Ils l’ont fait. À l’aube ce mardi 2 décembre 2025 à Chengdu, alors que l’équipe de France de tennis de table mixte tremblait face à la Roumanie, Félix et Alexis Lebrun ont sorti le grand jeu quand plus rien n’était permis. Un double décisif, un set gagné 15-13, un deuxième 11-3 : la délivrance. Score final 8-6 et qualification assurée pour la deuxième phase de cette Coupe du monde par équipes mixtes qui sert déjà de répétition générale aux Jeux olympiques de Los Angeles 2028.
Quand tout bascule sur un double fratricide
Cette rencontre avait pourtant mal commencé pour les Bleus. Après avoir balayé un Brésil diminué 8-0 puis cédé logiquement face à l’Allemagne 4-8, la France se retrouvait dos au mur. Une défaite contre la Roumanie aurait presque fermé la porte des demi-finales. Et pendant quatre matches, les deux équipes se sont rendues coup pour coup.
Le double mixte Alexis Lebrun – Jia Nan Yuan donnait trois points d’avance (3-0). Prithika Pavade, malgré un premier set gagné avec panache, craquait ensuite face à Adina Diaconu (1-2). Retour à 3-3. Félix Lebrun, impérial, écrasait ensuite Eduard Ionescu en trois petits sets (11-9, 11-4, 11-4) et redonnait l’avantage 6-3. Mais le double dames Yuan-Pavade sombrait face à l’expérimentée paire Szocs-Samara. 6-6. Rideau.
C’est là qu’arrive le moment que tout le monde attendait : le double hommes décisif. Les frères Lebrun contre Hunor Szocs et Ovidiu Ionescu. Tension maximale.
15-13 : le set qui a fait basculer le match
Le premier set est un véritable bras de fer. Les Roumains mènent 9-7, puis 10-9. Les Lebrun reviennent, sauvent plusieurs balles de set, et finissent par l’emporter 15-13 sur une attaque fulgurante de Félix. Le public chinois, pourtant neutre, retient son souffle. Le deuxième set ? Une démonstration : 11-3. La France exulte. 8-6. Qualification en poche.
Cette victoire n’est pas anodine. Dans ce format inédit où chaque set compte pour un point et où la première équipe à 8 gagne, chaque détail compte. Et les frères Lebrun, 18 et 21 ans seulement, viennent de prouver qu’ils étaient déjà les patrons de cette équipe de France.
Un format taillé pour les JO 2028
Pourquoi autant d’attention sur cette compétition ? Tout simplement parce que ce format par équipes mixtes devrait faire son apparition aux Jeux olympiques de Los Angeles en 2028. Deux hommes, deux femmes, cinq matches (double mixte, simple dame, simple homme, double dames, double hommes). Huit points à aller chercher. Une épreuve ultra-stratégique où l’équilibre entre les genres est crucial.
Et là, la France possède un avantage énorme : deux des cinq meilleurs joueurs mondiaux chez les hommes (Félix 5e, Alexis 16e). Mais derrière, le fossé avec les filles reste béant. Jia Nan Yuan (autour de la 40e place) et Prithika Pavade (jeune espoir) peinent encore face aux meilleures Asiatiques ou aux Roumaines expérimentées.
Le double dames perdu 0-3 face à Szocs-Samara a été cruel. Les commentaires des supporters français sur les réseaux ne s’y trompent pas : « On a les meilleurs frères du monde, mais nos filles… » La sentence est dure, mais réaliste.
« On savait depuis le départ : vu le niveau de nos filles, on n’a aucune chance de médaille. »
Un internaute résumant l’avis général
La deuxième phase : le vrai test commence
Qualifiée en deuxième phase (les deux premiers de chaque groupe), la France va maintenant affronter toutes les autres nations qualifiées, sauf l’Allemagne déjà croisée. Un mini-championnat où chaque point va compter. Les quatre premiers iront en demi-finales.
Le programme s’annonce chargé : matches du mercredi au samedi. Parmi les adversaires probables : la Chine (tenante du titre et ultra-favorite), le Japon, la Corée du Sud, Taïwan… Des nations où les filles sont souvent classées dans le top 15 mondial. Autant dire que les frères Lebrun vont devoir continuer à réaliser des exploits.
Mais cette génération Lebrun semble taillée pour ça. Félix, tout juste 18 ans, vient d’enchaîner une finale 100 % française face à son frère à Mascate (remportée par le cadet). Alexis, plus expérimenté, grimpe au classement comme jamais. Ensemble en double, ils sont quasi invincibles quand ils jouent libérés.
Et maintenant ? Objectif réaliste ou rêve olympique
La grande question reste entière : avec deux phénomènes chez les hommes mais un retard criant chez les femmes, jusqu’où la France peut-elle aller dans ce format mixte ?
En étant totalement honnête, une médaille paraît aujourd’hui très compliquée face aux mastodontes asiatiques. La Chine alignera probablement Wang Chuqin/Fan Zhendong chez les hommes et Sun Yingsha/Chen Meng chez les femmes. Imbattable.
Mais le Japon, la Corée ou même Taïwan sont prenables si les Lebrun continuent sur leur lancée et si Jia Nan Yuan et Prithika Pavade parviennent à grappiller quelques sets précieux. Une place dans le top 6 mondial serait déjà un exploit. Le top 4 ? Un rêve accessible si tout s’aligne.
Ce qui est sûr, c’est que cette Coupe du monde 2025 est bien plus qu’une compétition de fin d’année. C’est le début d’un cycle olympique où la France possède enfin des leaders capables de porter une équipe entière sur leurs épaules. Les frères Lebrun ne sont plus des espoirs. Ils sont déjà l’arme fatale du tennis de table français.
Et quelque part, à Chengdu, ce double gagné 15-13 puis 11-3 n’était pas qu’une simple victoire de poule. C’était un message envoyé au monde entier : les Lebrun sont là, et ils ont bien l’intention de tout casser jusqu’en 2028.
À suivre, donc. Très attentivement.









