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Matthew Perry : Le Médecin Face à 40 Ans de Prison

Ce mercredi, le médecin qui a vendu des dizaines de flacons de kétamine à Matthew Perry connaîtra sa peine. Jusqu’à 40 ans de prison pour avoir profité de la rechute de Chandler… Mais qui est vraiment responsable de cette tragédie ?

Imaginez-vous dans votre jacuzzi, seul, à 54 ans, après avoir incarné pendant dix ans le personnage le plus drôle de toute une génération. Et puis plus rien. Juste le silence et une eau qui refroidit. C’est ainsi que s’est éteinte, le 28 octobre 2023, la vie de Matthew Perry.

Deux ans après, la justice américaine s’apprête à refermer un chapitre particulièrement sombre de cette histoire. Ce mercredi, le Dr Salvador Plasencia, médecin accusé d’avoir alimenté l’addiction mortelle de l’acteur à la kétamine, sera fixé sur son sort. Jusqu’à quarante années de prison pèsent sur ses épaules.

Un réseau qui a exploité la fragilité d’une star

L’histoire est aussi tragique que sordide. Matthew Perry suivait à l’origine un traitement supervisé à base de kétamine pour soigner une dépression sévère. Ce médicament anesthésiant, autorisé sous strict contrôle, est devenu pour beaucoup une drogue récréative recherchée pour ses effets dissociatifs. Chez l’acteur, la frontière entre thérapie et dépendance s’est vite effacée.

À l’automne 2023, en pleine rechute, il est tombé entre les mains d’un petit cercle prêt à tout pour profiter de sa vulnérabilité. Au centre : le Dr Salvador Plasencia. Ce dernier a reconnu avoir fourni une vingtaine de flacons à l’acteur dans les semaines précédant sa mort, alors même qu’il n’était pas le fournisseur direct du flacon fatal.

Des messages qui glacent le sang

Les enquêteurs ont exhumé des échanges édifiants. « Je me demande combien ce crétin va payer », écrivait le médecin à un confrère qui lui servait de source d’approvisionnement. Les flacons, achetés une douzaine de dollars, étaient revendus jusqu’à 2 000 dollars pièce à la star.

« Je me demande combien ce crétin va payer »

Message du Dr Plasencia à son fournisseur

Ces mots, lus à voix haute au tribunal, ont provoqué un silence de plomb. Ils résument à eux seuls l’état d’esprit d’une partie des accusés : transformer la détresse d’un homme en business juteux.

Des injections à domicile sans aucune précaution

Le médecin ne se contentait pas de vendre. Il injectait parfois lui-même la substance au domicile de Matthew Perry. Lors d’une de ces séances, la tension artérielle de l’acteur a brutalement grimpé, provoquant une paralysie temporaire. Au lieu de tout arrêter, le Dr Plasencia a laissé plusieurs flacons supplémentaires à l’assistant personnel de la star avant de repartir.

Un comportement qualifié par l’accusation d’« exploitation » pure et simple, sans le moindre « but médical légitime ».

« Profondément repentant »… vraiment ?

Lors de sa plaidoirie de culpabilité en juillet dernier, l’avocate du médecin, Karen Goldstein, a insisté sur le repentir de son client. Elle a présenté l’affaire comme un avertissement pour l’ensemble de la profession et pour l’industrie florissante des cliniques de kétamine à domicile.

Le Dr Plasencia a d’ores et déjà accepté de renoncer définitivement à exercer la médecine. Reste à savoir si le juge estimera cette sanction suffisante face à la gravité des faits.

La « Reine de la kétamine » attend aussi son tour

Le médecin n’est pas seul sur le banc des accusés. Cinq personnes au total sont poursuivies. Toutes ont choisi de plaider coupable. Parmi elles, Jasveen Sangha, surnommée dans les milieux hollywoodiens la « Ketamine Queen ». Cette jet-setteuse américano-britannique aurait fourni le flacon directement responsable de l’overdose fatale.

Sa sentence sera prononcée la semaine prochaine et suscite déjà une attention toute particulière. Beaucoup y voient le véritable épicentre du trafic qui a coûté la vie à Matthew Perry.

Matthew Perry, l’homme derrière Chandler

Derrière le sourire sarcastique de Chandler Bing se cachait une souffrance que peu imaginaient aussi profonde. Dans ses mémoires parus en 2022, Friends, Lovers, and the Big Terrible Thing, l’acteur livrait un témoignage brut sur ses démons.

Il y racontait ses 65 cures de désintoxication, les neuf millions de dollars dépensés pour tenter de s’en sortir, l’opération de sept heures du côlon en 2018 après une perforation liée à sa consommation d’opioïdes. À plusieurs reprises, il écrivait : « J’aurais déjà dû être mort. »

Ces mots prennent aujourd’hui une résonance tragique. Matthew Perry avait survécu à tant d’épisodes critiques qu’on le croyait presque invincible. La kétamine a brisé cette illusion.

Un fléau qui dépasse largement Hollywood

L’affaire met cruellement en lumière l’explosion de l’usage détourné de la kétamine ces dernières années. Initialement plébiscitée pour ses propriétés antidépressives rapides, elle s’est répandue dans des cliniques privées, parfois peu regardantes, et sur le marché noir.

Le cas Matthew Perry n’est malheureusement pas isolé. De nombreuses célébrités ont déjà témoigné de leur propre expérience, parfois thérapeutique, parfois récréative. Mais quand la frontière s’efface et que des professionnels de santé détournent leur serment, les conséquences peuvent être fatales.

Ce procès pourrait marquer un tournant. Les autorités américaines semblent déterminées à envoyer un message fort à toute une industrie qui a parfois prospéré dans un flou réglementaire inquiétant.

Mercredi, un verdict très attendu

Ce mercredi donc, tous les regards seront tournés vers le tribunal de Los Angeles. La peine prononcée contre le Dr Salvador Plasencia servira de baromètre : la justice américaine est-elle prête à frapper fort quand une star meurt des suites d’un trafic organisé ?

Quarante années de prison représentent le maximum théorique. Peu d’observateurs pensent que le juge ira jusque-là, compte tenu du plaider coupable et du casier vierge du médecin. Mais une condamnation lourde reste probable.

Pour les fans de Friends, pour la famille de Matthew Perry, et pour tous ceux qui luttent contre l’addiction, ce verdict aura valeur de symbole. Il dira si la vie d’une icône peut, parfois, valoir plus que quelques milliers de dollars de profit illicite.

En attendant, le jacuzzi est vide. Chandler ne fera plus jamais rire personne. Et quelque part à Los Angeles, un médecin attend de savoir combien d’années il devra payer pour avoir contribué à éteindre cette lumière.

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