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Cisjordanie : Deux Palestiniens Abattus Alors Qu’ils Se Rendaient

Deux Palestiniens sortent d’un bâtiment, bras en l’air, se couchent face contre terre… puis des coups de feu. Les images tournent en boucle. Était-ce une reddition ou un piège ? Ce que révèlent les vidéos et les premières enquêtes va vous glacer...

Ils sortaient les mains en l’air. Visibles de tous. Puis ils se sont couchés au sol, comme on le leur ordonnait. Quelques secondes plus tard, des détonations. Deux corps inertes. Cette scène, filmée sous plusieurs angles à Jénine, dans le nord de la Cisjordanie occupée, soulève une vague d’indignation et de questions brûlantes.

Une opération qui tourne au drame

Jeudi soir, une opération conjointe entre l’armée israélienne et les gardes-frontières visait à arrêter deux hommes recherchés pour « actes terroristes », notamment des jets d’explosifs et tirs sur les forces de sécurité. Le lieu : Jénine, ville devenue symbole de la résistance armée palestinienne depuis des années.

Les forces israéliennes encerclent un bâtiment. Les deux suspects finissent par en sortir, bras levés très haut. Les vidéos, largement diffusées sur les réseaux sociaux et tournées notamment par un journaliste présent sur place, montrent la suite avec une clarté glaçante.

« Ils étaient à terre, visiblement en train de se rendre. Puis on les a fait rentrer dans le bâtiment… et les tirs ont éclaté. »

Témoin oculaire palestinien relayé par plusieurs médias

Ce que montrent exactement les vidéos

Plusieurs séquences, prises de différents points, concordent. On y voit :

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    • Deux hommes avancer lentement, mains sur la tête ou bras tendus vers le ciel
    • Les soldats leur crier des ordres en hébreu
    • Les deux Palestiniens s’allonger face contre terre
    • Puis, sur ordre apparent, se relever et être redirigés vers l’intérieur du bâtiment
    • Des coups de feu retentir presque immédiatement
    • Les corps rester immobiles au sol

    Une des vidéos, filmée plus loin, est partiellement obstruée par un immeuble, mais le son des détonations est parfaitement audible. Plus tard dans la nuit, des flaques de sang étaient encore visibles sur les lieux.

    Qui étaient les deux hommes tués ?

    L’Autorité palestinienne a rapidement identifié les victimes :

    Montasser Billah Mahmoud Abdullah, 26 ans.
    Youssef Ali Assassa, 37 ans.

    Pour les autorités palestiniennes, il s’agit d’une « exécution sommaire » et d’un « crime de guerre documenté ». Le Hamas, qui contrôle Gaza, a parlé d’une « exécution de sang-froid ».

    La version officielle israélienne… et ses nuances

    Dans un communiqué commun, l’armée et la police des gardes-frontières affirment que les deux hommes étaient « recherchés pour actes terroristes ». Elles précisent que « après leur sortie du bâtiment, des tirs ont été dirigés vers les suspects » et que « l’incident fait l’objet d’un examen ».

    Une source au sein des gardes-frontières, citée par la presse israélienne de gauche, avance une première explication : l’un des deux hommes aurait tenté de se relever et fait un « mouvement suspect », déclenchant la riposte.

    Cette version reste à ce jour préliminaire et n’a pas été confirmée officiellement.

    Itamar Ben Gvir apporte son « soutien total »

    Le ministre israélien de la Sécurité nationale, figure de l’extrême droite, n’a pas attendu les conclusions de l’enquête. Sur son compte X, il a écrit :

    « Soutien total aux gardes-frontières et aux soldats qui ont ouvert le feu sur des terroristes recherchés. Les soldats ont agi exactement comme on l’attend d’eux. Les terroristes doivent mourir ! »

    Itamar Ben Gvir

    Ces déclarations, dans l’heure qui a suivi les faits, ont choqué une partie de l’opinion israélienne et internationale.

    B’Tselem dénonce une « déshumanisation accélérée »

    L’organisation israélienne de défense des droits humains B’Tselem, habituée à documenter les abus dans les Territoires occupés, a réagi avec force :

    « L’exécution documentée aujourd’hui est le résultat d’un processus accéléré de déshumanisation des Palestiniens et de l’abandon total de leurs droits par le régime israélien. »

    L’ONG appelle la communauté internationale à « mettre fin à l’impunité » d’Israël.

    Un contexte de violences extrêmes depuis le 7 octobre 2023

    Cet incident ne sort pas de nulle part. Depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 et le début de la guerre à Gaza, la Cisjordanie connaît une explosion des violences.

    Quelques chiffres :

    • Plus de 1 000 Palestiniens tués en Cisjordanie depuis le 7 octobre 2023 (dont de nombreux civils)
    • Des dizaines d’opérations militaires quasi-quotidiennes
    • 44 Israéliens tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids
    • Multiplication des incursions de colons armés

    Même la trêve fragile entrée en vigueur à Gaza le 10 octobre n’a pas calmé la situation en Cisjordanie. Au contraire : mercredi, l’armée israélienne annonçait une nouvelle grande opération dans le nord du territoire.

    Pourquoi cette vidéo choque autant

    Parce qu’elle montre, noir sur blanc, des hommes qui semblent se rendre selon les codes universels : mains en l’air, à terre, sans arme visible. Parce qu’elle remet en cause, pour beaucoup, la notion même de « menace imminente » justifiant l’usage létal de la force.

    Parce qu’elle arrive dans un contexte où les appels à la « fermeté absolue » se multiplient dans une partie de la classe politique israélienne.

    Et parce qu’elle rappelle d’autres vidéos, d’autres exécutions présumées, qui n’ont, trop souvent, débouché sur aucune sanction.

    Que va-t-il se passer maintenant ?

    L’enquête militaire israélienne est en cours. Mais l’histoire a montré que ces enquêtes aboutissent rarement à des poursuites, surtout quand des responsables politiques de premier plan apportent un soutien public aux soldats mis en cause.

    Du côté palestinien, cet événement renforce le sentiment d’impunité totale des forces israéliennes et risque d’alimenter de nouvelles tensions.

    Du côté international, plusieurs capitales et organisations ont déjà demandé une enquête indépendante. Reste à voir si cette fois sera différente.

    Une chose est sûre : ces images continueront de tourner, de hanter, et de diviser. Elles posent, une fois de plus, la question brutale : dans ce conflit sans fin, où s’arrête la légitime défense et où commence le crime de guerre ?

    À Jénine, deux familles pleurent leurs morts. Et le monde, une fois encore, regarde ailleurs… ou se déchire sur la vérité d’une vidéo de quelques secondes.

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