ActualitésSociété

Squatteurs Délogés à Mantes-la-Jolie : La Voisine Sauve l’Appartement

Jeudi soir à Mantes-la-Jolie, une voisine remarque du mouvement suspect dans l’appartement vide d’à côté. Elle appelle la police… et empêche un squat de s’installer durablement. En quelques minutes, six personnes sont interpellées. Mais derrière cette intervention rondement menée se cache une réalité plus inquiétante : des réseaux qui repèrent les logements vides pour les occuper illégalement. Jusqu’où va ce phénomène ?

Imaginez-vous rentrer chez vous un soir d’automne. Les lumières du couloir sont éteintes, tout semble calme. Et soudain, vous entendez du bruit dans l’appartement voisin, censé être vide depuis des semaines. Des coups sourds, des voix étouffées, le grincement caractéristique d’une porte qu’on force. C’est exactement ce qui s’est passé jeudi soir à Mantes-la-Jolie, dans les Yvelines.

Une intervention éclair grâce à la vigilance d’une riveraine

Vers 21 heures, une habitante du boulevard du Maréchal-Juin compose le 17. Elle vient de voir plusieurs personnes tourner autour de l’appartement inoccupé de son voisin. En quelques minutes seulement, les agents de la police municipale et les fonctionnaires du commissariat local convergent sur les lieux.

Lorsqu’ils arrivent, la porte d’entrée est déjà enfoncée. À l’intérieur : six individus surpris en plein acte. Trois femmes – dont une adolescente de 15 ans et une autre de 19 ans – accompagnées d’un garçon du même âge, tous originaires de Roumanie et sans domicile fixe. Deux hommes du quartier du Val-Fourré complètent le groupe.

Bilan de l’opération : six placements en garde à vue pour violation de domicile et dégradation. Quatre des mis en cause ont été déférés au parquet. L’appartement, lui, n’aura été occupé que quelques dizaines de minutes.

Le maire salue la réactivité des forces de l’ordre

Raphaël Cognet, maire Horizons de Mantes-la-Jolie, n’a pas caché sa satisfaction. « Le signalement par les voisins reste le moyen le plus efficace pour détecter les squats », a-t-il déclaré. Et d’ajouter : « Hier soir, cela a permis d’intervenir avant qu’il ne soit trop tard. »

« Il y a quatre ou cinq squats connus et réellement problématiques sur la commune. Mais nous voyons aussi arriver ponctuellement des réseaux qui repèrent les logements vides pour les occuper. »

Raphaël Cognet, maire de Mantes-la-Jolie

Cette phrase lourde de sens confirme ce que beaucoup de Mantais soupçonnent depuis longtemps : l’occupation illégale n’est plus seulement le fait de familles en détresse, mais parfois d’une délinquance organisée.

Des réseaux spécialisés dans la recherche de logements vacants

Les deux hommes interpellés, âgés de 29 et 42 ans et résidant dans le quartier sensible du Val-Fourré, auraient été rémunérés pour dénicher cet appartement vide. Une pratique qui se professionnalise dangereusement.

Le mode opératoire est rodé : repérer les boîtes aux lettres qui débordent, les volets toujours fermés, les compteurs d’eau qui ne tournent plus. Puis, très vite, forcer la porte et changer la serrure avant même que quiconque ne se rende compte de quoi que ce soit.

Lorsque l’intervention est aussi rapide que jeudi soir, les squatteurs n’ont même pas le temps d’installer matelas ou réchaud. Mais quand les forces de l’ordre mettent plusieurs jours à réagir – ce qui arrive encore trop souvent –, l’expulsion devient un parcours du combattant juridique.

Pourquoi Mantes-la-Jolie est-elle particulièrement touchée ?

La ville cumule plusieurs facteurs aggravants :

  • Un parc immobilier ancien avec de nombreux logements vacants
  • Des propriétaires parfois âgés ou vivant loin qui ne surveillent plus leur bien
  • La proximité du Val-Fourré, quartier prioritaire où certains cherchent à se loger par tous les moyens
  • Une forte communauté roumaine sans solution d’hébergement stable

Le résultat ? Des copropriétés entières qui se dégradent à vitesse grand V dès lors qu’un squat s’installe durablement. Odeurs, insalubrité, trafics en tout genre : les riverains paient le prix fort.

Que dit la loi en 2025 ?

Depuis la loi ASAP de 2020 et ses renforcements successifs, l’expulsion des squatteurs – même dans une résidence principale – peut être ordonnée par le préfet sans passer par un juge dès lors qu’il y a effraction ou menace à l’ordre public.

Mais dans les faits, tout dépend de la rapidité du signalement. Passé 48 heures, la procédure redevient longue et complexe. D’où l’importance cruciale de la vigilance citoyenne.

En cas de doute, appelez immédiatement le 17. Chaque heure compte. Un squat évité en 30 minutes, c’est des mois de procédure épargnés au propriétaire et des années de tranquillité rendues aux voisins.

Et les mineurs dans tout ça ?

Parmi les interpellés, deux adolescents de 15 ans et une jeune femme de 19 ans. Une présence qui pose question. S’agit-il de familles en grande précarité instrumentalisées par des adultes ? Ou de mineurs déjà intégrés à des réseaux délinquants ? Les enquêtes le diront.

Ce qui est certain, c’est que la présence de mineurs complique parfois l’intervention des forces de l’ordre et rallonge les procédures. Un argument souvent utilisé par ceux qui défendent les squats au nom de la détresse sociale.

Les voisins, premiers remparts contre les squats

L’histoire de cette soirée du 28 novembre 2025 illustre parfaitement le rôle déterminant des riverains. Sans l’appel de cette femme, l’appartement aurait été occupé durablement. Peut-être même revendu à d’autres familles prêtes à payer plusieurs milliers d’euros pour s’y installer.

Car oui, c’est aussi ça la nouvelle réalité : certains squats sont devenus un business. On trouve désormais des « facilitateurs » qui, contre rémunération, mettent en relation propriétaires absents et familles en recherche de logement. Une économie parallèle qui prospère sur la misère et la peur.

Face à cela, les mairies multiplient les initiatives : pose de portes blindées sur les logements vacants, conventions avec La Poste pour signaler les boîtes aux lettres pleines, partenariats avec les syndics de copropriété. Mais rien ne remplace la vigilance humaine.

Vers une généralisation du phénomène ?

Ce qui s’est passé à Mantes-la-Jolie n’est malheureusement pas un cas isolé. De Rouen à Perpignan en passant par la banlieue lyonnaise, les signalements se multiplient. Les réseaux semblent de plus en plus structurés, parfois transnationaux.

Et pendant ce temps, des milliers de logements restent vacants en France – plus de 3 millions selon les dernières estimations – alors que des familles dorment dans la rue. Une équation insoluble qui nourrit tous les extrêmes.

Jeudi soir, grâce à une voisine courageuse et à des policiers réactifs, l’équilibre a penché du bon côté. Mais pour combien de temps encore ?

La prochaine fois que vous verrez une boîte aux lettres qui déborde ou des volets fermés depuis trop longtemps, peut-être que ce sera à votre tour d’agir. Un simple appel peut suffire à éviter des mois de galère à un propriétaire… et à préserver la tranquillité de tout un immeuble.

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.