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Jeune Adepte de Daech au Creusot : Insultes et Têtes Décapitées sur TikTok

Un jeune de 20 ans du Creusot postait des têtes décapitées sur TikTok en traitant les Français de « mécréants polythéistes violeurs puants ». Interpellé, il reconnaît être adepte de Daech… mais jure ne pas vouloir passer à l’acte. Vraiment ?

Imaginez ouvrir TikTok un soir d’automne et tomber sur une vidéo montrant une tête tranchée, accompagnée d’un texte qui vous traite personnellement de « mécréant polythéiste français, violeur puant, mangeur de porc ». Ce n’est pas une scène d’un film d’horreur. C’est ce qu’ont découvert des milliers d’internautes français ces derniers jours, publié par un jeune homme de 20 ans… vivant tranquillement au Creusot, en Saône-et-Loire.

Une affaire qui glace le sang en pleine Bourgogne

Le profil était explicite. Photos de combattants cagoulés, drapeaux noirs, slogans en arabe. Les vidéos alternaient entre décapitations filmées par l’État islamique et messages haineux directement adressés aux Français. « Porcs de France », « mécréants polythéistes », « violeurs puants » : les insultes pleuvaient, accompagnées d’une rhétorique jihadiste parfaitement rodée.

Ce n’était pas un compte anonyme basé à Raqqa ou Mossoul. Non. L’auteur vivait dans une ville de 20 000 habitants connue autrefois pour ses usines Schneider et son calme provincial. Un contraste saisissant qui rappelle que la radicalisation ne frappe plus seulement les grandes banlieues.

Comment tout a basculé

Tout commence par un signalement sur la plateforme Pharos, ce dispositif qui permet à n’importe quel internaute d’alerter les autorités sur des contenus illicites. Plusieurs utilisateurs, choqués, cliquent sur « signaler ». Les enquêteurs de la police judiciaire se mettent en mouvement.

L’identification est rapide. Le compte n’était pas particulièrement discret. En quelques jours, les policiers localisent l’adresse exacte au Creusot. Perquisition. Interpellation. Le jeune homme de 20 ans est placé en garde à vue.

Face aux enquêteurs, il ne nie rien. Oui, il est adepte de Daech. Oui, il soutient l’État islamique. Oui, il trouve normal de diffuser ces images. Mais – et c’est là que l’histoire devient troublante – il assure qu’il n’a jamais eu l’intention de passer à l’acte en France.

« Je partage parce que je trouve ça juste. Mais je ne ferais jamais ça ici. »

Cette phrase, prononcée pendant sa garde à vue, résume le malaise. Car pour les services antiterroristes, la frontière entre « simple » apologie et passage à l’acte est parfois ténue.

Le profil type du radicalisé 3.0

À 20 ans, il n’a pas le parcours classique du jihadiste des années 2015-2017. Pas de départ en Syrie annoncé, pas de famille connue pour extrémisme, pas de casier judiciaire lourd. Juste un jeune homme qui, quelque part entre les vidéos de gaming et les stories Snapchat, a basculé dans la propagande la plus violente.

TikTok, avec son algorithme ultra-puissant, est devenu un terrain de chasse privilégié pour les recruteurs ou les propagandistes de l’État islamique. Une vidéo anodine sur l’islam peut mener en trois clics à des comptes montrant des exécutions. Et une fois dedans, l’engrenage est rapide.

Ce que cette affaire révèle, c’est la persistance d’une idéologie qui, malgré la chute du califat territorial, continue de séduire une frange marginale mais réelle de la jeunesse.

Une réponse judiciaire en demi-teinte

À l’issue de sa garde à vue, décision surprenante : le jeune homme est laissé libre. L’enquête se poursuit sous l’autorité du parquet de Chalon-sur-Saône, compétent en matière d’apologie du terrorisme « classique » (hors parquet national antiterroriste).

Pourquoi pas une mise en examen plus lourde ? Parce que, juridiquement, il n’a pas franchi la ligne du projet d’attentat. Diffuser des décapitations et insulter les Français est punissable (jusqu’à 5 ans de prison et 45 000 € d’amende), mais ne suffit pas toujours à justifier une détention provisoire.

Cette clémence apparente fait grincer des dents. Car pendant ce temps, les vidéos ont été vues des milliers de fois. Combien de jeunes ont été exposés à cette propagande avant suppression du compte ?

TikTok, le far-west de la propagande

La plateforme chinoise est régulièrement pointée du doigt pour sa lenteur à supprimer les contenus terroristes. Malgré les annonces, malgré les partenariats avec les autorités européennes, les comptes jihadistes réapparaissent sous de nouveaux noms à peine quelques heures après leur fermeture.

Le format court, l’algorithme addictif, la possibilité de diffuser en direct : tout fait de TikTok un outil rêvé pour la propagande 2.0. Et quand un compte est signalé en France, il continue souvent d’exister dans d’autres pays.

Ce n’est pas la première affaire de ce type, et ce ne sera malheureusement pas la dernière.

La radicalisation touche toutes les villes de France

Le Creusot n’est pas Molenbeek. C’est une ville moyenne, ouvrière, calme. Pourtant, la menace y est présente, comme elle l’est à Orléans, à Lunel, à Strasbourg ou à Nice. La radicalisation islamiste ne connaît pas de frontière géographique.

Ce qui frappe dans cette affaire, c’est le fossé entre la violence des propos et la banalité du cadre de vie. Un appartement HLM, un quartier tranquille, des voisins qui tombent des nues. Le terrorisme n’a plus besoin de camps d’entraînement en zone tribale : un smartphone suffit.

Et demain ? Demain, un autre jeune, dans une autre ville de France, ouvrira TikTok et tombera sur la même spirale. Parce que la propagande continue, discrète mais obstinée.

Le jeune Creusotin a été relâché. Il est probablement chez lui en ce moment même. Son téléphone est peut-être confisqué, mais l’idéologie, elle, est toujours là. Et ça, aucune perquisition ne peut l’effacer.

Une chose est sûre : cette affaire, aussi « mineure » soit-elle aux yeux de certains, est un rappel brutal. Le danger n’est pas toujours là où on l’attend. Parfois, il est à deux pas de chez vous, derrière un écran.

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