Imaginez un sprinteur de 25 ans capable de battre les meilleurs au monde sur le Tour de France, de remporter Gand-Wevelgem et de porter le maillot vert jusqu’aux Champs-Élysées. Maintenant imaginez que ce phénomène quitte son équipe historique pour rejoindre une formation en pleine renaissance. C’est exactement ce qui vient de se produire : Biniam Girmay est officiellement un coureur NSN Cycling pour les trois prochaines saisons.
Un transfert qui n’a rien d’anodin
Quand Intermarché-Wanty a annoncé vendredi que le champion érythréen ne ferait plus partie de l’effectif en 2026, la nouvelle a surpris. Moins de 72 heures plus tard, NSN Cycling levait le voile : contrat de trois ans, rôle de leader claironné, ambitions affichées sans détour. Ce n’est pas un simple changement de maillot, c’est un tournant dans la carrière du coureur africain le plus prometteur de la décennie.
Derrière ce mouvement se cache aussi l’une des plus belles métamorphoses du peloton WorldTour : l’ancienne Israel-Premier Tech devient NSN Cycling, avec un nouveau sponsor principal co-fondé par Andrés Iniesta himself et une licence suisse qui remplace l’israélienne. Un vent de fraîcheur qui colle parfaitement à l’image jeune et conquérante de Girmay.
Pourquoi NSN Cycling a tout misé sur lui
Kjell Carlström, le manager finlandais aux commandes depuis 2019, ne tourne pas autour du pot : « Biniam représente tout ce que nous aimons dans le cyclisme. » Le message est clair. À 25 ans, l’Érythréen coche toutes les cases : charismatique, talentueux, bankable et surtout victorieux.
« Nous sommes incroyablement heureux d’accueillir Biniam au sein de l’équipe cycliste NSN. 2026 marquera un nouveau chapitre pour l’équipe, mais aussi pour Biniam. Je ne pouvais pas imaginer meilleur moment pour entamer cela ensemble. »
Kjell Carlström, manager général NSN Cycling
Avec trois victoires d’étape sur le Tour 2025 et le maillot vert sur les épaules, Girmay a prouvé qu’il n’était plus une simple promesse. Il est devenu une réalité brutale pour les Philipsen, Merlier ou Jakobsen. Et NSN compte bien capitaliser sur cette aura pour attirer d’autres talents et, surtout, de nouveaux partenaires.
Les objectifs : viser les Monuments manquants
Gand-Wevelgem 2022 reste sa seule grande classique au palmarès. Le coureur ne s’en cache pas : il veut plus. Beaucoup plus.
« Mon principal objectif est simple : gagner des courses de vélo. J’aime gagner dans les classiques et pour le moment je n’ai gagné que Gand-Wevelgem. Je crois qu’un jour nous pourrons gagner ensemble l’une des plus grandes courses du cyclisme. »
Biniam Girmay
Quand on lit entre les lignes, on comprend vite : Milan-San Remo, Tour des Flandres, Paris-Roubaix… Les Monuments pavés ou semi-pavés sont dans le viseur. Avec Stephen Williams (vainqueur de la Flèche Wallonne 2025) comme lieutenant de luxe sur les Ardennaises, NSN Cycling se donne les moyens de jouer sur tous les tableaux.
Et côté Grands Tours ? Rien n’empêche Girmay de revenir chasser des étapes et pourquoi pas un nouveau maillot vert, voire un podium si le parcours s’y prête. À 25 ans, le temps joue pour lui.
Intermarché-Wanty : la fin d’une belle histoire
Arrivé en 2021 chez les Belges après une révélation aux Mondiaux espoirs, Girmay a tout connu : première victoire WorldTour historique pour un Africain noir (Gand-Wevelgem 2022), première étape sur un Grand Tour (Giro 2022), abandon douloureux à cause d’un bouchon de prosecco, puis explosion en 2024 et 2025.
Le divorce, même s’il paraît brutal, semble avant tout financier et sportif. L’équipe wallonne, malgré ses progrès constants, reste une structure moyenne du WorldTour. Face à une proposition plus ambitieuse et probablement plus lucrative, le choix était logique.
Beaucoup de supporters belges gardent néanmoins une affection immense pour celui qui avait adopté leur accent et leurs frites avec le sourire. Le capital sympathie reste intact.
NSN Cycling : le projet qui monte
Le changement de nom n’est pas qu’une opération cosmétique. Nouveau sponsor principal (NSN, co-fondé par Iniesta), nouvelle licence suisse, nouvelle identité visuelle : tout est repensé pour tourner la page Israel-Premier Tech et ses polémiques passées.
En recrutant Girmay, l’équipe envoie un signal fort : elle veut jouer les premiers rôles, pas seulement exister. Le budget devrait logiquement suivre. On parle déjà de plusieurs renforts de poids pour épauler le duo Girmay-Williams.
L’impact pour le cyclisme africain
Au-delà du sportif, ce transfert porte une symbolique énorme. Un coureur africain noir devient leader d’une équipe WorldTour ambitieuse. À une époque où l’on parle diversité, inclusion, ouverture, Girmay incarne plus que jamais l’espoir d’un continent entier.
En Érythrée, les gamins rêvent déjà de suivre ses traces. Au Rwanda, au Maroc, en Afrique du Sud, le vélo gagne du terrain. Et quand un maillot vert du Tour signe trois ans dans une grosse structure, le message est clair : le talent n’a pas de frontière.
Et maintenant ?
2026 s’annonce explosive. On imagine déjà Girmay dans son nouveau maillot bleu nuit sur les pavés de Roubaix, dans le final de San Remo ou au sommet du Paterberg. On imagine aussi les duels à venir avec Van der Poel, Pogacar (s’il revient sur les classiques), Pedersen ou les autres sprinteurs-puncheurs.
Une chose est sûre : le garçon discret et souriant que l’on a découvert il y a quatre ans est en train de devenir une superstar. Et cette fois, il a choisi une équipe qui semble prête à grandir avec lui.
Le cyclisme adore les belles histoires. Celle de Biniam Girmay chez NSN Cycling pourrait bien être la prochaine grande saga du peloton. Rendez-vous en février pour les premières courses. Le spectacle s’annonce déjà monumental.
Résumé des points clés :
- Contrat de 3 saisons (2026-2028) avec NSN Cycling
- Rôle de leader affirmé pour les classiques et les sprints
- Objectif déclaré : remporter un Monument (Flandres, Roubaix, San Remo…)
- Nouvelle identité pour l’ex-Israel-Premier Tech (licence suisse, sponsor Iniesta)
- À 25 ans, Girmay entre dans la maturité sportive
Le chapitre Intermarché-Wanty est clos. Celui de NSN Cycling commence. Et quelque chose nous dit qu’on n’a pas fini d’entendre parler de Biniam Girmay.









