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Vanguard Ouvre la Porte aux ETF Crypto : Révolution ou Compromis ?

Le plus grand gestionnaire d’actifs au monde, longtemps farouchement anti-crypto, vient de craquer. Dès demain, les clients Vanguard pourront acheter des ETF Bitcoin, Ethereum, Solana et XRP. Mais pourquoi maintenant, et surtout… jusqu’où ira ce revirement ? La réponse risque de vous surprendre.

Imaginez la scène : pendant des années, un invité bruyant, habillé de couleurs flashy et parlant un peu trop fort, s’est vu refuser l’entrée du dîner familial. On lui disait qu’il n’était pas assez sérieux, pas assez stable. Et puis, un jour de décembre 2025, le patriarche se lève, tire une chaise et déclare calmement : « Tu peux t’asseoir… mais seulement si tu portes un costume-cravate. »

Cette métaphore résume parfaitement ce qui vient de se passer chez Vanguard, le gestionnaire d’actifs aux 10 000 milliards de dollars sous gestion. L’invité, c’est la cryptomonnaie. Le costume-cravate ? Les ETF spot. Et la chaise ? L’accès à la plateforme de courtage la plus conservatrice de la planète.

Vanguard dit oui aux ETF crypto : le tournant historique du 2 décembre 2025

À partir du mardi 2 décembre 2025, les clients de Vanguard pourront enfin acheter et vendre des ETF adossés à Bitcoin, Ethereum, Solana et XRP directement sur leur compte-titres habituel. Une petite ligne dans un communiqué interne, mais un séisme dans l’univers de la finance traditionnelle.

Pour bien comprendre l’ampleur du choc, il faut se souvenir du passé. Vanguard a toujours été le temple de l’investissement passif, low-cost et ultra-prudent. Son ancien PDG, Tim Buckley, qualifiait encore le Bitcoin de « spéculation immature » en 2023. Son successeur, Salim Ramji, répétait il y a à peine quelques mois qu’il ne lancerait jamais de produits crypto « juste pour suivre la mode ».

Et pourtant, le voilà qui ouvre la porte. Pas en grand, certes. Mais suffisamment pour que des millions d’investisseurs américains puissent, d’un simple clic, s’exposer aux cryptos les plus capitalisées sans quitter l’écosystème Vanguard.

Qu’est-ce qui a fait craquer le roc Vanguard ?

Plusieurs éléments ont joué en coulisse.

D’abord, les performances. Les ETF Bitcoin et Ethereum spot lancés en 2024 ont traversé plusieurs tempêtes – chute de 30 % en août 2025 comprise – sans jamais dévier de leur mission première : suivre le prix du sous-jacent avec une précision chirurgicale. Les écarts de tracking sont restés inférieurs à 0,3 %. Pour une firme obsédée par la discipline d’investissement, c’est un argument de poids.

Ensuite, la pression concurrentielle. Quand vos clients voient BlackRock (IBIT), Fidelity (FBTC) ou Ark Invest engranger des dizaines de milliards de dollars d’afflux chaque mois pendant que vous restez sur le banc de touche, la question devient douloureuse.

Enfin, la demande des clients eux-mêmes. Les conseillers financiers rapportent que même les retraités les plus prudents posent désormais la question : « Pourquoi je ne peux pas avoir 2 ou 3 % en Bitcoin chez vous, comme chez mon voisin qui est chez Schwab ? »

« Les ETF crypto ont prouvé qu’ils fonctionnaient comme prévu, même dans des conditions de marché difficiles. »

Communication interne Vanguard, novembre 2025

Un compromis, pas une conversion

Attention cependant : Vanguard n’a pas soudainement bu la kool-aid crypto. Loin de là.

Le géant refuse toujours :

  • De lancer ses propres ETF crypto
  • D’autoriser l’achat direct de cryptomonnaies
  • D’offrir des ETF sur des actifs plus spéculatifs (meme coins, DeFi tokens…)
  • D’inclure ces produits dans ses fonds cibles à date (target-date funds)

En clair, on accepte les ETF existants (ceux de BlackRock, Bitwise, Grayscale, etc.), mais on garde la main sur ce qui entre dans les portefeuilles modèles. C’est une ouverture contrôlée, presque chirurgicale.

Que change concrètement cette décision pour l’investisseur ?

Pour le client Vanguard moyen – souvent un investisseur longue durée, adepte du « buy and hold » –, c’est une petite révolution tranquille.

Désormais, il pourra :

  • Allouer une petite poche (1 à 5 %) à Bitcoin ou Ethereum sans changer de courtier
  • Bénéficier des frais de transaction Vanguard parmi les plus bas du marché
  • Rester dans un environnement 100 % réglementé et assuré SIPC
  • Éviter les complications fiscales des wallets privés

En pratique, cela risque d’accélérer l’adoption chez les plus de 50 ans, cette catégorie démographique que les plateformes crypto classiques peinent encore à séduire.

Et les autres géants traditionnels ?

Vanguard était le dernier grand bastion anti-crypto parmi les courtiers américains grand public.

Charles Schwab et Fidelity avaient déjà ouvert la porte aux ETF spot dès 2024. Wells Fargo et Merrill Lynch ont suivi en 2025. Même Morgan Stanley autorise désormais certains conseillers à proposer des ETF Bitcoin à leurs clients accrédités.

Avec Vanguard dans le camp des « oui, mais », il ne reste plus aucun acteur majeur pour tenir la ligne dure. Le message est clair : les ETF crypto sont devenus, en moins de deux ans, des produits comme les autres.

Quel impact sur le marché crypto ?

À court terme, l’effet sera probablement limité. Les clients Vanguard sont connus pour leur inertie : ils rééquilibrent rarement leur portefeuille.

Mais à moyen terme (6 à 24 mois), les analystes estiment que plusieurs dizaines de milliards de dollars pourraient affluer vers les ETF existants grâce à cette nouvelle rampe d’accès. C’est l’équivalent de plusieurs « halving » en termes d’offre/demande.

Et surtout, c’est un signal psychologique énorme. Quand le plus pur des puristes traditionnels finit par céder, c’est que le Bitcoin a bel et bien passé le test du temps.

Vers une normalisation totale ?

Cette décision pose une question fascinante : qu’est-ce qui reste encore comme barrière entre la finance traditionnelle et la finance décentralisée ?

Il y a cinq ans, détenir du Bitcoin était réservé aux geeks et aux libertariens. Aujourd’hui, vous pouvez en acheter dans votre plan retraite 401(k) chez Fidelity, ou bientôt dans votre compte-titres chez le roi de l’indexation passive.

Le chemin parcouru est vertigineux.

Et demain ? Peut-être que Vanguard finira par inclure une micro-poche Bitcoin dans ses fonds à date pour les générations nées après 1990. Peut-être que les banques centrales elles-mêmes finiront par en détenir dans leurs réserves. L’histoire n’est pas terminée.

Mais une chose est sûre : ce 2 décembre 2025 marque la fin officielle de la guerre froide entre Wall Street et la cryptomonnaie.

Le Bitcoin ne demande plus la permission. Il a simplement pris place à table.

Et personne n’a osé lui dire de partir.

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