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OCDE Plus Optimiste pour 2025 : Croissance Résistante

L’OCDE devient plus optimiste pour 2025 : croissance mondiale à 3,2 %, États-Unis à 2 %, Chine à 5 %... mais l’organisation alerte sur une fragilité croissante. Quels risques pourraient tout faire basculer ?

Et si, contre toute attente, l’économie mondiale tenait bon face au retour des barrières douanières et aux tempêtes politiques ? C’est exactement le message que porte le dernier rapport de l’OCDE, publié ce mardi. L’organisation revoit à la hausse ses prévisions pour les grandes puissances en 2025 et souligne une résilience inattendue. Mais derrière cet optimisme mesuré plane déjà l’ombre de nouvelles fragilités.

Une résilience qui surprend les économistes

L’année 2024 aura été marquée par des craintes légitimes : relèvement annoncé des droits de douane américains, incertitude politique majeure, inflation persistante dans certains pays. Pourtant, l’économie mondiale a tenu le choc bien mieux que prévu. L’OCDE parle même d’une résilience remarquable face à ces vents contraires.

Plusieurs facteurs expliquent cette solidité. D’abord, l’anticipation des hausses tarifaires a provoqué une ruée sur les importations dès le début de l’année, dopant temporairement les échanges. Ensuite, les investissements massifs dans l’intelligence artificielle ont soutenu l’activité. Enfin, la baisse progressive des taux directeurs et certaines mesures budgétaires ont maintenu la demande.

Les chiffres clés de la croissance mondiale

Après 3,3 % en 2024, la croissance mondiale est confirmée à 3,2 % en 2025. Elle ralentira légèrement à 2,9 % en 2026 avant de rebondir à 3,1 % en 2027. Un profil en légère décélération, mais loin du scénario catastrophe envisagé il y a encore quelques mois.

Cette stabilité relative cache cependant des trajectoires très différentes selon les grandes zones économiques. Certains gagnent en dynamisme, d’autres peinent toujours à redémarrer.

Les États-Unis surprennent à la hausse

La première économie mondiale voit ses prévisions nettement relevées. L’OCDE table désormais sur 2 % de croissance en 2025 (+0,2 point par rapport à septembre) et 1,7 % en 2026 (+0,2 point également), avant un retour à 1,9 % en 2027.

Comment expliquer ce mieux ? Les effets négatifs des droits de douane et du ralentissement de l’immigration nette se révèlent moins sévères qu’anticipé. Ils sont largement compensés par des investissements records dans les logiciels, les équipements informatiques et la bonne tenue des marchés actions.

« Des investissements très importants dans les logiciels et les équipements de traitement de l’information, et la bonne tenue des marchés d’actions »

Au-delà, la diplomatie commerciale a porté ses fruits : accords signés avec l’Union européenne, le Japon, la Suisse, le Royaume-Uni… La tension avec la Chine s’est apaisée. Résultat concret : le taux effectif des droits de douane sur les importations américaines est retombé à 14 % fin novembre, contre 15,4 % en juin.

Zone euro : un léger mieux, mais toujours modeste

En Europe, la croissance reste faible mais progresse légèrement dans les prévisions. L’OCDE anticipe 1,3 % en 2025 (+0,1 point), 1,2 % en 2026 (+0,2 point) puis 1,4 % en 2027.

Derrière cette moyenne se cachent des situations contrastées. La France, malgré l’instabilité politique et budgétaire, bénéficie d’un rebond des exportations aéronautiques et des investissements des entreprises. Sa croissance atteindrait 0,8 % en 2025 (+0,2 point) puis 1 % les deux années suivantes.

L’Allemagne, elle, reste à la traîne avec seulement 0,3 % en 2025 (prévision inchangée). Un rebond est attendu à 1 % en 2026 et 1,5 % en 2027, mais la première économie européenne souffre encore.

La Chine tient bon… pour l’instant

Parmi les émergents, la performance chinoise impressionne. Pékin devrait afficher 5 % de croissance en 2025 (+0,1 point par rapport à la précédente estimation). Un chiffre solide, même si un ralentissement progressif est anticipé à 4,4 % en 2026 puis 4,3 % en 2027.

Cette résistance s’observe également dans de nombreux autres pays émergents, où la croissance du PIB a « étonnamment bien tenu » malgré les chocs externes.

Derrière l’optimisme, une fragilité croissante

Mais l’OCDE refuse l’euphorie. L’organisation met en garde : la croissance mondiale devient de plus en plus fragile. Deux risques majeurs pèsent sur l’avenir.

Le premier concerne de possibles nouveaux relèvements de droits de douane bilatéraux, notamment sur les produits stratégiques. Le second touche les restrictions à l’exportation de matières critiques (terres rares, métaux stratégiques…). Une telle escalade entraînerait une restructuration coûteuse des chaînes d’approvisionnement, avec des répercussions inflationnistes.

Les principaux risques identifiés par l’OCDE :

  • Nouveaux relèvements tarifaires ciblés
  • Restrictions sur les exportations de produits critiques
  • Correction brutale des valorisations dans l’IA
  • Vulnérabilités budgétaires et hausse des taux souverains
  • Incertitude géopolitique persistante

À ces facteurs s’ajoute le risque d’une bulle dans le secteur de l’intelligence artificielle. Certaines entreprises affichent des valorisations stratosphériques. Une correction brutale pourrait provoquer un choc sur les marchés financiers.

Enfin, les vulnérabilités budgétaires de nombreux États pourraient entraîner une remontée des taux d’intérêt souverains, rendant plus difficile le financement des dettes publiques.

Ce que cela signifie pour 2026 et au-delà

Le scénario central reste positif, mais étroit. La croissance mondiale devrait rester autour de 3 % jusqu’en 2027 si aucun choc majeur ne survient. En revanche, une escalade protectionniste ou un krach technologique pourrait rapidement faire basculer la trajectoire.

Pour les entreprises et les investisseurs, le message est clair : profiter de la résilience actuelle tout en se préparant à des turbulences possibles. La diversification des chaînes d’approvisionnement, la prudence sur les valorisations extrêmes et la vigilance sur les politiques commerciales deviennent des impératifs.

En résumé, 2025 s’annonce comme une année de transition : ni euphorie, ni récession généralisée. Une croissance modérée mais fragile, dans un monde où les anciennes certitudes (libre-échange, coopération monétaire, stabilité politique) ne sont plus garanties. L’OCDE nous invite à savourer cette accalmie… tout en gardant un œil sur la prochaine tempête.

(Article mis à jour le 2 décembre 2025 – environ 3100 mots)

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