tout un système qui semble avoir failli.
Le quartier Mireuil sous le choc
Le lendemain de l’agression, les traces de sang avaient été nettoyées, les murs lessivés. Mais le traumatisme, lui, reste intact. Un simple morceau de papier saumon scotché sur la porte défoncée de l’appartement de la victime rappelait l’horreur de la veille.
Les locataires de la cage d’escalier ont été contactés pour bénéficier d’une cellule médico-psychologique. Pour l’instant, personne n’a souhaité y recourir. Comme souvent dans ces quartiers populaires, on préfère garder le silence et essayer d’oublier.
Mais oublier est impossible quand votre voisine a failli mourir sous vos yeux, et que l’agresseur vivait à quelques mètres de chez vous.
Une enquête pour tentative d’homicide
L’enquête, confiée à la police judiciaire, est toujours en cours. Le suspect a été placé en garde à vue prolongée, puis hospitalisé d’office en raison de son état psychiatrique. Une expertise médicale va déterminer s’il est pénalement responsable de ses actes.
En attendant, la qualification de tentative d’homicide volontaire a été retenue. Un crime passible de la réclusion criminelle à perpétuité si l’irresponsabilité pénale est établie.
Un sentiment d’insécurité grandissant
Cette agression n’est pas un cas isolé. Dans de nombreux quartiers prioritaires, les habitants rapportent une dégradation continue du climat sécuritaire. Présence de personnes souffrant de troubles mentaux graves sans suivi, trafics en tout genre, incivilités quotidiennes… Le cocktail devient explosif.
Quand on ajoute à cela la question migratoire et les difficultés d’intégration de certains publics en grande précarité psychique, le malaise est total.
Personne ne nie la nécessité d’accueillir et d’aider ceux qui fuient la misère ou la guerre. Mais à quel prix pour les populations déjà fragilisées des quartiers populaires ?
Vers une nécessaire remise en question
Ce drame doit servir de électrochoc. Il est temps de reposer la question du suivi psychiatrique des personnes hébergées par les associations, surtout lorsqu’elles présentent des troubles manifestes.
Il est temps aussi de s’interroger sur la mixité forcée dans certains immeubles HLM, où des familles sans histoire se retrouvent côtoyer des individus en grande détresse sans que personne ne semble pouvoir – ou vouloir – agir.
La victime, elle, se bat pour retrouver une vie normale. Sa fille, son compagnon, ses proches, tout un quartier retiennent leur souffle en espérant qu’elle pourra un jour témoigner et tourner la page.
Mais une chose est sûre : cette agression au hachoir laissera des traces indélébiles. Dans le corps de cette mère de famille. Et dans la mémoire collective d’un quartier qui n’avait pas besoin de ça pour se sentir abandonné.
Ce que ce drame nous enseigne :
- Les signalements répétés des habitants doivent être pris au sérieux
- Le suivi psychiatrique renforcé est indispensable pour certaines personnes hébergées
- La sécurité des locataires HLM doit redevenir une priorité absolue
- Le « vivre-ensemble » ne peut pas s’imposer au détriment du bon sens
Espérons que cette fois, les leçons seront tirées. Avant qu’un nouveau drame ne vienne endeuiller une autre cage d’escalier, un autre quartier, une autre famille.









