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Zelensky à Paris : Une Paix Possible sous Pression ?

Zelensky reçu par Macron à l’Élysée, Trump parle d’un accord imminent et envoie son émissaire à Poutine. Les discussions en Floride ont été « productives » mais « pas faciles ». La paix est-elle vraiment à portée de main ou Kiev va-t-il devoir céder du terrain ?

Et si la guerre en Ukraine entrait dans ses derniers mois ? L’idée semble encore irréelle pour beaucoup, pourtant les signaux diplomatiques se multiplient à une vitesse inattendue. Ce lundi, Volodymyr Zelensky pose le pied à Paris pour rencontrer Emmanuel Macron, au moment précis où Donald Trump, depuis Air Force One, assure que « la Russie comme l’Ukraine veulent que ça s’arrête ».

Entre optimisme affiché, pressions militaires russes et un scandale de corruption qui fragilise Kiev, le tableau est plus contrasté qu’il n’y paraît. Décryptage d’une séquence diplomatique décisive.

Un calendrier diplomatique sous haute tension

Le rythme est effréné. Dimanche, plusieurs heures de discussions ont eu lieu en Floride entre délégations ukrainienne et américaine. Les deux parties ont parlé de pourparlers « productifs », même si le secrétaire d’État Marco Rubio a immédiatement tempéré : il reste « encore beaucoup de travail ».

Lundi matin, c’est donc à Paris que l’attention se déplace. À 10 heures, Volodymyr Zelensky sera reçu à l’Élysée. Les deux présidents doivent échanger sur « les conditions d’une paix juste et durable », selon les termes de la présidence française, en s’appuyant notamment sur les discussions de Genève et sur le plan américain récemment amendé.

Et pendant ce temps, l’émissaire spécial de Donald Trump, Steve Witkoff – un homme souvent présenté comme très proche des intérêts russes – s’apprête à rencontrer Vladimir Poutine à Moscou dès mardi. Tous les acteurs majeurs sont sur le pont en même temps.

Le plan américain en 28 points : ce que l’on sait (et ce que l’on ignore)

Il y a dix jours, Washington a transmis à Kiev un document de 28 points censé mettre fin au conflit. La première version, rédigée sans réelle concertation avec les Européens, faisait déjà polémique.

Elle prévoyait notamment un retrait des forces ukrainiennes de la région de Donetsk et une reconnaissance de facto par les États-Unis de l’annexion russe de la Crimée, du Donetsk et du Lougansk. Autant dire un scénario cauchemardesque pour Kiev.

Depuis, les Européens, lors des réunions de Genève, ont obtenu des amendements. Le contenu exact de la nouvelle version reste flou, mais les lignes semblent avoir bougé. Les discussions en Floride ce week-end avaient justement pour but d’aligner les positions ukrainiennes sur cette mouture corrigée.

« Les discussions ont été productives mais pas faciles »

Une source ukrainienne proche des négociations

Trump met la pression… et parle corruption

Le président américain ne cache pas son impatience. À bord d’Air Force One, il a répété que les deux parties souhaitaient la fin des hostilités. Mais il a aussi pointé du doigt la situation interne ukrainienne.

Le récent scandale de corruption, qui a conduit Volodymyr Zelensky à limoger son très influent chef de cabinet Andriï Iermak, est revenu sur la table. « L’Ukraine a quelques petits problèmes difficiles », a lâché Donald Trump, ajoutant que « la corruption, ça n’aide pas ».

Un message à peine voilé : pour Washington, Kiev n’est pas en position de force et doit se montrer raisonnable dans les négociations.

Sur le terrain, la Russie ne relâche pas la pression

Pendant que les diplomates discutent, l’armée russe continue d’avancer dans l’est du pays. Dans la nuit de samedi à dimanche, une nouvelle vague de drones a frappé la banlieue de Kiev, faisant un mort et onze blessés.

En réponse, l’Ukraine a revendiqué des attaques de drones navals contre deux pétroliers de la « flotte fantôme » russe en mer Noire et contre un terminal pétrolier à Novorossiïsk. Les deux camps maintiennent la pression militaire, même quand la diplomatie s’accélère.

Paris veut peser : légitimité de Zelensky et soutien européen

Du côté français, on insiste sur un point : Volodymyr Zelensky « dispose de toute la légitimité pour conduire l’Ukraine vers la paix », selon les mots du ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot.

La visite n’est pas seulement diplomatique. Olena Zelenska accompagne son mari pour un événement autour de l’initiative « Bring kids back », qui a permis le retour de près de 2 000 enfants ukrainiens enlevés par la Russie – un sujet particulièrement sensible qui rappelle les crimes de guerre imputés à Vladimir Poutine.

En parallèle, les ministres français et ukrainien des Affaires étrangères lanceront officiellement la « saison de l’Ukraine en France », avec des événements culturels prévus jusqu’en mars dans plusieurs villes.

Des jours décisifs pour l’avenir du conflit

Volodymyr Zelensky l’a lui-même écrit sur X : « Ce sont des jours importants ». Le président ukrainien s’est entretenu ce week-end avec Mark Rutte, secrétaire général de l’Otan, et Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne.

Le ministre ukrainien de la Défense, Rustem Oumerov, qui a mené les discussions en Floride, parle de « progrès substantiels ». Mais derrière les déclarations positives, la réalité des concessions reste incertaine.

Kiev parviendra-t-il à sauvegarder sa souveraineté et ses intérêts nationaux, comme l’exige Zelensky ? Ou la combinaison de la pression militaire russe et de l’impatience américaine finira-t-elle par imposer un accord défavorable ?

La rencontre de ce lundi à Paris, suivie de près par la visite de Steve Witkoff à Moscou, pourrait apporter des éléments de réponse. Une chose est sûre : rarement les projecteurs n’ont été aussi braqués sur une poignée de jours qui pourraient changer le cours de cette guerre longue de presque quatre ans.

À suivre de très près.

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