Imaginez : vous attendez depuis des mois une série française ultra-prometteuse, avec deux monstres du cinéma dans les rôles principaux. La date de sortie est annoncée, la bande-annonce vous a scotché, et puis… plus rien. Le vide. Comme si le projet n’avait jamais existé. C’est exactement ce qui vient d’arriver à des milliers de spectateurs qui trépignaient d’impatience devant Traqués.
Une disparition aussi brutale qu’inexpliquée
Le 3 décembre prochain, Traqués devait débarquer sur Apple TV+. Et puis, sans le moindre communiqué, la plateforme a tout effacé. La page de la série ? Supprimée. La bande-annonce ? Introuvable. Les publications officielles sur les réseaux ? Rayées de la carte. Un véritable nettoyage numérique.
Ce n’est pas la première fois qu’Apple retire une série au dernier moment – rappelez-vous Savant en septembre dernier – mais là, le silence est assourdissant. Aucune explication, pas même un « report temporaire ». Juste le néant.
De quoi parlait vraiment Traqués ?
Le pitch avait tout pour plaire. Franck, incarné par Benoît Magimel, part chaque week-end chasser avec trois amis dans une forêt isolée. Un dimanche, tout bascule : un autre groupe ouvre le feu sur eux sans prévenir. Un blessé grave de chaque côté. Panique, riposte, fuite.
Les quatre hommes décident de se taire. Mais très vite, Franck sent qu’on l’observe. Des voitures suspectes, des silhouettes dans l’ombre… La traque s’inverse. Sa femme Krystel, jouée par Mélanie Laurent, tente de le ramener à la raison. Mais la paranoïa gagne tout le monde.
Un thriller psychologique sombre, tendu, ancré dans une France rurale parfois glaçante. Exactement le genre de projet qui fait briller les séries françaises à l’international.
Le fantôme d’un roman des années 70
Et là, l’information qui change tout. Selon plusieurs sources concordantes, le scénario signé Cédric Anger reprendrait de très larges passages – parfois mot pour mot – du roman Shoot (titre français La Traque) de l’Américain Douglas Fairbairn, publié en 1973.
Le plus gênant ? La série portait à l’origine exactement le même titre français que le livre : La Traque. Un choix qui, avec le recul, ressemble à un énorme drapeau rouge.
« Des pages entières du scénario sont quasi identiques au roman. Les dialogues, les situations, jusqu’à certains détails très précis. »
Un proche du dossier
Le livre de Fairbairn, adapté au cinéma dès 1974 sous le titre The Hunt par Peter Collinson, raconte exactement la même histoire : une partie de chasse qui dégénère en guerre entre deux groupes d’hommes ordinaires.
Apple et Gaumont prêts à aller en justice ?
D’après les informations qui circulent dans les couloirs de la production, Apple TV+ et Gaumont étudieraient sérieusement la possibilité d’attaquer Cédric Anger pour plagiat. Un comble : ce serait la plateforme et le producteur qui porteraient plainte contre leur propre scénariste.
Pourquoi maintenant ? Probablement parce que les ayants droit du roman (ou un lecteur attentif) ont fini par faire le rapprochement. Et quand une multinationale comme Apple sent le risque juridique, elle préfère tout arrêter net plutôt que de prendre le moindre risque.
Conséquence : des dizaines de millions d’euros partis en fumée, des mois de tournage, de post-production, de promotion… pour rien.
Les précédents qui font peur
Ce n’est malheureusement pas une première. Rappelez-vous Shape of Water accusé de plagier une pièce de théâtre, ou plus récemment la série Mercredi qui a dû modifier certains éléments après des menaces similaires.
Mais rarement une annulation aussi radicale, aussi proche de la sortie, et surtout aussi silencieuse. Apple préfère manifestement l’effacement total à l’explication publique.
Que devient le casting ?
Pour Benoît Magimel et Mélanie Laurent, c’est une immense déception. Les deux acteurs avaient accepté des rôles très physiques, loin de leurs zones de confort habituelles. Magimel, en particulier, devait incarner un homme ordinaire qui bascule dans la violence et la paranoïa – un registre qu’il maîtrise à la perfection.
Quant à l’équipe technique – réalisateurs, cadreurs, décorateurs – des centaines de personnes se retrouvent avec un projet fantôme sur leur CV.
Y a-t-il encore de l’espoir ?
Théoriquement, oui. Si l’affaire se règle à l’amiable (changement de titre, crédit au roman, indemnités), la série pourrait resurgir sous un autre nom. Mais plus le temps passe, plus cela ressemble à un enterrement définitif.
Apple a les moyens de se payer les meilleurs avocats et de faire traîner une procédure pendant des années. Et entre-temps, le public aura oublié.
Ce que cela dit de l’industrie des séries aujourd’hui
Cet épisode est révélateur d’une époque où les plateformes investissent des fortunes dans des projets originaux… mais où le moindre risque juridique peut tout balayer en un clic.
Paradoxalement, plus les budgets explosent, plus les géants du streaming deviennent frileux. Un simple soupçon de plagiat suffit à enterrer des mois de travail.
Et pendant ce temps, les spectateurs, eux, restent sur leur faim.
Au final, Traqués rejoint la longue liste des séries maudites – ces projets tellement prometteurs qu’ils n’ont jamais vu le jour. Un peu comme si, finalement, la vraie traque n’avait jamais été celle des personnages… mais celle que les plateformes infligent à leurs propres créations dès qu’un nuage juridique apparaît à l’horizon.
Triste fin pour ce qui aurait pu être l’un des thrillers français les plus marquants de l’année.









