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Frédéric Péchier : Sa Mère Défend Farouchement Son Innocence

« Jamais je n’ai douté de son innocence » : la mère de Frédéric Péchier, jugé pour 30 empoisonnements dont 12 mortels, s’est effondrée à la barre. Un témoignage poignant qui bouleverse le procès… Que va-t-il se passer ensuite ?

Imaginez une mère, le cœur serré, face à une salle d’audience silencieuse. Elle parle de son fils comme d’un enfant qu’on aurait arraché à la lumière. Hier, dans la cour d’assises du Doubs, Marie-José Péchier a pris la parole pour défendre celui que la justice présente comme l’un des plus grands empoisonneurs de l’histoire médicale française.

Un témoignage qui ébranle la salle

À 53 ans, Frédéric Péchier comparaît libre mais sous contrôle judiciaire pour trente empoisonnements présumés, dont douze ont entraîné la mort des patients. Depuis septembre, le procès décortique chaque arrêt cardiaque survenu entre 2008 et 2017 dans deux cliniques privées de Besançon. Et puis arrive ce lundi matin où sa mère monte à la barre.

Les larmes aux yeux, la voix tremblante, elle répète : « Jamais, jamais on n’a pu douter de son innocence. » Neuf ans que son fils clame qu’il n’a rien fait. Neuf ans qu’elle le croit « de tout son cœur ».

« J’ai une conviction profonde. Fred, mon fils, clame depuis neuf ans son innocence et je le crois de tout mon cœur, je n’en ai jamais douté. »

Marie-José Péchier, à la barre

Un fils « détruit » par l’accusation

Depuis 2017, date de sa mise en cause, Frédéric Péchier a tout perdu : son métier qu’il adorait, son mariage, une partie de sa santé mentale. Il est retourné vivre chez ses parents après avoir quitté le domicile conjugal. Le divorce a suivi.

Sa mère décrit des scènes déchirantes : des périodes d’alcoolisation excessive, un désespoir abyssal. En 2021, ivre, il s’est jeté par la fenêtre de sa chambre après lui avoir murmuré : « Je n’en peux plus, je suis innocent ».

Cette tentative de suicide a marqué la famille à jamais. Pour Marie-José Péchier, c’est la preuve ultime que son fils ne supporte pas l’idée d’être perçu comme un monstre.

Une enfance « tranquille » et un caractère « facile à vivre »

Pour tenter de redonner un visage humain à son fils, la mère remonte le temps. Elle raconte une enfance sans histoire, un garçon « facile à vivre » qui a vécu sous le toit familial jusqu’à ses 24 ans avant de partir faire ses études de médecine à Besançon.

Aucun signe avant-coureur, selon elle. Aucun comportement inquiétant. Juste un jeune homme passionné qui rêvait de sauver des vies.

Aujourd’hui, dit-elle, « Frédéric est un homme détruit ». Il ne lui reste que l’amour inconditionnel de ses enfants, qui ont grandi loin de lui à cause de cette affaire.

« Il aimait son métier, vraiment »

L’un des points les plus douloureux pour la famille : le portrait dressé par l’accusation. Un médecin brillant mais arrogant, capable de manipuler des poches d’anesthésie pour provoquer des crises graves et se mettre en scène en sauveur.

Marie-José Péchier refuse cette image : « Je ne le reconnais pas dans le portrait qu’on fait de lui ». Elle insiste sur la passion réelle de son fils pour son métier d’anesthésiste-réanimateur.

Un message aux parties civiles

Infirmière retraitée, la mère de l’accusé s’est directement adressée aux familles des victimes présentes dans la salle.

« Je suis moi-même une ancienne soignante. Je sais ce qu’est la douleur et la souffrance de perdre un être cher. Je comprends leur combat pour la vérité, mais nous aussi, nous avons besoin de la vérité. »

Dans ces mots, une tentative de rapprochement. Une reconnaissance de la souffrance des uns sans renier la conviction de l’innocence de son fils.

Une famille entière appelée à la barre

Ce lundi n’était que le début des témoignages familiaux. Le père de Frédéric Péchier, lui-même anesthésiste, son ex-épouse et l’une de ses filles devaient également prendre la parole dans la journée.

Toute une lignée médicale qui se retrouve confrontée à l’une des affaires judiciaires les plus complexes et médiatisées de ces dernières années.

Un verdict attendu avant Noël

Le procès, qui a débuté en septembre, entre dans sa phase finale. Les débats sur la personnalité de l’accusé vont se poursuivre avant les réquisitions et les plaidoiries.

Frédéric Péchier encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Le verdict est attendu au plus tard le 19 décembre.

D’ici là, chaque témoignage, chaque expertise, chaque mot prononcé à la barre pèsera dans la balance. La conviction inébranlable d’une mère pourra-t-elle influencer les jurés ? Rien n’est moins sûr.

Une affaire qui divise encore la France

Nine ans après les premiers soupçons, l’affaire Péchier continue de passionner et de déchirer. D’un côté, des familles endeuillées qui cherchent des réponses. De l’autre, un homme et sa famille qui affirment qu’un terrible erreur judiciaire est en train de se produire.

Entre les deux, une justice confrontée à un dossier technique extrêmement complexe : des poches d’anesthésie contaminées, des cocktails de produits mortels, mais aucune preuve formelle que l’accusé ait lui-même manipulé quoi que ce soit.

Le procès de Besançon restera, quoi qu’il arrive, comme l’un des plus marquants de la décennie. Parce qu’il touche à la confiance que nous accordons aux soignants. Parce qu’il interroge notre capacité à accepter qu’un médecin puisse, ou non, franchir la ligne rouge.

Et parce qu’au milieu de tout cela, il y a des mères qui pleurent. Des mères qui croient encore en leurs enfants. Des mères qui, face à l’injustice ou face à la vérité la plus cruelle, refusent d’abandonner.

À retenir

  • Marie-José Péchier a témoigné avec émotion de la certitude de l’innocence de son fils
  • Elle a décrit un homme brisé par neuf ans de procédure
  • La famille entière défile à la barre pour tenter de réhumaniser l’accusé
  • Verdict attendu avant le 19 décembre 2025

Dans cette salle d’audience froide du Doubs, une chose est sûre : quelle que soit l’issue, personne ne sortira indemne de cette affaire. Ni les familles des victimes. Ni la famille Péchier. Ni, peut-être, notre confiance collective dans le serment d’Hippocrate.

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