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Inondations Catastrophiques au Sri Lanka : Témoignages Bouleversants

En une heure à peine, l’eau a tout recouvert. Des familles entières ont tout perdu. « Je n’ai plus rien » confie une couturière en larmes. Le Sri Lanka vit sa pire catastrophe depuis 2004… Que s’est-il vraiment passé ce week-end ?

Imaginez-vous réveillé en pleine nuit par un bruit sourd, comme si la terre elle-même grondait. Vous allumez la lumière et, en quelques minutes, l’eau envahit déjà le rez-de-chaussée. Vous montez à l’étage, mais elle monte encore plus vite. Moins d’une heure plus tard, votre maison de deux étages est complètement submergée. C’est ce qu’ont vécu des milliers de Sri-Lankais ce week-end.

Le cyclone Ditwah frappe sans prévenir

Ce qui a commencé comme une mousson habituelle a tourné au cauchemar absolu. Le passage du cyclone Ditwah a provoqué des précipitations jamais vues, jusqu’à 500 mm en quelques heures dans les régions centrales. Le fleuve Kelani, habituellement calme, s’est transformé en monstre.

Les villages situés au nord de Colombo, pourtant habitués aux inondations saisonnières, n’étaient pas prêts à une telle violence. L’eau n’est pas montée doucement : elle a tout balayé en un temps record.

« Je n’aurais jamais cru que ça pouvait être aussi grave »

Dinusha Sanjaya, 37 ans, livreur, regarde encore autour de lui avec stupeur dans le camp installé dans une école de Kolonnawa. « Chaque année on a les pieds dans l’eau, mais là… c’est autre chose », confie-t-il, la voix tremblante.

« En moins d’une heure, ma maison de deux étages était totalement sous l’eau. »

Dinusha Sanjaya, sinistré

Comme lui, des milliers d’habitants des quartiers populaires de Colombo ont vu leur vie basculer en une nuit. Beaucoup avouent avoir minimisé les alertes officielles. Le ciel était clair sur la capitale, comment imaginer que l’amont du fleuve allait tout déverser ?

Des familles qui fuient avec rien d’autre que leurs vêtements

Fatima Rushna, 48 ans, se souvient encore de la panique quand l’eau a atteint son lit. « On n’a même pas eu le temps de prendre un sac », raconte-t-elle, serrant la main de son mari Azmi. Ils ont tout laissé derrière eux.

Dans la même école, Nirushika, couturière de 44 ans, regarde dans le vide. Ses machines à coudre, son seul outil de travail, sont perdues à jamais sous la boue. « Toutes mes machines sont détruites. Je n’ai plus rien pour travailler », murmure-t-elle.

Un bilan humain terrifiant

Le dernier bilan officiel fait état d’au moins 340 morts, près de 400 disparus et plus de 1,3 million de sinistrés à travers le pays. Les autorités parlent déjà du pire désastre naturel depuis le tsunami de 2004 qui avait tué 31 000 personnes.

Les chiffres clés de la catastrophe :

  • 340 morts confirmés
  • Près de 400 personnes portées disparues
  • Plus de 1,3 million de sinistrés
  • Des villages entiers ensevelis sous les glissements de terrain

Les deux tiers des victimes se trouvent dans les régions de culture du thé, au centre du pays. Les collines, déjà fragilisées par la déforestation et les plantations intensives, n’ont pas résisté aux pluies diluviennes.

Des personnes âgées particulièrement vulnérables

C.V. Ariyaratne, 70 ans, a dû porter sa femme Emalin, 65 ans, atteinte de scoliose, pour la sortir de la maison. « C’était pire qu’en 2016 », se souvient-il. À l’époque, les inondations avaient fait 71 morts dans tout le pays.

G. Patrick, 60 ans, pense déjà à sa mère aveugle de 80 ans. « Comment vais-je nettoyer la maison tout seul ? » s’inquiète-t-il. Le retour s’annonce aussi difficile que l’évacuation.

Une crue éclair venue de l’amont

Ce qui a surpris tout le monde, c’est la rapidité. À Colombo, il n’avait presque pas plu. Mais en amont, dans les hauteurs, des centaines de millimètres d’eau se sont abattus en quelques heures, provoquant des glissements de terrain massifs.

Les barrages ont lâché, les rivières ont débordé, et toute cette masse d’eau et de boue s’est ruée vers la capitale à une vitesse terrifiante. Résultat : des quartiers entiers submergés en quelques dizaines de minutes.

Les camps d’urgence : une solidarité immédiate

Dans l’école de Kolonnawa, 300 personnes s’entassent sur trois étages. Les autorités distribuent des repas chauds, des couvertures, de l’eau potable. Malgré la détresse, une forme de solidarité s’organise entre les sinistrés.

Les enfants jouent entre les pupitres, les plus âgés partagent leurs histoires. On rit parfois, pour ne pas pleurer tout le temps. Mais dans chaque regard, on lit la même question : quand pourrons-nous rentrer ?

Un léger espoir : l’eau commence à baisser

Lundi, une bonne nouvelle a enfin filtré : selon le département de l’irrigation, le niveau du fleuve Kelani a atteint son maximum et commence à redescendre dans la plupart des zones. Les inondations régressent lentement.

« Les inondations ont atteint leur plus haut aujourd’hui. Partout ailleurs, le niveau baisse significativement. »

L. S. Sooriyabandara, département de l’irrigation

Cette annonce a redonné un peu de souffle aux évacués. Mais le chemin sera long. Les maisons sont remplies de boue, les routes coupées, l’électricité absente dans de nombreux secteurs.

Et maintenant ? La longue reconstruction

Beaucoup savent déjà qu’ils ne retrouveront pas leur vie d’avant. Des familles ont tout perdu : meubles, souvenirs, outils de travail, documents officiels. Certains n’ont même plus de toit où rentrer.

La question qui brûle toutes les lèvres : comment rebâtir après une catastrophe d’une telle ampleur ? Et surtout, comment se préparer à la prochaine ? Car avec le changement climatique, les experts le répètent : ces événements extrêmes risquent de se multiplier.

Dans les camps, on parle déjà de déménager, de reconstruire plus haut, plus solide. Mais pour beaucoup, partir signifie abandonner la terre de leurs ancêtres. Un choix déchirant.

Pour l’instant, les Sri-Lankais pansent leurs plaies. Ensemble. Dans l’adversité, ils redécouvrent cette force qui les a toujours portés : la résilience d’un peuple qui a survécu au tsunami, à la guerre civile, et qui saura, une fois de plus, se relever.

Mais pour combien de temps encore avant la prochaine catastrophe ?

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