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Alès : Trois Jeunes Morts Dans une Piscine Après un Accident

Ce matin à Alès, une voiture a fini sur le toit au fond d’une piscine privée. À l’intérieur, trois jeunes de 14, 15 et 19 ans n’ont pas survécu. Des capsules de protoxyde d’azote jonchaient l’habitacle et l’un d’eux était connu pour trafic de drogue. Que s’est-il vraiment passé cette nuit-là ?

Il est 5 h 45, ce mercredi 3 décembre 2025. Un habitant d’Alès, dans le Gard, se lève tôt et jette un œil par la fenêtre de sa cuisine. Ce qu’il voit le glace d’effroi : une voiture gît sur le toit au fond de sa piscine, parfaitement encastrée dans le bassin comme si elle y avait été posée avec précision. Trois silhouettes immobiles à l’intérieur. L’eau dépasse largement les portières. Il appelle immédiatement les secours.

Un accident aussi tragique qu’improbable

Lorsque les pompiers arrivent sur place, le spectacle est saisissant. Le véhicule, une berline classique, repose intégralement renversé dans plus d’1,50 mètre d’eau. Les trois occupants – deux mineurs de 14 et 15 ans et un jeune adulte de 19 ans – sont déjà décédés. Le procureur de la République d’Alès parle lui-même de « circonstances improbables ». Les premières constatations indiquent que les jeunes gens sont morts noyés, prisonniers de l’habitacle retourné.

Impossible d’ouvrir les portières sous la pression de l’eau, impossible de briser les vitres à temps. En quelques minutes, l’issue fatale était scellée.

Des capsules de protoxyde d’azote partout dans l’habitacle

À l’intérieur du véhicule, les policiers découvrent des dizaines de cartouches métalliques argentées : des capsules de protoxyde d’azote, plus connu sous le nom de « gaz hilarant ». Ce gaz, légal à la vente pour un usage culinaire (siphons à chantilly), est détourné depuis plusieurs années par une partie de la jeunesse pour ses effets euphorisants et hallucinogènes rapides.

Inhalé directement à la bouche ou via un ballon, il procure une sensation d’ivresse express, des rires incontrôlables et parfois des hallucinations. Mais il entraîne aussi vertiges, perte de conscience brutale et, surtout une désinhibition totale – exactement ce qu’il ne faut pas au volant.

« On en retrouve de plus en plus dans les accidents nocturnes impliquant des jeunes », confie un policier spécialisé dans la sécurité routière. « Le problème, c’est que l’effet est immédiat et très court, donc ils consomment en roulant pour maintenir l’effet. »

Un passager déjà connu pour trafic de stupéfiants

Le jeune homme de 19 ans qui se trouvait à bord était fiché pour trafic de stupéfiants. Selon plusieurs sources concordantes, il faisait l’objet de plusieurs procédures en cours. Rien n’indique pour l’instant qu’il était le conducteur, mais sa présence dans le véhicule pose question.

Le protoxyde d’azote, bien que légal, est souvent revendu au détail dans les milieux festifs ou délinquants. Une cartouche vendue 50 centimes à l’achat peut se négocier jusqu’à 5 euros dans la rue. Un petit trafic parallèle qui explose depuis 2020.

Comment une voiture finit-elle dans une piscine privée ?

Le lieu de l’accident se situe dans un quartier résidentiel calme d’Alès. La route qui longe les pavillons est droite, bien éclairée, limitée à 50 km/h. Selon les premiers éléments, le véhicule aurait quitté la chaussée à vive allure, franchi un petit muret de clôture, traversé un jardin et terminé sa course dans la piscine, six mètres plus bas.

La violence du choc a retourné la voiture qui s’est littéralement encastrée dans le bassin. Le propriétaire, réveillé par le bruit sourd, a d’abord cru à un tremblement de terre avant de comprendre l’horreur.

Reconstitution probable de la trajectoire

  • Départ d’une soirée ou d’un point de deal dans la nuit
  • Consommation de protoxyde d’azote en roulant
  • Perte de contrôle dans une ligne droite
  • Franchissement du muret sans freinage apparent
  • Chute de 6 mètres et retournement dans la piscine

Le protoxyde d’azote, ce fléau qui ne recule pas

Depuis 2021, la vente aux mineurs est interdite en France. Pourtant, les saisies explosent. En 2024, plus de 1,2 million de cartouches ont été interceptées par les douanes rien que sur les axes routiers du sud de la France. Sur les réseaux sociaux, les tutoriels de « crackage » de cartouches pullulent toujours.

Les effets sur la conduite sont comparables à une alcoolémie très élevée : perte des réflexes, vision tunnel, sensation de toute-puissance. Ajoutez à cela l’âge des conducteurs (probablement l’un des deux mineurs au volant, pratique courante), et vous obtenez la recette parfaite du drame.

En 2024, déjà 28 accidents mortels impliquant du protoxyde d’azote ont été recensés en France, selon l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière. Un chiffre en constante augmentation.

Une jeunesse en perdition ?

Ce drame d’Alès pose une fois encore la question de la consommation de substances chez les très jeunes adolescents. À 14 et 15 ans, on ne devrait pas mourir noyé dans une piscine après une sortie de route sous l’emprise de gaz hilarant.

Les réseaux sociaux regorgent de vidéos de défis « proto » où l’on voit des adolescents s’asphyxier volontairement jusqu’à l’évanouissement. Le phénomène touche toutes les catégories sociales, mais particulièrement les quartiers populaires où le trafic de cartouches s’est organisé en parallèle du cannabis et de la cocaïne.

Les parents, souvent démunis, découvrent trop tard l’ampleur du problème. Les établissements scolaires alertent, les associations multiplient les interventions, mais le législateur durcit les sanctions… Rien n’y fait. Le gaz reste accessible, bon marché et surtout « pas vraiment une drogue » aux yeux de nombreux jeunes.

Vers un durcissement législatif plus sévère ?

Après chaque drame médiatisé, les élus locaux réclament des mesures plus radicales. Interdiction totale de vente aux particuliers ? Pénalisation de la consommation sur la voie publique ? Certains pays comme les Pays-Bas ou le Royaume-Uni ont déjà franchi le pas en classant le protoxyde d’azote comme stupéfiant.

En France, la loi de 2021 reste lettre morte dans les faits. Les plateformes de vente en ligne continuent de livrer des caisses entières sans contrôle d’âge sérieux. Et tant que la demande existera, l’offre s’adaptera.

Un quartier sous le choc

À Alès, le quartier est sonné. Des bouquets de fleurs commencent à être déposés le long du muret fracassé. Les riverains, qui ont l’habitude de voir passer des jeunes en voiture tard le soir, n’arrivent pas à réaliser.

« On les entendait souvent rigoler très fort, musique à fond », raconte une voisine. « Mais de là à imaginer ça… »

L’enquête se poursuit son cours. L’autopsie et les analyses toxicologiques diront si d’autres substances étaient présentes dans l’organisme des victimes. Mais une chose est sûre : ce matin-là, trois vies se sont arrêtées brutalement pour une poignée de rires chimiques.

Et demain, d’autres cartouches seront ouvertes, d’autres ballons gonflés, d’autres voitures démarreront dans la nuit. Jusqu’au prochain drame.

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