ActualitésPolitique

Élection Partielle Explosive au Tennessee : Trump en Sueur

Il y a un an, Trump écrasait cette circonscription du Tennessee de plus de 22 points. Mardi, le républicain n’a que 2 points d’avance… Un siège qui peut faire basculer toute la majorité à la Chambre. Le président joue gros dès les premières semaines de son retour. Et si c’était déjà le début de la fin ?

Imaginez un bastion imprenable, un de ces coins d’Amérique où le rouge républicain semble couler dans les veines depuis des décennies. En novembre 2024, Donald Trump y pulvérisait son adversaire de plus de vingt-deux points. Un score soviétique, presque insultant pour l’opposition. Et pourtant, à peine un an plus tard, ce même territoire tremble. Une simple élection législative partielle, censée n’être qu’une formalité, se transforme en cauchemar pour le camp trumpiste. Les sondages sont au coude-à-coude. Les grands pontes paniquent. Le président lui-même monte au front. Bienvenue dans la septième circonscription du Tennessee, là où tout peut basculer mardi soir.

Un siège qui vaut de l’or à Washington

À la Chambre des représentants, les républicains ne tiennent leur majorité que par un fil. Trois sièges. Pas un de plus. Le congressman Tim Burchett, élu du Tennessee, l’a résumé sans détour : « Nous sommes littéralement à trois personnes de perdre la majorité. » Une grippe carabinée, un accident, une démission surprise, et c’est la catastrophe. Chaque élection partielle devient un enjeu national. Celle du Tennessee n’échappe pas à la règle, bien au contraire.

Le poste est vacant depuis la démission d’un républicain. Traditionnellement, ce genre de scrutin dans un district aussi conservateur se règle en promenade de santé. Cette fois, rien n’est moins sûr. Le dernier sondage Emerson College place le candidat républicain Matt Van Epps à 48 % et la démocrate Aftyn Behn à 46 %. Deux petits points d’écart. Une marge d’erreur qui fait frémir tout le parti.

Quand les sondeurs parlent de « retournement marquant »

Spencer Kimball, directeur d’Emerson College, ne mâche pas ses mots : ce qui se passe dans cette circonscription est un « retournement marquant » en à peine douze mois. Il y a un an, Trump y récoltait des scores dignes d’un plébiscite. Aujourd’hui, 47 % des habitants approuvent son action contre 49 % qui la désapprouvent. Deux points de désaveu net. Dans un coin aussi rouge, c’est un séisme.

Le directeur du sondage ajoute que tout va se jouer sur la mobilisation : qui viendra voter, qui restera chez soi. Classique, certes, mais décisif quand l’écart se compte en poignées de bulletins.

« Le monde entier regarde le Tennessee en ce moment, et ils regardent votre circonscription »

Donald Trump, en direct téléphonique au meeting de Matt Van Epps

Country, flingues, frontières : la panoplie trumpiste complète

Pour galvaniser ses troupes, le président a ressorti l’artillerie lourde culturelle. Il a accusé Aftyn Behn, la candidate démocrate de 36 ans, de « détester le christianisme » et, pire encore dans le Tennessee, de « détester la musique country ». Rires dans la salle. L’intéressée avait simplement critiqué le tourisme de masse qui transforme Nashville en parc d’attractions. Peu importe : dans la bouche de Trump, cela devient une attaque contre l’âme même du Sud.

Sur Truth Social, l’ancien et futur président a enfoncé le clou : frontières ouvertes, armes confisquées, « transgenre pour tous », hommes dans les compétitions féminines. Le kit complet du croque-mitaine démocrate version 2025.

La réplique cinglante d’Aftyn Behn

La candidate démocrate n’a pas laissé passer l’occasion. Interrogée par Newsweek, elle a répondu avec un calme glacial : le président agite ces épouvantails parce qu’il n’a aucun plan concret pour faire baisser le coût de la santé, des courses ou des factures. Un argument qui touche au portefeuille, terrain où Trump pensait pourtant être imbattable.

« Le président Trump dit toutes ces choses parce qu’il est incapable d’avoir un plan pour faire face aux coûts croissants de la santé et pour s’assurer que les travailleurs du Tennessee puissent se payer des soins, leurs courses, leurs factures »

Aftyn Behn

Un scrutin qui sent le référendum

Officiellement, le nom de Donald Trump ne figure sur aucun bulletin mardi. Pourtant, tout le monde comprend que cette partielle ressemble furieusement à un premier test grandeur nature du second mandat. Après des résultats décevants lors des élections locales de novembre, une victoire étriquée, voire une défaite, serait un camouflet retentissant.

Dans les états-majors républicains, on croise les doigts pour que les abstentionnistes de droite se réveillent. Côté démocrate, on rêve de transformer l’essai : faire basculer un district aussi conservateur serait un signal fort envoyé à tout le pays. Preuve que la lune de miel trumpiste pourrait être très courte.

Nashville, capitale de la country et laboratoire politique

La circonscription englobe une partie de Nashville, ville en pleine mutation. La capitale mondiale de la country attire des millions de touristes, des start-up, des jeunes diplômés. Le visage du Tennessee change. Les quartiers gentrifiés votent plus volontiers démocrate. Les zones rurales, elles, restent farouchement rouges. C’est cette fracture que l’élection de mardi va cristalliser.

Les thèmes culturels agités par Trump (country, religion, armes) parlent encore à une large partie de l’électorat. Mais le pouvoir d’achat, l’inflation persistante, les primes d’assurance santé qui explosent parlent peut-être plus fort aujourd’hui.

Pourquoi cette élection nous concerne tous

Même à des milliers de kilomètres, ce qui se passe dans cette petite circonscription du Tennessee nous regarde. Une bascule démocrate fragiliserait immédiatement la majorité républicaine à la Chambre. Les projets phares du président – baisses d’impôts massives, dérégulation, politique migratoire dure – pourraient être bloqués dès le premier semestre.

À l’inverse, une victoire large de Matt Van Epps donnerait un blanc-seing à Trump pour appliquer son programme sans entraves. Les prochains mois de politique américaine se jouent en partie mardi soir dans les bureaux de vote du Middle Tennessee.

Une chose est sûre : quand un siège censé être acquis à 70 % se retrouve à 48-46 un an plus tard, c’est que quelque chose a profondément bougé dans l’électorat. Reste à savoir si ce frémissement est passager… ou s’il annonce la tempête.

Les bureaux ferment à 19 heures locales. Les premiers résultats tomberont dans la nuit. Et le monde, comme l’a dit Donald Trump lui-même, regardera le Tennessee.

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.