Un verdict qui glace le sang. Jeudi 4 juillet, la cour criminelle du Bas-Rhin a condamné Mohamed Tisghiti, 44 ans, à 12 ans de réclusion pour le viol abject d’une octogénaire souffrant des premiers signes de la maladie d’Alzheimer. Un procès qui jette une lumière crue sur la vulnérabilité des personnes âgées face aux prédateurs sexuels.
Un crime odieux contre une victime vulnérable
Les faits remontent à 2022, dans la commune d’Illkirch-Graffenstaden, en banlieue de Strasbourg. La victime, âgée de 84 ans au moment des faits, vivait seule et présentait un début de troubles cognitifs liés à la maladie d’Alzheimer. C’est dans ce contexte de fragilité que Mohamed Tisghiti, un voisin, s’est introduit à son domicile pour commettre l’irréparable.
Lors du procès, les experts psychiatres ont souligné l’état de particulière vulnérabilité de l’octogénaire, dont les capacités de discernement et de résistance étaient altérées par la maladie. Une proie facile pour l’accusé, décrit comme un individu sans scrupules et au lourd passé judiciaire.
Le calvaire d’une grand-mère
Malgré son âge et sa santé déclinante, la victime a courageusement témoigné devant la cour, relatant le cauchemar qu’elle a vécu. Avec une lucidité déchirante, elle a raconté comment Mohamed Tisghiti a abusé de sa confiance et de sa faiblesse pour assouvir ses pulsions perverses.
Je n’avais pas la force de me débattre, de crier. J’étais comme paralysée, prisonnière de mon propre corps. Il a profité de mon état pour me faire subir les pires outrages.
témoignage poignant de la victime devant la cour
Un récit glaçant qui n’a pas manqué d’émouvoir l’assistance et de susciter l’indignation du public. Car au-delà de l’horreur du crime, c’est bien la lâcheté de s’attaquer à une personne fragile et sans défense qui choque le plus dans cette affaire.
Une peine exemplaire, à la hauteur du crime
Face à la gravité des faits et au lourd passé judiciaire de l’accusé, le parquet avait requis une peine de 15 ans de réclusion criminelle. Une demande suivie par la cour, qui a finalement condamné Mohamed Tisghiti à 12 ans de prison ferme.
Une peine lourde mais justifiée selon l’avocat de la victime, pour qui ce procès doit servir d’exemple :
Ce verdict envoie un message clair : notre société ne tolérera pas que l’on s’attaque impunément à nos aînés, à ceux qui ont bâti notre pays et qui méritent respect et protection. La place des prédateurs n’est pas en liberté mais derrière les barreaux.
Maître Dupont, avocat de la partie civile
Une affaire qui en dit long sur les défaillances de notre système
Au-delà du drame individuel, ce procès met en lumière les failles béantes dans la protection des personnes âgées vulnérables. Alors que le nombre de seniors en perte d’autonomie ne cesse de croître, les dispositifs pour assurer leur sécurité et leur dignité restent largement insuffisants.
Manque de personnels dans les EHPAD, services d’aide à domicile débordés, aidants familiaux livrés à eux-mêmes… Les exemples ne manquent pas pour illustrer le sentiment d’abandon ressenti par de nombreuses personnes âgées et leurs proches. Une situation qui les expose à toutes sortes d’abus, de la maltraitance ordinaire aux crimes les plus sordides comme dans cette affaire.
Il est temps que les pouvoirs publics prennent la mesure de ce fléau silencieux et mettent en place des politiques ambitieuses pour garantir le bien-être, la sécurité et la dignité de tous nos aînés. Car une société qui ne protège pas ses membres les plus fragiles est une société qui a perdu son humanité.
Prévenir, protéger, accompagner : les défis de demain
Face à ce constat alarmant, de nombreuses pistes sont à explorer pour renforcer la protection des personnes âgées vulnérables :
- Mieux former les professionnels de santé et d’aide à la personne pour détecter et signaler les situations à risque
- Renforcer les contrôles dans les établissements accueillant des personnes âgées
- Développer des solutions de répit et de soutien pour les aidants familiaux
- Sensibiliser le grand public aux risques de maltraitance et aux moyens d’agir
- Durcir les sanctions pénales contre les auteurs de violences sur personnes vulnérables
Autant de chantiers immenses qui nécessiteront une mobilisation de tous les acteurs – pouvoirs publics, professionnels, associations, citoyens – pour bâtir une société plus juste et plus humaine, où chacun pourra vieillir en sécurité et dans la dignité.
Le procès de Mohamed Tisghiti doit être le point de départ d’une prise de conscience collective. Car ce n’est qu’en unissant nos forces que nous pourrons mettre fin à l’intolérable vulnérabilité de nos aînés face à la violence et à la perversité des prédateurs. Un combat de tous les instants, pour que plus jamais une grand-mère ne subisse le calvaire qu’a enduré cette octogénaire d’Illkirch-Graffenstaden.