Imaginez une capitale entière qui vibre au rythme de tambours et de slogans. Des drapeaux rouge, jaune et bleu flottant à perte de vue. Des voix qui hurlent « No pasarán ! » face à ce qu’ils considèrent comme la plus grande menace depuis des décennies. C’est exactement ce qui s’est passé ce lundi à Caracas.
Une marée humaine contre l’interventionnisme américain
Des centaines de milliers de Vénézuéliens, selon les organisateurs, ont défilé dans les principales artères de la capitale pour dire non aux « menaces » des États-Unis. Une mobilisation impressionnante, organisée en quelques jours seulement, qui montre que le gouvernement de Nicolás Maduro conserve une base populaire prête à descendre dans la rue au premier signal.
Les pancartes étaient claires : « Gringo go home », « Le Venezuela se respecte », « Le pétrole est à nous ». Un message directement adressé à Washington, accusé de vouloir s’emparer des immenses réserves pétrolières du pays sous prétexte de lutte contre le narcotrafic.
Des voix venues du peuple
Narciso Torrealba, 68 ans, leader communautaire du quartier populaire du 23 de Enero, résume l’état d’esprit général :
« Nous sommes une patrie libre, nous ne voulons pas la guerre, nous voulons la paix ! »
À ses côtés, Cirilo Cazorla, 54 ans, ajoute avec détermination :
« Nous sommes prêts à dialoguer avec qui nous devons dialoguer, mais jamais à renoncer à la souveraineté de notre pays, jamais à vendre la patrie. »
L’ombre du plus grand porte-avions du monde
Depuis septembre, la marine américaine a déployé d’importantes forces en mer des Caraïbes. Au cœur de ce dispositif : l’USS Gerald R. Ford, le porte-avions le plus moderne et le plus imposant jamais construit. Un message clair envoyé à Caracas : Washington est prêt à agir.
Le gouvernement américain justifie cette présence par la lutte contre les cartels de la drogue. Mais au Venezuela, on y voit surtout une tentative d’intimidation pour provoquer un changement de régime.
Et les événements récents donnent du crédit à cette lecture.
Des frappes controversées qui font polémique
Depuis le début des opérations, les forces américaines ont mené des frappes contre plus de vingt navires dans les Caraïbes et le Pacifique. Bilan officiel : au moins 83 morts. Problème : aucune preuve n’a été rendue publique établissant un lien entre ces bateaux et le trafic de drogue.
Aucun suspect n’a été arrêté. Aucun interrogatoire n’a eu lieu. L’ONU et plusieurs experts en droit international s’interrogent ouvertement sur la légalité de ces actions. Certains parlent même d’« exécutions extrajudiciaires en haute mer ».
Cette absence de transparence alimente la colère à Caracas et renforce le récit d’une agression impérialiste déguisée.
Un appel téléphonique qui fait jaser
Dimanche, Donald Trump a reconnu avoir eu une conversation téléphonique directe avec Nicolás Maduro. Une information confirmée par les deux parties, mais dont le contenu reste secret.
Du côté vénézuélien, on affirme que le président américain aurait menacé de renverser le gouvernement pour s’emparer du pétrole. De l’autre côté de l’Atlantique, on parle plutôt d’un ultimatum sur la question des narcotrafiquants présumés hébergés par Caracas.
Quoi qu’il en soit, cet échange a mis le feu aux poudres et servi de déclencheur à la grande manifestation du lundi.
Une escalade qui touche le ciel
Washington a émis une alerte à l’aviation civile mettant en garde contre « l’aggravation de la situation sécuritaire » autour du Venezuela. Conséquence immédiate : au moins six compagnies aériennes internationales ont annulé leurs vols vers Caracas.
En rétorsion, Nicolás Maduro a révoqué les autorisations d’exploitation de ces compagnies sur le territoire vénézuélien. Un bras de fer qui isole un peu plus le pays, déjà sous le coup de lourdes sanctions économiques.
Les figures du pouvoir en première ligne
La vice-présidente Delcy Rodríguez s’est adressée à la foule depuis un camion-sono :
« Aujourd’hui, le Venezuela mène une lutte pour la défense de son pays, pour la défense de sa souveraineté, pour la défense de ses ressources. »
Jorge Rodríguez, président de l’Assemblée nationale et frère de Delcy, a quant à lui promis que le peuple resterait mobilisé :
« Malgré ces menaces, ces stratégies stupides de guerre psychologique, leurs mensonges, leurs calomnies, nous continuerons dans la rue, défendant la joie et défendant la patrie. »
Un pays au bord du précipice ?
Ce lundi, Caracas a montré qu’elle était prête à résister. Mais pour combien de temps ? La réunion du Conseil de sécurité nationale convoquée par Donald Trump pourrait déboucher sur des décisions lourdes de conséquences.
Intervention militaire directe ? Nouvelles sanctions ? Blocus naval renforcé ? Personne ne sait encore ce qui sortira de cette rencontre à la Maison Blanche.
Ce qui est certain, c’est que le Venezuela entre dans une phase décisive de son histoire. Entre fierté nationale et réalité d’un pays épuisé par des années de crise, le peuple continue de marcher. La tête haute. Le cœur battant. Dans l’attente du prochain coup de théâtre.
Et pendant ce temps, au large des côtes, l’ombre immense du porte-avions américain continue de planer…









