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Léon XIV Plante l’Olivier de la Paix à Beyrouth

Sous une immense tente blanche, au milieu de Beyrouth, Léon XIV vient de planter un jeune olivier entouré de tous les chefs religieux libanais. Un appel solennel à l’unité dans un pays toujours divisé… Mais ce symbole suffira-t-il à faire taire les vieilles rancœurs ?

Imaginez une place historique, théâtre autrefois des pires affrontements de la guerre civile, transformée pour quelques heures en jardin de paix. Au centre, un homme en blanc, entouré de dignitaires aux tenues les plus diverses, pose délicatement un jeune olivier dans la terre libanaise. Ce n’est pas une scène de film : c’est Beyrouth, en cette fin d’année, et l’homme s’appelle Léon XIV.

Un Symbole Fort au Cœur d’une Ville Blessée

La place des Martyrs, ligne de fracture entre Beyrouth-Est et Beyrouth-Ouest pendant quinze années de guerre, accueillait lundi une tente blanche gigantesque. Sous cette coupole improvisée, seize des dix-huit communautés religieuses du pays étaient représentées. Seuls manquaient les représentants juifs et ismaéliens, dont la présence s’est raréfiée ces dernières décennies.

Autour du pape, les visages étaient graves mais empreints d’espérance. L’appel à la prière musulmane résonnait depuis une mosquée voisine tandis que les cloches d’une église toute proche semblaient répondre. Ce mélange sonore, si typique du Liban, prenait soudain une dimension universelle.

Un Appel Solennel à l’Unité Nationale

« Vous êtes appelés à être des artisans de paix », a lancé Léon XIV avec force. Le message était clair : face à l’intolérance, à la violence et à l’exclusion, les responsables religieux ont une responsabilité particulière.

À une époque où la coexistence peut sembler être un rêve lointain, le peuple libanais, bien qu’il embrasse différentes religions, nous rappelle avec force que la peur, la méfiance et les préjugés n’ont pas le dernier mot.

Léon XIV, Beyrouth

Ces mots ont résonné particulièrement fort dans un pays où le système politique repose entièrement sur l’équilibre confessionnel : président maronite, Premier ministre sunnite, président du Parlement chiite. Un modèle unique dans le monde arabe, mais qui génère aussi des tensions permanentes.

L’Olivier, Sym049 Sacré des Trois Religions Monothéistes

Le choix de l’olivier n’a rien d’anodin. Présent dans la Bible, le Coran et la Torah, cet arbre millénaire incarne la réconciliation depuis des siècles. En le plantant solennellement, le souverain pontife a voulu ancrer son message dans une symbolique commune à tous les Libanais.

Le geste a été accompli en fin de cérémonie, sous les applaudissements mesurés mais sincères des centaines de participants. Certains y ont vu un signe d’espérance, d’autres un rappel douloureux du chemin qu’il reste à parcourir.

Le Liban, Laboratoire du Vivre-Ensemble

Pour beaucoup d’observateurs, cette rencontre met en lumière une spécificité libanaise souvent méconnue : même aux heures les plus sombres de son histoire, le dialogue interreligieux n’a jamais complètement cessé.

Nayla Tabbara, présidente de l’ONG Adyan qui œuvre depuis 2006 au rapprochement communautaire, explique que le pays possède une expérience unique dans la région. « Même pendant la guerre, des initiatives ont perduré. Le pape a voulu rappeler au monde ce que le Liban peut lui apporter ».

Cette expertise du dialogue prend tout son sens dans un Moyen-Orient où les conflits communautaires font rage. Le Liban, malgré ses failles, reste un exemple rare de pluralisme religieux institutionnalisé.

Des Blessures Encore Vives

Pourtant, la réalité reste complexe. La guerre avec Israël, qui a pris fin il y a un an, a laissé des traces profondes. L’ouverture d’un front par le Hezbollah en octobre 2023 pour soutenir le Hamas palestinien avait profondément divisé le pays.

De nombreuses communautés, à commencer par les chrétiens, s’étaient opposées à cette décision unilatérale. Un an plus tard, les tensions sont encore palpables, même si la situation militaire s’est apaisée.

Fouad Khreiss, dignitaire chiite présent à la cérémonie, reconnaît la difficulté : « Le Liban traverse une période très compliquée. Mais l’unité de ses fils reste notre plus grande force ».

Un Message qui Dépassent les Frontières Libanaises

Au-delà du contexte local, le déplacement de Léon XIV porte une dimension universelle. Dans un monde marqué par les replis identitaires et les conflits religieux, le modèle libanais, malgré ses imperfections, mérite d’être regardé avec attention.

La tente blanche dressée place des Martyrs n’était pas qu’un décor. Elle symbolisait ce que pourrait être le Liban si ses différentes composantes acceptaient enfin de faire nation ensemble : un espace de rencontre plutôt qu’un champ de bataille.

Le jeune olivier planté lundi aura besoin de temps, d’eau et de soin pour grandir. Comme la paix au Liban, il reste fragile. Mais il est là, enraciné dans la terre même où tant de sang a coulé. Et cela, déjà, constitue un commencement.

En quittant Beyrouth, Léon XIV emporte avec lui l’image de ces dignitaires de toutes confessions debout côte à côte. Un cliché rare dans la région. Un cliché qui, peut-être, fera date.

À retenir : Seize communautés religieuses représentées, un olivier planté sur la ligne de fracture de la guerre civile, un appel commun à dépasser la peur et la méfiance. Pour la première fois depuis longtemps, le Liban a montré au monde son visage apaisé.

Le chemin sera long. Les vieux démons ne meurent jamais complètement. Mais lundi, sous cette tente blanche, quelque chose a bougé. Imperceptiblement peut-être. Mais réellement.

Et parfois, dans l’histoire des peuples, un arbre suffit à faire naître l’espoir.

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