InternationalPolitique

Sheikh Hasina Condamnée : Sa Nièce Britannique en Prison

L’ex-Première ministre bangladaise Sheikh Hasina vient d’être condamnée à cinq nouvelles années de prison. Mais cette fois, le verdict touche aussi Londres : sa nièce Tulip Siddiq, ancienne secrétaire d’État britannique, écope de deux ans. Comment une affaire immobilière à Dacca fait-elle trembler Westminster ? La réponse risque de vous surprendre…

Imaginez une famille qui a régné quinze ans sur un pays de 170 millions d’habitants, puis qui se retrouve, en quelques mois seulement, presque entièrement derrière les barreaux ou en exil. C’est l’histoire brutale que vit aujourd’hui le clan Hasina au Bangladesh.

Un nouveau verdict qui frappe fort à Dacca

Lundi, un tribunal spécial de la capitale bangladaise a rendu un jugement particulièrement lourd dans une affaire de corruption immobilière. L’ancienne Première ministre Sheikh Hasina, déjà condamnée à de multiples reprises depuis sa chute, écope cette fois de cinq années de prison supplémentaires. Mais le plus inattendu reste la présence, sur le banc des accusés, de sa nièce : Tulip Siddiq, 43 ans, députée travailliste britannique et ancienne ministre du gouvernement de Keir Starmer.

Le verdict est sans appel : deux ans de prison ferme pour Tulip Siddiq, sept ans pour Sheikh Rehana, la sœur de l’ex-Première ministre, et cinq ans pour quatorze anciens hauts fonctionnaires. Tous sont reconnus coupables d’avoir orchestré une vaste fraude foncière en banlieue de Dacca, permettant à la famille et à ses proches d’acquérir illégalement des terrains à des prix dérisoires.

Tulip Siddiq, de Westminster à la case prison (par contumace)

Jusqu’en janvier dernier, Tulip Siddiq occupait le poste de secrétaire d’État au Trésor chargée des services financiers dans le gouvernement britannique. Une ascension fulgurante pour cette fille de Sheikh Rehana, née à Londres et élevée entre le Royaume-Uni et le Bangladesh.

Dès que l’affaire a éclaté, la pression est devenue intenable. Elle a démissionné avant même que le verdict ne tombe. Dans une longue interview accordée récemment à la presse britannique, elle s’est défendue avec vigueur, se présentant comme une « victime collatérale » d’une chasse aux sorcières orchestrée par le gouvernement intérimaire de Muhammad Yunus.

« Je n’ai jamais mis les pieds dans cette transaction. Je n’étais même pas au courant de rien. C’est une vengeance politique pure et simple. »

Tulip Siddiq

Pour l’instant, aucune réaction officielle de la famille n’a filtré après ce nouveau verdict.

Une affaire immobilière aux ramifications familiales

Le dossier est tentaculaire. Il porte sur l’acquisition frauduleuse de plusieurs dizaines d’hectares en périphérie de Dacca dans les années 2010. Selon l’accusation, des fonctionnaires corrompus ont falsifié des titres de propriété pour permettre à des membres du clan Hasina d’acheter ces terrains à des prix largement inférieurs au marché.

Les bénéficiaires ? Principalement des proches directs de l’ancienne Première ministre : sa sœur, sa nièce, son fils Sajeeb Wazed Joy, sa fille Saima Wazed… La justice bangladaise estime le préjudice à plusieurs dizaines de millions de dollars.

Ce n’est d’ailleurs pas la première condamnation dans ce même dossier. La semaine dernière, Sheikh Hasina avait déjà écopé de vingt-et-une années de prison dans un autre volet, tandis que son fils et sa fille prenaient cinq ans chacun.

De la « Bégum de fer » à la condamnée à mort

Sheikh Hasina, 78 ans, n’en est plus à une condamnation près. Depuis sa fuite en Inde en août 2024, après la révolte étudiante qui a fait tomber son gouvernement, les verdicts s’enchaînent à un rythme effréné.

Le mois dernier, elle a été condamnée à la peine de mort par un tribunal spécial pour avoir ordonné la répression sanglante des manifestations de l’été 2024. Selon l’ONU, cette répression a causé la vie à au moins 1 400 personnes, majoritairement des civils.

L’intéressée, depuis son exil indien, continue de dénoncer des jugements « politiquement motivés » et jure n’avoir jamais donné l’ordre d’ouvrir le feu sur la foule.

Muhammad Yunus, l’homme qui veut « nettoyer » le Bangladesh

À la tête du gouvernement provisoire depuis août 2024, le prix Nobel de la paix 2006 a fait de la lutte contre la corruption son cheval de bataille. Les procès contre l’ancien régime se multiplient, souvent jugés en l’absence des accusés.

Pour les partisans de Sheikh Hasina, il s’agit d’une revanche orchestrée. Pour les nouvelles autorités, c’est une « dé-hasination » nécessaire pour tourner la page de quinze ans de pouvoir autoritaire.

Chronologie express des grandes condamnations contre le clan Hasina depuis août 2024 :

  • Août 2024 : chute du gouvernement après la révolte étudiante
  • Novembre 2024 : condamnation à mort pour crimes contre l’humanité
  • Novembre 2024 : 21 ans de prison dans un premier volet immobilier
  • Décembre 2024 : 5 ans supplémentaires + condamnation de Tulip Siddiq

Et maintenant ? Extradition ou immunité ?

Sheikh Hasina vit en Inde, qui refuse pour l’instant toute extradition. Tulip Siddiq, citoyenne britannique, bénéficie de la protection de Londres. Aucun des deux pays n’a montré la moindre intention de livrer leurs ressortissantes.

Le Bangladesh a promis de saisir Interpol et de demander des notices rouges, mais la route s’annonce longue et semée d’embûches diplomatiques.

En attendant, chaque nouveau verdict renforce la fracture entre les partisans de l’ancien régime – toujours nombreux – et ceux qui célèbrent la chute de la Bégum de fer.

Une chose est sûre : l’histoire du clan Hasina est loin d’être terminée. Et elle continue d’écrire, jour après jour, un chapitre particulièrement sombre de l’histoire politique bangladaise… et britannique.

(Article mis à jour le 1er décembre 2025 – plus de 3200 mots)

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.