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Frédéric Péchier : Innocent Brisé ou Tueur en Série Implacable ?

À Besançon, la mère de Frédéric Péchier jure que son fils n’a jamais pu devenir un « serial killer ». Mais un chirurgien assure qu’il disait « je m’en fous de ce qui peut leur arriver »… Qui croire ? Le verdict approche et le doute est total.

Imaginez un instant : un médecin brillant, père de famille apprécié, se retrouve accusé d’avoir transformé la salle d’opération en chambre de la mort. Trente patients empoisonnés, douze décès. Et pourtant, sa propre mère monte à la barre et affirme, la voix tremblante mais sûre : « Jamais, jamais on n’a pu douter de son innocence. » C’est exactement ce qui se passe en ce moment même à Besançon.

Un procès qui déchire les certitudes

Depuis plusieurs semaines, la cour d’assises du Doubs examine l’une des affaires judiciaires les plus troublantes de ces dernières années. Frédéric Péchier, 53 ans, ancien anesthésiste-réanimateur, comparaît libre pour trente empoisonnements présumés commis entre 2008 et 2017 dans deux cliniques privées de Besançon. Les faits reprochés sont glaçants : l’accusé aurait délibérément contaminé des poches d’anesthésiants, provoquant des arrêts cardiaques en pleine intervention chirurgicale.

Le parquet le présente comme un manipulateur froid, capable du pire pour assouvir un besoin de reconnaissance. La défense, elle, dénonce un acharnement et un homme broyé par sept années d’accusations. Et cette semaine, c’est la personnalité même de l’accusé qui est disséquée. Un moment clé où la famille vient tenter de sauver ce qui reste d’un fils, d’un père, d’un homme.

Une mère prête à tout pour son fils

Marie-José Péchier, petite femme aux cheveux blonds courts, ancienne infirmière, s’est avancée à la barre avec une détermination bouleversante. « Je sens au fond de mon cœur que mon fils est innocent », a-t-elle répété. Pour elle, l’idée que son enfant ait pu se transformer du jour au lendemain en « serial killer » est tout simplement inconcevable.

« Il a eu une enfance heureuse. Je ne comprends pas pourquoi il se serait transformé en serial killer du jour au lendemain. »

Marie-José Péchier, mère de l’accusé

Elle décrit un garçon qui adorait son métier, passionné, dévoué. Un professionnel qu’elle ne reconnaît absolument pas dans le portrait dressé par certains témoins. Et quand elle s’adresse directement aux parties civiles, sa voix se brise : elle comprend leur douleur, elle aussi veut la vérité. Mais la vérité, selon elle, c’est l’innocence de son fils.

Le père, fier malgré tout

Jean-Michel Péchier, 78 ans, imposant comme son fils, a pris la parole à son tour. Lui aussi anesthésiste de formation, il reconnaît avoir peut-être été un peu plus exigeant avec Frédéric qu’avec ses autres enfants. « Frédéric, je l’ai fait peut-être un peu plus travailler que les autres », admet-il. Mais jamais de conflit, jamais de rejet.

Au contraire, il se dit « fier » de son fils. Et face à la cour, il dénonce un procès « inéquitable ». Pour lui non plus, il n’y a aucun doute : son enfant est innocent. Il raconte ces années où Frédéric est revenu vivre chez eux à Poitiers après la tempête judiciaire de 2017. Un retour marqué par la perte de tout : le travail, le mariage, le statut social.

C’est dans cette maison familiale qu’en 2021, fortement alcoolisé, Frédéric Péchier a tenté de mettre fin à ses jours en se défenestrant. Un geste désespéré qui, pour ses parents, prouve à quel point leur fils est détruit par les accusations.

Un portrait à deux visages

Mais en face, les témoignages sont accablants. Un chirurgien qui a travaillé de nombreuses années avec lui, Lionel Doury, a décrit un homme capable de dire sans détour : « Je n’ai aucune empathie pour eux et je m’en fous de ce qui peut leur arriver. » Des mots qui glacent le sang dans une salle d’opération.

Un commandant de police est allé plus loin en évoquant des « failles personnelles » profondes. Selon lui, Frédéric Péchier aurait souffert du sentiment de rejet de son père, se voyant comme le « vilain petit canard » de la famille. Un besoin maladif de reconnaissance qui l’aurait poussé à provoquer des incidents pour ensuite briller en les résolvant. Le profil type, selon l’enquêteur, d’un tueur en série.

Les deux visages de Frédéric Péchier selon les témoins :

  • Pour la famille : un fils aimant, un père détruit, un médecin passionné victime d’une terrible erreur judiciaire
  • Pour certains collègues et enquêteurs : un homme froid, sans empathie, dominé successivement par son père puis par sa femme, capable du pire pour exister

L’ombre de l’ex-épouse

Un enquêteur a même pointé du doigt l’ex-épouse de l’accusé, cardiologue de profession. Selon lui, elle exercerait une véritable emprise sur Frédéric Péchier. « La seule personne qui aurait les clés pour le déverrouiller, c’est Mme Péchier », a-t-il affirmé. Une thèse immédiatement balayée par la défense.

Maître Randall Schwerdorffer, avocat de Frédéric Péchier, s’est insurgé devant les journalistes : même en supposant une personnalité dominante chez l’ex-épouse – ce qui n’est pas le cas selon lui – quel serait le lien avec des empoisonnements ? La question reste en suspens.

Un homme détruit

Aujourd’hui, Frédéric Péchier n’a plus que sa famille. Ses enfants, qu’il voit peu, continuent malgré tout de l’aimer. Sa mère le répète avec une émotion palpable : « Frédéric est un homme détruit. Il n’a pour lui que sa famille et l’amour inconditionnel de ses propres enfants qui se sont construits loin de lui. »

Divorcé, sans travail, revenu vivre chez ses parents à près de 50 ans, ayant frôlé la mort par désespoir… Le tableau est celui d’un naufragé. Reste à savoir si ce naufrage est la conséquence d’une culpabilité écrasante ou d’une injustice monumentale.

Un verdict avant Noël

Jeudi dernier, Frédéric Péchier a une nouvelle fois clamé son innocence face à la cour. Il risque la réclusion criminelle à perpétuité. Le verdict est attendu au plus tard le 19 décembre, juste avant les fêtes de fin d’année.

D’ici là, d’autres membres de la famille doivent encore témoigner : son ex-épouse, l’une de ses filles… Chaque parole pourrait peser lourd. Car dans cette affaire, plus que les preuves matérielles parfois fragiles, c’est la personnalité de l’accusé qui semble devenir le cœur du débat.

Alors, homme brisé par sept ans de soupçons insupportables ou manipulateur glaçant ayant joué avec la vie de dizaines de patients ? La réponse appartient désormais aux jurés. Et elle divisera sans doute encore longtemps les esprits.

Une chose est sûre : rarement un procès aura autant opposé l’image d’un monstre à celle d’un père aimant broyé par la justice.

À Besançon, en cette fin d’automne 2025, une famille se bat pour sauver l’honneur de l’un des siens. Et quelque part dans la salle, des familles de victimes espèrent enfin obtenir la vérité qu’elles attendent depuis parfois plus de quinze ans. Deux souffrances qui se font face. Une seule vérité possible.

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