Imaginez : vous venez de battre la plus grande star de la boxe, vous empochez 50 millions de dollars, et quelques mois plus tard… vous perdez votre ceinture mondiale sans remonter sur le ring. C’est exactement ce qui arrive à Terence Crawford. Mercredi, à Bangkok, le WBC a pris une décision radicale qui secoue la catégorie super-moyens. Et au milieu de ce chaos, un Français se retrouve propulsé vers le rêve de sa vie.
Le coup de tonnerre qui change tout
Personne ne s’y attendait vraiment. Terence Crawford, invaincu, considéré par beaucoup comme le meilleur boxeur livre pour livre de la planète, n’est plus champion WBC des super-moyens. La raison ? Il n’a pas réglé les taxes fédérales sur ses deux dernières bourses. 0,6 % sur 50 millions de dollars, cela représente environ 300 000 dollars. Une somme dérisoire pour un athlète de ce niveau, mais suffisante pour faire tomber une ceinture.
Mauricio Sulaiman, président du WBC, n’a pas mâché ses mots : le comité directeur a voté la destitution à l’unanimité. Crawford avait pourtant prévenu qu’il envisageait de redescendre en poids moyens. Apparemment, cela n’a pas suffi à calmer les instances.
Christian Mbilli, l’homme qui attendait son tour
À 30 ans, Christian Mbilli possède l’un des plus beaux palmarès du circuit : 29 victoires, 24 avant la limite, un seul match nul et zéro défaite. Installé à Montréal depuis des années, le Camerouno-Français a patiemment gravi les échelons. Classé numéro 1 WBC, il frappait à la porte du titre mondial depuis longtemps.
Son dernier combat ? Un véritable guerre de treize rounds contre Lester Martinez, le 13 septembre à Las Vegas, sur la même carte que Canelo-Crawford. Les deux hommes se sont rendus coup pour coup dans un affrontement si intense qu’il est déjà favori pour le titre de combat de l’année. Résultat : un match nul qui a frustré Mbilli, mais qui a aussi prouvé qu’il appartenait à l’élite.
« J’ai tout donné. Je sais que j’ai le niveau. Maintenant, c’est à moi de le prouver avec une ceinture autour de la taille. »
Christian Mbilli, après son nul contre Martinez
Hamzah Sheeraz, le géant anglais qui monte
De l’autre côté du ring, on retrouvera Hamzah Sheeraz. À 26 ans seulement, ce Londonien d’origine pakistanaise mesure 1,91 m et possède une allonge impressionnante. 22 victoires, 18 par KO, un seul nul… ses statistiques parlent d’elles-mêmes.
Promu par Frank Warren et soutenu par Turki Alalshikh, le puissant organisateur saoudien, Sheeraz a déjà goûté à l’atmosphère des grands soirs. En février, il a tenu tête au champion WBC des moyens Carlos Adames (match nul). En juillet, il a démoli Edgar Berlanga en cinq rounds. Deux performances qui ont convaincu le WBC de le propulser directement dans ce combat pour le titre vacant.
Un combat qui s’annonce explosif
Sur le papier, tout oppose les deux hommes. Mbilli, compact (1,74 m), explosif, pression constante, volume de coups hallucinant. Sheeraz, longiligne, excellent jab, contre-attaquant chirurgical, puissance sèche. L’un avance, l’autre recule et punit. C’est le classique affrontement styles contre styles.
Les bookmakers ont déjà ouvert les paris. Mbilli part légèrement favori, mais rien n’est joué. Sheeraz a l’avantage de la taille et de la jeunesse. Mbilli a l’expérience des gros combats et une rage de vaincre décuplée par des années d’attente.
Mbilli vs Sheeraz : les clés du combat
- Avantage taille & allonge : Hamzah Sheeraz (+17 cm)
- Avantage puissance courte distance : Christian Mbilli
- Volume de coups : Mbilli (souvent +80 coups par round)
- Précision à distance : Sheeraz (jab noté à 68 % de réussite)
- Expérience des 12 rounds : Égalité (les deux l’ont déjà fait)
Riyad, le nouveau centre du monde de la boxe ?
Si les négociations aboutissent, le combat pourrait avoir lieu en Arabie Saoudite. Turki Alalshikh, ministre et conseiller du prince héritier, a déjà promis à Sheeraz une nouvelle chance mondiale. L’homme fort du boxing saoudien a les moyens de ses ambitions : bourses colossales, arena dernier cri, diffusion mondiale.
Pour Mbilli et son promoteur Camille Estephan, c’est une opportunité en or. Combattre à Riyad, c’est la garantie d’une visibilité planétaire et d’une rémunération jamais vue pour le Français. Même si certains puristes regrettent que ces titres ne se jouent plus aux États-Unis ou en Europe.
Et ensuite ? Le piège Lester Martinez
Le vainqueur n’aura pas le temps de souffler. Le challenger officiel sera… Lester Martinez. Oui, le même qui a tenu tête à Mbilli en septembre. Le Guatémaltèque, invaincu lui aussi (18-0-1), possède un style ultra-agressif et une puissance de frappe terrifiante.
Si Mbilli gagne le titre, il devra immédiatement accorder la revanche à Martinez. Un scénario qui pourrait donner lieu à une trilogie explosive. Si c’est Sheeraz qui l’emporte, le choc Martinez-Sheeraz serait tout aussi alléchant. Dans les deux cas, la catégorie super-moyens promet du très lourd pour 2026.
Ce que cette destitution dit du business de la boxe
L’affaire Crawford met en lumière les tensions entre les boxeurs stars et les fédérations. Quand on gagne 50 millions en un soir, 300 000 dollars peuvent sembler insignifiants. Pourtant, les règles sont les mêmes pour tout le monde. Cette décision rappelle celle prise contre Canelo Alvarez en 2019 (refus de combattre son challenger obligatoire).
Le WBC, souvent critiqué pour ses décisions parfois discutables, montre ici qu’il peut taper du poing sur la table. Même face à un phénomène comme Crawford. Certains y verront une forme de justice. D’autres, une rigidité administrative qui dessert le spectacle.
Quoi qu’il en soit, le grand gagnant s’appelle Christian Mbilli. Celui que l’on présentait comme le « prochain grand » il y a cinq ans déjà va enfin avoir sa chance. À 30 ans, il n’a plus le temps d’attendre. Ce combat contre Sheeraz, c’est maintenant ou jamais.
La boxe nous a habitués à ces rebondissements improbables. Une ceinture perdue dans un bureau à Bangkok, un Français qui se retrouve propulsé vers le sommet. Le sport reste magnifique dans sa capacité à redistribuer les cartes quand on s’y attend le moins.
2026 s’annonce déjà comme une année folle en super-moyens. Et pour une fois, un Tricolore est au cœur de l’histoire. Rendez-vous dans les prochaines semaines pour connaître la date et le lieu officiel. Une chose est sûre : le 2026 de Christian Mbilli pourrait bien commencer avec une ceinture mondiale autour de la taille.









