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Le cyclisme africain à l’heure de Biniam Girmay : entre espoirs et défis

Biniam Girmay a marqué l'histoire en devenant le premier africain vainqueur d'étape sur le Tour de France. Son exploit met en lumière le potentiel du cyclisme africain, mais aussi les nombreux défis auxquels le continent doit faire face pour percer durablement au plus haut niveau. Entre manque de structures, difficultés économiques et géopolitiques, la route est encore longue. Mais l'espoir est permis, comme le prouve l'émergence de jeunes talents prometteurs aux quatre coins de l'Afrique. Découvrez les coulisses de ce cyclisme africain en plein essor, tiraillé entre rêves de gloire et réalités du terrain...

Lorsque l’Erythréen Biniam Girmay a franchi en vainqueur la ligne d’arrivée de la 3e étape du Tour de France 2024 à Turin, tout un continent a vibré avec lui. Car en devenant le premier coureur noir africain à remporter une étape de la Grande Boucle, le jeune prodige de 24 ans est entré dans l’histoire. Un symbole fort pour le cyclisme africain, qui rêve de rivaliser avec les meilleures nations mondiales.

L’Erythrée, terre de cyclisme

Le succès de Girmay n’est pas le fruit du hasard. Il s’inscrit dans la continuité des excellentes performances des coureurs érythréens ces dernières années. Ce petit pays de la Corne de l’Afrique, réputé pour ses terribles conditions de vie, a fait du vélo un sport national. Soutenu par le gouvernement qui y voit un outil de soft power, le cyclisme s’est développé grâce notamment à un centre de formation de haut niveau situé à 2300 mètres d’altitude à Asmara, la capitale.

C’est là que Girmay a fait ses classes avant de tenter sa chance en Europe, comme son compatriote Daniel Teklehaimanot avant lui, premier Africain à porter le maillot à pois du meilleur grimpeur sur le Tour en 2015. Mais pour un Girmay qui perce, combien restent dans l’anonymat, faute d’opportunités ?

Un révélateur des faiblesses structurelles

Car si les talents existent aux quatre coins du continent, de l’Erythrée à l’Afrique du Sud en passant par le Rwanda, leur éclosion se heurte à de nombreux obstacles. Avec la disparition en 2016 de l’équipe sud-africaine MTN-Qhubeka, première et unique formation africaine en World Tour, c’est tout un continent qui s’est retrouvé sans porte d’entrée vers le plus haut niveau.

Seuls 3 coureurs africains étaient ainsi au départ du Tour de France 2024, contre 6 en 2015. Faute de passerelle, les meilleurs espoirs n’ont d’autre choix que de tenter leur chance via la filière de développement de l’Union Cycliste Internationale (UCI) basée en Suisse. Un goulet d’étranglement qui limite les opportunités.

Le défi économique et géopolitique

Au-delà du manque de structures, le cyclisme africain se heurte à la dure réalité économique d’un continent où ce sport coûteux peine à trouver sa place. Avec l’annulation de courses de référence comme la Tropicale Amissa Bongo au Gabon, c’est un peu plus de visibilité qui s’envole.

Sans parler de l’instabilité géopolitique chronique qui frappe de nombreux pays. Difficile dans ces conditions d’attirer des sponsors et des diffuseurs TV, indispensables pour assurer la pérennité des projets. Un cercle vicieux qui entrave le développement de ce sport porteur d’espoir pour la jeunesse africaine.

Les raisons d’y croire

Mais au-delà des obstacles, les raisons d’espérer existent. À l’image du Rwanda, modèle de développement qui a misé sur le vélo pour redorer son image et attirer les investisseurs étrangers. Chaque année, le pays aux mille collines organise le Tour du Rwanda, épreuve la plus dure d’Afrique, avec des sommets à plus de 4000 mètres !

De quoi faire briller les pépites locales et leur offrir une exposition médiatique unique. Comme ce sera le cas lors des Championnats du Monde 2025, organisés pour la première fois de l’histoire sur le sol africain, à Kigali. Une consécration pour le continent, qui espère surfer sur cet événement planétaire pour franchir un cap.

Génération Girmay, et après ?

En attendant ce rendez-vous, tous les espoirs reposent sur Girmay et la génération dorée érythréenne et africaine. Au-delà de leurs performances sportives, leur mission est d’ouvrir la voie aux générations futures. De montrer que l’Afrique a toute sa place dans le peloton mondial.

Notre rêve est de voir un jour une équipe 100% africaine sur le Tour de France. Avec des coureurs venant de tout le continent. Ce sera notre plus belle victoire

déclare Jean-Pierre Van Zyl, manager de la cellule d’identification des talents africains pour l’UCI.

Le chemin est encore long et semé d’embûches. Mais la victoire de Girmay laisse entrevoir un avenir radieux pour le cyclisme africain. À condition de réunir tous les ingrédients : des champions inspirants, des structures solides, un soutien politique et économique sans faille. Tout un écosystème à bâtir pour que l’Afrique pédale enfin vers les sommets. Le compte à rebours est lancé.

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