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Portugal : Excédent Budgétaire 2026, un Exploit Rare en Europe

Le Portugal vient d’adopter son budget 2026 avec un excédent de 0,1 % du PIB : c’est la quatrième année consécutive dans le vert. La dette tombe sous les 90 %. Comment Lisbonne y arrive-t-il quand tant d’États européens plongent dans le rouge ? La réponse risque de surprendre…

Imaginez un pays qui, il y a quinze ans à peine, frôlait la faillite et suppliait l’Europe d’un plan de sauvetage. Ce même pays vient d’adopter, presque sans bruit, un budget 2026 affichant un excédent. Oui, vous avez bien lu : un excédent. Alors que la plupart des grandes économies européennes luttent pour rester sous la barre des 3 % de déficit, le Portugal s’offre le luxe rare d’avoir plus d’argent qui rentre que d’argent qui sort. Comment est-ce seulement possible ?

Un excédent qui entre dans l’histoire portugaise

Jeudi soir, le Parlement portugais a adopté la loi de finances pour 2026. Le chiffre clé ? Un excédent budgétaire de 0,1 % du PIB. Ce n’est pas énorme en valeur absolue, mais c’est symbolique : ce sera la quatrième année consécutive que les comptes publics portugais terminent dans le vert.

Pour bien mesurer l’exploit, rappelons les chiffres précédents : +1,3 % en 2023, +0,5 % en 2024, +0,3 % attendu pour 2025 et donc +0,1 % en 2026. Le Portugal n’avait plus connu une telle série depuis… jamais dans son histoire moderne.

Un vote à l’arraché mais décisif

La coalition de centre-droit au pouvoir, dirigée par Luis Montenegro, ne dispose pas de la majorité absolue. Le texte n’a passé l’obstacle que grâce à l’abstention des socialistes et malgré le vote contre du parti d’extrême droite Chega, désormais première force d’opposition.

À la sortie de l’hémicycle, le Premier ministre n’a pas caché sa satisfaction : ce vote représente « un facteur de confiance » et prouve que le Portugal est « un pays fiable ». Des mots qui résonnent particulièrement après les années noires de la troïka.

« Un facteur de confiance qui confirme que le Portugal est un pays fiable. »

Luis Montenegro, Premier ministre portugais

La dette publique en chute libre

Le deuxième grand chiffre qui fait parler : la dette publique devrait descendre à 87,8 % du PIB en 2026. En 2011, au plus fort de la crise, elle dépassait les 130 %. En quinze ans, le Portugal a donc réduit son endettement de plus de 40 points de PIB. Peu de pays peuvent en dire autant.

Cette trajectoire n’est pas le fruit du hasard. Elle s’inscrit dans la longue cure d’assainissement entamée après le plan d’aide de 78 milliards d’euros accordé par l’Union européenne et le FMI entre 2011 et 2014.

Bruxelles valide… mais reste prudente

Mardi, la Commission européenne a donné son feu vert au projet portugais. Elle juge le budget conforme à ses recommandations. Cependant, les prévisions de Bruxelles sont un peu plus pessimistes : elle anticipe un léger déficit de 0,3 % en 2026, contre un équilibre en 2025 selon ses calculs.

Valdis Dombrovskis, commissaire européen à l’Économie, a profité de l’occasion pour rappeler l’importance de « maintenir le cap ». Traduction : bravo, mais pas de relâchement.

Croissance : Lisbonne voit plus haut que Bruxelles

Le gouvernement table sur une croissance de 2 % en 2025 et 2,3 % en 2026, après 2,1 % l’an dernier. Des chiffres solides pour un pays de la zone euro, même si certains économistes les jugent optimistes.

Cette dynamique repose largement sur le tourisme (record après record), les exportations et les fonds européens du plan de relance qui continuent d’arriver.

Les mesures phares du budget 2026

Derrière les chiffres, il y a des décisions concrètes. Voici les principales mesures prévues :

  • Augmentation ciblée des pensions de retraite les plus modestes
  • Baisse de l’impôt sur le revenu pour l’ensemble des contribuables
  • Réduction de l’impôt sur les sociétés de 21 % à 20 %
  • Maintien d’un effort important sur les investissements publics

Ces mesures combinent rigueur budgétaire et gestes en direction des ménages et des entreprises. Un équilibre délicat que le gouvernement présente comme la marque de fabrique de sa politique.

Pourquoi cet excédent est plus qu’un simple chiffre

Au-delà de la performance comptable, cet excédent envoie plusieurs messages forts. D’abord à l’Europe : le Portugal n’est plus l’élève en difficulté de la classe euro. Ensuite aux investisseurs : le risque pays a considérablement baissé. Enfin aux Portugais eux-mêmes : oui, la rigueur peut payer.

Et pourtant, rien n’est gagné. La croissance mondiale ralentit, les taux d’intérêt restent élevés, et les incertitudes géopolitiques pèsent. Le Portugal marche sur une corde raide, mais il le fait avec une assurance que peu auraient imaginée il y a dix ans.

Le miracle portugais n’a rien de miraculeux. C’est le fruit d’une discipline budgétaire de longue haleine, d’une croissance retrouvée et d’une capacité rare à faire passer des réformes même dans un Parlement fragmenté. En 2026, le Portugal ne sera peut-être pas le pays le plus riche d’Europe, mais il sera sans doute l’un des plus sérieux.

Quatre excédents consécutifs, une dette sous les 90 % du PIB, une croissance supérieure à la moyenne européenne : le Portugal est devenu, presque discrètement, un modèle de redressement budgétaire en Europe.

Et pendant que certains voisins s’enfoncent dans les déficits, Lisbonne continue, année après année, de prouver qu’une autre voie est possible. Une voie exigeante, parfois impopulaire, mais qui finit par porter ses fruits.

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