Imaginez une adolescente disparue depuis cinq ans qui resurgit soudain… dans une vidéo générée par intelligence artificielle. Elle raconte sa propre disparition avec des détails qu’elle seule – ou son ravisseur – pouvait connaître. Glacé, non ? C’est exactement le point de départ de La Disparue de Compostelle, le nouveau polar en quatre épisodes que France 2 diffuse à partir de ce 1er décembre 2025. Et le plus fou, c’est que cette enquête se déroule dans certains des plus beaux villages de France.
Quand l’Occitanie devient le héros d’une série policière
L’Occitanie n’est pas seulement un décor : elle est presque un personnage à part entière. Les ruelles médiévales, les gorges profondes, les chemins de pèlerinage… tout concourt à créer une atmosphère à la fois paisible et oppressante, parfaite pour un thriller psychologique.
Saint-Guilhem-le-Désert, le cœur battant de l’histoire
Le village où Jeanne Nogarède, l’héroïne incarnée par Olivia Côte, a grandi s’appelle Saint-Guilhem-le-Désert. Et ce n’est pas une invention : c’est bien le vrai village classé parmi les Plus Beaux Villages de France qui a servi de décor principal.
Perché dans les gorges de l’Hérault, avec son abbaye de Gellone fondée au IXe siècle et ses ruelles pavées où le temps semble s’être arrêté, Saint-Guilhem possède une aura presque mystique. Dès les premières images, on comprend pourquoi la production a choisi cet endroit : chaque pierre semble murmurer des secrets.
« Quand on est arrivés à Saint-Guilhem en janvier 2025, on a tous eu le souffle coupé. Même en plein hiver, la lumière est incroyable », confiait un membre de l’équipe technique.
La mairie du village a d’ailleurs activement accompagné le tournage, facilitant les autorisations pour filmer dans les lieux les plus emblématiques : la place de la Liberté, l’abbaye, les petites venelles qui grimpent vers le château du Géant… Tout y est.
Le Pont du Diable : la scène qui marque les esprits
Parmi les moments les plus forts de la série, il y a cette séquence nocturne tournée sur le célèbre Pont du Diable, ce pont roman classé au patrimoine mondial de l’UNESCO au titre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle.
Situé entre Aniane et Saint-Jean-de-Fos, ce chef-d’œuvre du XIe siècle enjambe les gorges de l’Hérault avec une élégance qui défie le temps. Sous les projecteurs du tournage, avec la brume qui monte de la rivière et les falaises rougeoyantes, l’endroit devient carrément envoûtant.
La légende raconte que le Diable lui-même aurait construit le pont en une seule nuit… Une anecdote que les scénaristes n’ont pas manqué d’exploiter pour renforcer le côté surnaturel de certaines scènes.
Le château d’Aumelas, forteresse oubliée
Moins connu du grand public, le château d’Aumelas a pourtant joué un rôle clé. Cette ruine féodale perchée sur un éperon rocheux domine la plaine de la vallée de l’Hérault. Son état de semi-abandon lui donne une atmosphère de mystère parfaite pour les flashbacks les plus sombres de la série.
Les équipes ont pu filmer à l’intérieur des murailles et même sur le chemin de ronde, offrant des plans aériens vertigineux qui feront frissonner les téléspectateurs.
Gignac et Montpellier : contrastes urbains
Pour montrer que l’enquête dépasse les frontières du village, la production a aussi posé ses caméras à Gignac (notamment autour de son magnifique pont médiéval sur l’Hérault) et à Montpellier.
Dans la capitale régionale, ce sont surtout les quartiers historiques comme l’Écusson et certains lieux plus confidentiels (une ancienne maison particulière du centre-ville transformée en commissariat) qui apparaissent. Le contraste entre la pierre blonde de l’Occitanie profonde et l’élégance haussmannienne de Montpellier renforce le sentiment que le passé rattrape toujours le présent.
Le chemin d’Arles, fil rouge invisible
La série suit discrètement le tracé du chemin d’Arles, l’une des quatre grandes voies françaises vers Saint-Jacques-de-Compostelle. Ce n’est pas un hasard : la disparition d’Emma Vavin a eu lieu lors d’une étape de pèlerinage familial. Les coquilles Saint-Jacques sculptées dans la pierre, les panneaux jaunes et bleus, les refuges de pèlerins… tout rappelle que ce territoire est depuis des siècles un lieu de passage, de secrets et parfois de drames.
Certains plans larges montrent même des pèlerins contemporains croisant le chemin de l’enquête, comme un rappel que la route continue, indifférente aux tragédies humaines.
Pourquoi ces décors font toute la différence
Au-delà de leur beauté, ces lieux possèdent une charge émotionnelle rare. Saint-Guilhem, le Pont du Diable ou le château d’Aumelas ne sont pas seulement jolis : ils portent des siècles d’histoires, de légendes, de foires et de malheurs. C’est exactement ce dont avait besoin Floriane Crépin, la réalisatrice, pour ancrer son récit dans quelque chose de plus grand que la simple intrigue policière.
Olivia Côte elle-même, dans plusieurs interviews, a expliqué combien ces décors l’avaient aidée à construire son personnage : « Jeanne revient dans son village natal après des années d’absence. Quand je marchais dans ces ruelles, j’avais vraiment l’impression qu’elle revenait chez elle. Les pierres parlent. »
Et c’est peut-être là le plus beau cadeau de cette série : donner envie de découvrir ou redécouvrir l’Occitanie intérieure, loin des plages bondées et des clichés. Une région sauvage, secrète, où chaque pierre semble garder le souvenir des disparus.
Alors oui, La Disparue de Compostelle est un excellent polar. Mais c’est aussi – et peut-être surtout – une magnifique carte postale vivante d’un coin de France qu’on ne montre pas assez. Prêts à faire vos valises ?
La série est diffusée les lundis 1er et 8 décembre 2025 à 21h10 sur France 2
et déjà disponible en intégralité sur la plateforme France.tv
