Imaginez un instant que votre pays, soumis à des sanctions internationales depuis des décennies, découvre sous ses pieds l’une des plus grandes réserves d’or jamais identifiées. Ce n’est pas un scénario de film, c’est ce qui vient de se produire en Iran.
Un nouveau filon exceptionnel vient d’être officiellement validé : 61 millions de tonnes de minerai contenant de l’or, dans la mine de Shadan, située dans l’est du territoire. Une nouvelle qui tombe à pic pour un pays en quête permanente de solutions pour protéger son économie.
Un Trésor National Qui Change la Donne
La découverte n’est pas anodine. Elle porte les réserves définitives de la mine de Shadan à un niveau jamais atteint auparavant. Le ministère de l’Industrie, des Mines et du Commerce a donné son feu vert après des études approfondies. Ce n’est donc plus une simple hypothèse géologique, mais une réalité certifiée.
Pour comprendre l’ampleur, il faut se rappeler que l’Iran dispose déjà d’une quinzaine de mines d’or en exploitation. La plus importante reste celle de Zarshouran, dans le nord-ouest. Shadan vient désormais bouleverser la hiérarchie et place le pays parmi les acteurs qui comptent sur la carte mondiale de l’or.
Pourquoi l’Or Devient l’Arme Stratégique de Téhéran
Depuis la réimposition des sanctions américaines renforcées en 2018, l’Iran cherche activement à réduire sa dépendance au dollar et aux devises étrangères. Le pétrole, autrefois colonne vertébrale des recettes, est de plus en plus difficile à exporter. Résultat : le secteur minier, et particulièrement l’or, monte en première ligne.
L’or présente plusieurs avantages décisifs. Il est universellement accepté, facilement transportable et surtout impossible à sanctionner de la même manière que les transactions bancaires classiques. Chaque once extraite représente une bouffée d’oxygène pour les réserves de change.
Cette stratégie n’est pas nouvelle, mais elle prend une ampleur inédite. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : la Banque centrale iranienne figurait, pour l’année 2023-2024, parmi les cinq institutions mondiales ayant le plus augmenté leurs achats d’or sur le marché international.
« Nous cherchons à diminuer la dépendance aux devises étrangères et à renforcer la résilience de l’économie »
Cette phrase, prononcée récemment par des responsables économiques, résume parfaitement la doctrine actuelle. L’or n’est plus seulement un métal précieux, il est devenu un outil géopolitique.
L’Inflation et le Rial : le Drame Quotidien des Iraniens
Pour le citoyen lambda, l’or a une tout autre signification : celle d’une valeur refuge face à la dégringolade continue du rial. Le cours informel du dollar frôle désormais les 1,17 million de rials et l’euro dépasse les 1,36 million. Des chiffres qui donnent le vertige.
L’hyperinflation ronge le pouvoir d’achat. Les salaires, même revalorisés, fondent comme neige au soleil. Dans ce contexte, l’or physique – sous forme de pièces ou de bijoux – reste le placement préféré des familles iraniennes. Les bijouteries des bazars ne désemplissent pas lors des périodes de crise monétaire.
Le prix local de l’or suit d’ailleurs la même trajectoire ascendante que sur les marchés mondiaux. Il atteint régulièrement des records, reflétant à la fois la demande interne et la perte de confiance dans la monnaie nationale.
Que Contient Réellement Ce Gisement de 61 Millions de Tonnes ?
Attention à ne pas confondre tonnage total et or pur. Les 61 millions de tonnes correspondent au volume global de roche contenant le métal précieux. La teneur exacte n’a pas été rendue publique, mais même à des grades relativement modestes, le potentiel reste colossal.
Pour donner un ordre de grandeur, une mine d’or moderne exploite souvent des teneurs comprises entre 1 et 10 grammes par tonne. Si Shadan se situe dans la moyenne haute du secteur iranien, cela représenterait plusieurs centaines de tonnes d’or pur – une quantité capable d’alimenter la Banque centrale pendant de nombreuses années.
Note technique : Le tonnage annoncé inclut la roche stérile et le minerai. Seule une fraction, même infime, sera transformée en lingots. Mais dans le contexte iranien, chaque gramme compte.
Les Défis Techniques et Environnementaux à Venir
Extraire cet or ne sera pas une mince affaire. La mine de Shadan est située dans une zone semi-désertique où l’eau est rare et précieuse. Le traitement du minerai nécessite souvent du cyanure ou d’autres produits chimiques, posant des questions environnementales délicates.
Le gouvernement devra également investir massivement dans les infrastructures : routes, usines de traitement, lignes électriques. Des partenariats avec des entreprises étrangères, même discrètes, pourraient être nécessaires malgré les sanctions.
Mais la volonté politique semble inébranlable. Le secteur minier fait partie des priorités du plan de développement à long terme. Chaque nouvelle mine ouverte est présentée comme une victoire de la résilience nationale.
Une Nouvelle Ère pour l’Économie Iranienne ?
Cette découverte arrive à un moment charnière. Les négociations sur le nucléaire patinent, les sanctions restent en place, et la pression économique ne faiblit pas. Dans ce décor, l’or prend des allures de plan B crédible.
À court terme, l’annonce a déjà un effet psychologique positif. Elle montre que le sous-sol iranien recèle encore des richesses inexploitées. Elle redonne aussi un peu de marge de manœuvre à une Banque centrale qui doit constamment jongler avec des réserves de change sous tension.
À plus long terme, si l’exploitation se déroule comme prévu, Shadan pourrait devenir l’un des piliers d’une économie moins dépendante du pétrole et plus diversifiée. Un rêve que caressent les dirigeants depuis des années.
En attendant, des millions d’Iraniens continuent de suivre avec espoir le cours de l’once. Car pour eux, l’or n’est pas seulement une matière première stratégique. C’est avant tout le dernier rempart contre l’effondrement de leurs économies personnelles.
La terre d’Iran vient de livrer un nouveau secret. Et ce secret brille de mille feux.









