Imaginez la scène : un ancien président de la République vient d’être condamné deux fois en quelques semaines, sort à peine de prison, et le voilà, tout sourire, dans la loge VIP du Parc des Princes. Autour de lui, l’élite politique et sportive. Et sur le plateau de Quotidien, l’animateur star tente désespérément de faire réagir son chroniqueur politique… qui refuse catégoriquement de rentrer dans le jeu. Ce moment, diffusé hier soir, résume à lui seul le malaise ambiant autour du traitement médiatique de Nicolas Sarkozy.
Quand Quotidien veut du sang et n’en obtient pas
Le 27 novembre au soir, l’équipe de Yann Barthès revient sur une photo qui a fait jaser : Nicolas Sarkozy, détendu, écharpe du PSG autour du cou, assis aux côtés de la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet lors du match PSG-Tottenham. À peine 24 heures après la confirmation définitive de sa seconde condamnation dans l’affaire Bygmalion.
Jean-Michel Aphatie, chargé de la chronique politique, commente l’image avec son habituel calme olympien. Il rappelle simplement les faits : oui, l’ancien chef de l’État a été condamné, oui il a porté un bracelet électronique par le passé, oui il a toujours eu une autorisation pour aller au Parc des Princes, même sous contrôle judiciaire. Rien de plus.
Et là, le ton change.
« Pique-le un peu ! » : le moment où Barthès perd patience
Yann Barthès, visiblement frustré par tant de mesure, intervient : « Il ne va pas y aller… » puis, plus directement : « Pique-le, un peu ! » Le plateau retient son souffle. Toute l’équipe semble attendre le coup de griffe. Mais Jean-Michel Aphatie, imperturbable, répond simplement : « Non, non… la prochaine condamnation. » Rideau.
« Oui, bien sûr, il est au Parc tout le temps. Pourquoi est-ce qu’il n’irait pas ? Parce qu’il a été condamné ? Ce n’est pas une raison. »
Jean-Michel Aphatie, serein face à la photo de Sarkozy
Ce refus poli mais ferme de rentrer dans le jeu de la charge a créé un malaise délicieux, presque palpable à l’écran. On sent Barthès déçu, presque trahi par son propre chroniqueur. Le public, lui, a adoré cette résistance inattendue.
Rappel des faits : deux condamnations en un temps record
Pour bien comprendre l’enjeu, revenons deux minutes sur le parcours judiciaire express de l’ancien président.
- 25 septembre 2025 : condamnation à cinq ans de prison pour association de malfaiteurs dans l’affaire du financement libyen de la campagne de 2007.
- Octobre 2025 : incarcération effective à la prison de la Santé pendant trois semaines.
- 10 novembre 2025 : sortie sous bracelet électronique.
- 26 novembre 2025 : la Cour de cassation confirme la condamnation Bygmalion (trois ans de prison, dont un ferme déjà purgé).
En l’espace de deux mois, Nicolas Sarkozy est donc passé de l’Élysée (souvenir lointain) à la case prison, puis au bracelet électronique, tout en continuant à fréquenter les loges du PSG comme si de rien n’était. Un contraste qui fascine autant qu’il indigne une partie de l’opinion.
Pourquoi Aphatie refuse-t-il de charger ?
Jean-Michel Aphatie n’est pas connu pour mâcher ses mots. Pourtant, face à Sarkozy, il adopte depuis toujours une posture particulière. Est-ce du respect pour l’ancien président ? Une forme de déontologie journalistique ? Ou simplement la conviction que la justice a déjà fait son travail ?
Ses explications sont toujours les mêmes : une condamnation, même définitive, n’efface pas le statut d’ancien chef de l’État. Et surtout, tant qu’une peine n’est pas totalement exécutée, l’intéressé reste libre de ses mouvements (dans les limites fixées par le juge, évidemment).
En refusant de « piquer », Aphatie rappelle une chose essentielle : le rôle du journaliste n’est pas de remplacer le bourreau. Un principe que certains plateaux télé semblent parfois oublier.
Le malaise grandissant sur les plateaux
Cette séquence n’est pas isolée. Depuis plusieurs mois, Quotidien navigue en eaux troubles dès qu’il s’agit de Nicolas Sarkozy. L’émission, habituée à la satire mordante, se retrouve parfois désarçonnée face à la résilience de l’intéressé.
Entre les sourires dans les stades, les livres qui se vendent toujours, les conférences rémunérées et les soutiens politiques qui ne faiblissent pas complètement, l’ancien président défie toutes les prédictions de disparition médiatique. Et ça, visiblement, ça énerve.
Le « Pique-le un peu ! » de Yann Barthès sonne presque comme un aveu : quand les faits judiciaires ne suffisent plus à faire plier l’opinion, il faut peut-être forcer le trait. Sauf que cette fois, le chroniqueur a dit non.
Et le public, lui, que pense-t-il ?
Sur les réseaux sociaux, la séquence a immédiatement été découpée, commentée, meme-isée. Deux camps s’affrontent :
- Ceux qui applaudissent Aphatie pour son sang-froid et sa déontologie.
- Ceux qui reprochent à Quotidien son acharnement et célèbrent presque la résistance de Sarkozy.
Comme souvent, la vérité se situe probablement entre les deux. Mais une chose est sûre : cette petite phrase – « Non, non… la prochaine condamnation » – risque de rester dans les annales de la télévision politique.
Parce qu’elle dit tout, en quelques mots, du climat actuel : une justice qui frappe fort, une opinion divisée, des médias qui peinent à trouver la bonne distance, et un ancien président qui, quoi qu’on en pense, continue de n’en faire qu’à sa tête.
Et vous, vous auriez « piqué » ?
À retenir : Hier soir, Yann Barthès a vécu en direct ce que beaucoup de commentateurs politiques redoutent : un chroniqueur qui refuse de suivre le scénario prévu. Résultat ? Un moment de télévision rare, où le silence et la retenue ont fait plus de bruit que n’importe quelle charge.
La politique française, même en 2025, reste un spectacle imprévisible. Et parfois, les meilleurs moments sont ceux où plus personne ne joue le jeu qu’on attendait.









