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Accord Explosif USA-UK sur les Prix des Médicaments

Les États-Unis viennent de signer un accord choc avec le Royaume-Uni : plus de droits de douane sur les médicaments britanniques… mais les patients du NHS vont payer 25 % plus cher les traitements innovants. Pourquoi Washington impose-t-il cette hausse outre-Manche et que va-t-il se passer pour les prix aux USA ? La réponse risque de vous surprendre…

Imaginez payer votre traitement contre le cancer ou le diabète deux fois, trois fois, parfois quatre fois plus cher que votre voisin européen. C’est la réalité quotidienne de millions d’Américains. Lundi, Washington a décidé de frapper fort pour faire bouger les lignes, et c’est le Royaume-Uni qui en fait les frais… ou qui accepte le marché.

Un accord historique qui fait déjà trembler l’industrie pharmaceutique

En échange de l’annulation immédiate et définitive des droits de douane sur tous les produits pharmaceutiques britanniques, Londres s’engage à augmenter de 25 % le prix des nouveaux médicaments dits « innovants » achetés par son système de santé public, le célèbre NHS. Un deal gagnant-gagnant selon la Maison Blanche, mais qui soulève d’innombrables questions éthiques et économiques.

Derrière cette décision se cache une volonté farouche : stopper le « free-riding » des autres pays développés sur le dos des patients américains.

Pourquoi les Américains paient-ils toujours le prix fort ?

Depuis des décennies, les laboratoires fixent aux États-Unis des prix bien plus élevés qu’ailleurs pour compenser les rabais imposés par les systèmes de santé publics européens ou canadiens. Résultat : un même comprimé peut coûter 2,5 fois plus cher outre-Atlantique qu’en France, selon les chiffres régulièrement cités par la Rand Corporation.

Le gouvernement américain considère cela comme une injustice profonde. Les Américains financent en grande partie la recherche et développement mondiale grâce à ces prix élevés, pendant que les autres pays profitent des innovations à moindre coût.

« Les patients américains ne doivent plus payer leurs médicaments au prix fort pour subventionner la santé dans les autres pays développés »

Jamieson Greer, représentant américain au Commerce

Les contours précis de l’accord signé avec Londres

L’accord est particulièrement précis et ne laisse aucune place à la manœuvre britannique.

  • Hausse obligatoire de 25 % sur les nouveaux médicaments innovants achetés par le NHS
  • Interdiction formelle de compenser cette hausse par des baisses de prix sur d’autres molécules du même laboratoire
  • Annulation immédiate des droits de douane appliqués depuis octobre sur les produits pharmaceutiques britanniques
  • Engagement américain à ne jamais instaurer de nouveaux tarifs à l’avenir sur ces mêmes produits

Cette dernière clause est particulièrement importante : elle offre une sécurité juridique totale aux investissements britanniques et aux laboratoires implantés au Royaume-Uni.

Robert Kennedy Jr met tout son poids dans la balance

Le secrétaire à la Santé Robert Kennedy Jr, figure controversée mais écoutée, a salué cet accord comme une première étape décisive.

« Les Américains ne devraient pas faire face au prix du médicament le plus élevé au monde pour les médicaments qu’ils ont aidé à financer »

Pour lui, cet accord avec le Royaume-Uni « renforce l’environnement mondial pour les médicaments innovants » et rétablit un équilibre commercial longtemps attendu.

Une menace de 100 % qui a fait plier plusieurs géants

Il faut rappeler le contexte. Depuis l’automne, Washington avait mis en place des droits de douane progressifs sur tous les médicaments importés, avec un objectif clair : atteindre 100 % pour forcer les laboratoires à rapatrier leur production aux États-Unis.

Plusieurs poids lourds ont déjà cédé : AstraZeneca, Pfizer et d’autres ont signé des accords massifs d’investissement sur le sol américain en échange d’un moratoire sur leurs produits importés. Le message était clair : investissez ici ou payez très cher.

Le Royaume-Uni, avec ce nouvel accord, choisit une autre voie : accepter des prix plus élevés pour ses patients plutôt que de voir ses exportations pharmaceutiques taxées à 100 %.

Et l’Europe dans tout ça ?

Petite précision importante : l’Union européenne échappe pour l’instant à cette guerre douanière. Un accord commercial ancien limite à 15 % tout tarif sur les produits pharmaceutiques européens. Washington semble donc avancer pays par pays, en commençant par ceux qui sont hors du cadre protecteur européen.

Le Royaume-Uni, post-Brexit, se retrouve isolé et particulièrement vulnérable face à la puissance négociatrice américaine.

Ce que ça change concrètement pour les patients

Pour les patients britanniques, la pilule va être dure à avaler. Littéralement. Une molécule innovante contre une maladie rare ou un cancer qui coûtait 100 au NHS pourrait demain coûter 125, sans possibilité pour le gouvernement de jouer sur d’autres prix pour compenser.

Pour les patients américains, l’espoir est réel : si d’autres pays suivent l’exemple britannique et acceptent de payer plus cher, les laboratoires pourraient être incités à baisser leurs prix aux États-Unis pour conserver leur marge globale.

Mais rien n’est garanti. Les laboratoires pourraient très bien empocher la différence sans répercuter la moindre économie sur le marché américain.

Une stratégie qui divise outre-Atlantique

Si l’administration célèbre cette victoire, les critiques fusent déjà. Certains économistes de la santé estiment que cette politique protectionniste risque de freiner l’innovation mondiale en réduisant l’accès aux nouveaux traitements dans les pays à revenu intermédiaire.

D’autres y voient au contraire la seule solution viable face à des laboratoires qui profitent depuis trop longtemps d’un système déséquilibré.

Une chose est sûre : ce bras de fer ne fait que commencer. Après le Royaume-Uni, qui sera le prochain ? Le Canada ? Le Japon ? L’Australie ? Washington a montré qu’il était prêt à utiliser tous les leviers, même les plus brutaux, pour faire plier ses partenaires.

Et pendant ce temps, des millions de patients, où qu’ils soient, continuent d’attendre des traitements à des prix qu’ils peuvent réellement se permettre.

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