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Kidnapping d’Enfants au Nigeria : 300 Écoliers Disparus

Au Nigeria, plus de 300 enfants ont été arrachés à leur école catholique par des hommes armés. Certains n’ont même pas 5 ans et ne parlent pas encore. Les parents supplient, le gouvernement promet… mais les ravisseurs restent muets. Que va-t-il se passer pour ces petits otages ?

Imaginez recevoir un appel au milieu de la nuit : votre enfant de quatre ans a disparu, emporté par des hommes armés alors qu’il dormait à l’école. Au Nigeria, ce cauchemar est devenu réalité pour des centaines de familles en quelques jours seulement.

Un nouvel enlèvement massif qui glace le sang

Dans la nuit, des hommes lourdement armés ont pris d’assaut l’école catholique Saint Mary, dans l’État du Niger, au centre-ouest du pays. Plus de 300 enfants et plusieurs enseignants ont été kidnappés. Cinquante élèves ont réussi à s’échapper dans la panique, mais plus de 265 restent aux mains des ravisseurs.

Parmi eux, des tout-petits. « Mon fils est un petit garçon, il ne sait même pas parler… », confie Michael Ibrahim, la voix brisée. Sa femme, traumatisée, a dû être hospitalisée. Comme lui, des dizaines de parents attendent, impuissants, un signe de vie.

Des attaques simultanées dans plusieurs États

Cette tragédie ne s’est pas produite isolément. La même semaine, 25 lycéennes ont été enlevées dans l’État de Kebbi, au nord-ouest. Dans l’État de Kwara, à l’ouest, 38 fidèles ont été capturés directement dans une église. Une vague de violence qui rappelle que nulle part, pas même les lieux de culte ou d’éducation, n’est à l’abri.

Les assaillants agissent souvent de la même manière : ils surgissent la nuit, tirent en l’air pour terroriser, puis embarquent leurs victimes sur des motos à travers la brousse. Un habitant ayant assisté à la scène décrit : « Ils mettaient les enfants devant et derrière sur les motos. » Une image insoutenable.

Le silence assourdissant des ravisseurs

Plusieurs jours après l’attaque, aucun groupe n’a revendiqué l’enlèvement. Aucune demande de rançon n’a été formulée. Ce mutisme inquiète autant qu’il désespère. Habituellement, les bandes criminelles contactent rapidement les familles ou l’établissement pour négocier. Ici, rien.

Le révérend Bulus Yohanna, du diocèse de Kontagora, lance un appel poignant : « Pour l’instant, nous voulons récupérer nos 265 élèves et écoliers. J’appelle le gouvernement fédéral et celui de l’État à unir leurs efforts. » Il ajoute, la voix tremblante : « Aidez-nous, s’il vous plaît… pour qu’ils reviennent et soient réunis avec leurs parents. »

« Je veux que mon enfant revienne. Je veux que mon enfant revienne », répète Sunday Isaiku, les yeux rougis, comme une prière devenue obsession.

Un fléau qui ne faiblit pas

Le Nigeria vit sous la menace permanente des enlèvements de masse depuis des années. Le souvenir des 276 lycéennes de Chibok, enlevées par Boko Haram en 2014, reste vif. Plus de dix ans après, près de 90 d’entre elles n’ont jamais été retrouvées.

Aujourd’hui, les auteurs ne sont plus seulement les jihadistes. Selon les données du projet ACLED, ce sont surtout des bandes criminelles fragmentées qui commettent ces crimes. Environ 40 % des enlèvements débouchent sur des demandes de rançon. Les autres ? Parfois des libérations après paiement discret, parfois des disparitions définitives.

Cette année, ACLED a déjà recensé 42 incidents visant directement des élèves. Un chiffre en baisse par rapport à 2024 (71 cas), mais qui reste terrifiant. Les zones rurales, peu protégées, sont les plus touchées.

Des enfants trop jeunes pour comprendre

Ce qui rend cet enlèvement particulièrement révoltant, c’est l’âge des victimes. Beaucoup sont en maternelle ou en primaire. Certains ont à peine quatre ans. Ils ne comprennent pas pourquoi on les arrache à leurs camarades, à leurs lits. Ils pleurent probablement en appelant leurs parents qui, eux, passent leurs nuits à supplier le ciel.

Michael Ibrahim l’exprime avec une simplicité déchirante : « Nous ne savons pas dans quelles conditions se trouve notre enfant. » Pas de nouvelles, pas d’images, juste l’imagination qui tourne en boucle sur les pires scénarios.

L’impuissance des familles face à l’État

Pour la plupart de ces parents, souvent modestes, payer une rançon est impensable. Leur seul espoir repose sur le gouvernement. « Nous ne connaissons aucun autre moyen de ramener ces enfants en dehors du gouvernement », explique Michael Ibrahim en haoussa. Un cri qui résume tout : l’abandon ressenti par des millions de Nigérians face à l’insécurité.

Les promesses politiques se succèdent pourtant depuis des années. Opérations militaires, états d’urgence, renforcement des effectifs… Mais sur le terrain, les écoles restent des cibles faciles. Les forces de sécurité, débordées ou corrompues, peinent à couvrir un territoire immense.

Et maintenant ?

Chaque jour qui passe sans nouvelles augmente l’angoisse. Les enfants ont besoin de soins, de nourriture, de réconfort. Dans la brousse, loin de tout, leurs conditions de détention sont inconnues. Certains parents commencent déjà à parler de traumatismes à vie, même en cas de retour.

La communauté internationale suit l’affaire, mais sans pression massive, l’histoire risque de s’ajouter à la longue liste des drames nigérians oubliés. Pourtant, derrière chaque chiffre se cache un enfant qui avait juste envie d’aller à l’école ce matin-là.

Au moment où ces lignes sont écrites, les téléphones des parents restent désespérément silencieux. Pas de message, pas d’appel, pas de preuve de vie. Juste l’attente. Une attente qui ronge.

Et pendant ce temps, dans une classe vide de l’école Saint Mary, des petits sacs à dos attendent toujours qu’on vienne les récupérer.

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