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Double Meurtre à Villeneuve-lès-Maguelone : L’Irresponsabilité qui Révolte

Un vieil homme de 80 ans et sa belle-fille de 57 ans ligotés, torturés, violés et égorgés chez eux lors d’un cambriolage. L’auteur, un Espagnol de 38 ans connu pour vols violents, vient d’être déclaré pénalement irresponsable. Il ne sera jamais jugé. Comment accepter que…

Imaginez rentrer chez vous un soir d’hiver et découvrir que vos proches ont été massacrés dans l’intimité de leur propre maison. C’est la réalité brutale qu’a vécue une famille de Villeneuve-lès-Maguelone, près de Montpellier, en décembre dernier. Un octogénaire et sa belle-fille de 57 ans ont été sauvagement tués au cours d’un cambriolage qui a tourné au cauchemar absolu.

Un crime d’une rare violence découvert par hasard

Le 18 décembre, en fin d’après-midi, les gendarmes sont appelés pour un banal contrôle d’identité près de la gare de Villeneuve-lès-Maguelone. L’homme qu’ils interpellent semble perdu, agité, parle seul. Lorsqu’ils décident de vérifier le quartier, ils tombent sur une maison proche dont la porte est entrouverte. À l’intérieur, l’horreur.

Un homme de 80 ans et une femme de 57 ans gisent dans leur salon, ligotés avec des câbles électriques, le corps couvert de traces de sévices. Les autopsies révéleront plus tard qu’ils ont été torturés pendant de longues minutes avant d’être égorgés. La femme a également été violée à plusieurs reprises. L’auteur ? L’individu que les gendarmes venaient à peine de croiser dans la rue. Il n’avait même pas fui.

Qui est l’auteur de ce carnage ?

L’homme interpellé est un Espagnol de 38 ans, sans domicile fixe, qui mène une vie nomade entre l’Italie et l’Espagne. Ce jour-là, il descend du train sans billet à Villeneuve-lès-Maguelone, erre dans les rues et repère cette maison isolée. Connu en Espagne pour de multiples vols avec violence et effractions, il reconnaît immédiatement les faits aux enquêteurs.

Ses explications sont décousues. Il parle de voix, de missions divines, de délires religieux. Très vite, les enquêteurs comprennent qu’ils ont affaire à une personne en pleine crise psychiatrique aiguë. Les expertises médicales confirmeront une abolition totale du discernement au moment des faits : l’homme était plongé dans un épisode délirant hallucinaire massif.

Une décision de justice qui choque

Le 28 novembre 2025, près de trois ans après les faits, la chambre de l’instruction rend sa décision : l’auteur est déclaré pénalement irresponsable en raison de son état psychiatrique. Conséquence immédiate : il ne sera jamais jugé devant une cour d’assises. Aucune peine de prison ne pourra être prononcée.

« Cette décision est juste au vu de sa pathologie et il est évident qu’il ne peut y avoir de remise en liberté avant longtemps », a déclaré son propre avocat.

Une hospitalisation d’office à vie (ou du moins pour une durée indéterminée) est ordonnée dans un établissement psychiatrique sécurisé. Théoriquement, l’homme ne ressortira jamais libre. Mais pour les proches des victimes, c’est une pilule impossible à avaler.

Pourquoi l’irresponsabilité pénale fait-elle autant polémique ?

En France, l’article 122-1 du Code pénal est clair : « N’est pas pénalement responsable la personne qui était atteinte, au moment des faits, d’un trouble psychique ou neuropsychique ayant aboli son discernement ou le contrôle de ses actes. »

Ce principe existe depuis 1810 et le Code pénal napoléonien. Il repose sur une idée simple : on ne peut punir quelqu’un qui n’était pas conscient de ses actes. Mais dans les affaires de grande violence, il crée systématiquement un sentiment d’injustice.

Les familles se retrouvent privées de procès public, de confrontation avec l’auteur, de possibilité de voir prononcer une peine symbolique. Elles n’ont même pas le droit à des « excuses » ou à une reconnaissance judiciaire de la gravité des faits.

Un cas qui n’est malheureusement pas isolé

Ces dernières années, plusieurs affaires ont marqué les esprits :

  • Le meurtre de Sarah Halimi à Paris en 2017 (auteur en crise bouffée délirante, irresponsabilité pénale)
  • L’assassinat d’une joggeuse dans le Nord en 2021 (même issue)
  • Le carnage de Nice en 2016 a été classé terroriste, mais de nombreux autres faits divers sanglants aboutissent à la même conclusion

À chaque fois, le débat resurgit : faut-il créer une peine de sûreté même pour les irresponsables ? Une « rétention de sûreté » à vie dans des unités spécialisées ? Ou accepter que la dangerosité prime parfois sur la culpabilité morale ?

Que devient l’auteur aujourd’hui ?

Il est interné dans une Unité pour Malades Difficiles (UMD), ces services ultra-sécurisés où sont placés les criminels psychiatriques les plus dangereux. Les sorties sont quasi impossibles. Les commissions de suivi se réunissent tous les six mois pour évaluer la dangerosité.

Mais rien n’empêche théoriquement qu’un jour, dans dix, vingt ou trente ans, un collège de médecins estime que l’homme n’est plus dangereux. À ce moment-là, la justice n’aura plus son mot à dire. C’est cette éventualité, même infime, qui terrifie les proches.

Et les victimes dans tout ça ?

Elles restent les grandes oubliées. Pas de procès, pas de médias, pas de reconnaissance nationale. Juste un immense vide et la sensation que justice n’a pas été rendue. Certains créent des associations, pétitionnent, tentent d’alerter les pouvoirs publics. En vain, pour l’instant.

À Villeneuve-lès-Maguelone, les voisins parlent encore de cette maison maudite que personne n’ose acheter. Les volets restent fermés, le jardin à l’abandon. Un mémorial silencieux à l’impuissance d’un système face à l’horreur absolue.

Un vieillard et sa belle-fille ont été torturés pendant des heures dans leur salon.
Ils ont supplié. Personne ne les a entendus.
Et aujourd’hui, leur bourreau dort dans un lit d’hôpital, sans jamais avoir à rendre compte devant un jury populaire.

La question demeure : jusqu’où la société est-elle prête à aller pour protéger les droits d’un fou dangereux au détriment du besoin de justice des victimes ?

Car si la folie explique, elle n’efface pas la souffrance. Et elle ne ramènera jamais les disparus.

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