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Crise Explosive USA-Afrique du Sud : Trump Exclut Pretoria du G20

Donald Trump vient d’annoncer qu’il n’invitera pas l’Afrique du Sud au prochain G20 qu’il organisera en 2026 dans son golf de Miami. Pretoria crie au scandale et parle d’une décision illégale. Entre accusations de « génocide blanc », sanctions commerciales à 30 % et soutien sud-africain à la Palestine, la rupture est totale. Mais jusqu’où ira cette crise ?

Imaginez un sommet mondial censé réunir les plus grandes puissances… sans l’un de ses membres permanents. C’est exactement ce qui vient de se produire. Le président américain Donald Trump a décidé, seul, d’exclure l’Afrique du Sud du prochain G20 qu’il accueillera en 2026. Une décision inédite qui fait l’effet d’une bombe diplomatique.

Une exclusion qui défie toutes les règles du G20

Le G20 n’est pas un club privé. Ses membres sont fixes depuis 1999 et l’Afrique du Sud en fait partie à part entière, seul représentant permanent du continent africain. Pourtant, mercredi dernier, Donald Trump a annoncé sans détour que Pretoria ne serait pas invité à la prochaine réunion, prévue dans l’un de ses golfs à Miami.

La raison officiellement avancée ? Des « atteintes horribles aux droits de l’Homme » contre les fermiers blancs et le refus initial de transmettre la présidence tournante du G20 dans les formes jugées satisfaisantes par Washington. Pretoria a fini par organiser une cérémonie discrète au ministère des Affaires étrangères mardi, mais le mal était fait.

La présidence sud-africaine a immédiatement répliqué : « L’Afrique du Sud est un pays souverain, constitutionnel et démocratique et n’apprécie pas les insultes venant d’un autre pays concernant son statut de membre. » Le message est clair : personne ne peut exclure unilatéralement un État du G20.

Les fermiers blancs au cœur de la tempête

Depuis son retour à la Maison Blanche, Donald Trump n’a cessé de dénoncer ce qu’il appelle un « génocide blanc » en Afrique du Sud. Des attaques de fermes, parfois mortelles, sont régulièrement relayées par certains médias et responsables politiques sud-africains d’opposition. Le président américain en a fait un cheval de bataille personnel.

En réalité, les statistiques officielles montrent une criminalité élevée qui touche toutes les communautés, sans ciblage racial systématique reconnu par les tribunaux ou les organismes internationaux. Mais le narratif a pris racine aux États-Unis, notamment dans certains cercles conservateurs.

Conséquence directe : Washington a suspendu toute aide bilatérale et imposé des droits de douane punitifs de 30 % sur les produits sud-africains – le taux le plus élevé appliqué à un pays d’Afrique subsaharienne.

« Il est regrettable qu’en dépit des efforts du président Ramaphosa et de son gouvernement, le président Trump continue d’appliquer des mesures punitives basées sur de la désinformation et des déformations »

Présidence sud-africaine

La question foncière, vieux serpent de mer sud-africain

Derrière les accusations américaines se cache un sujet explosif : la réforme agraire. Trente ans après la fin de l’apartheid, près de 70 % des terres agricoles restent détenues par la minorité blanche. Le gouvernement veut accélérer les transferts, y compris via des expropriations sans compensation dans certains cas.

Pour Pretoria, c’est une question de justice historique. Pour une partie de la communauté afrikaner et pour Donald Trump, c’est une spoliation raciale pure et simple. Le débat est passionné, parfois violent, et dépasse largement les frontières sud-africaines.

Les attaques contre des fermes, souvent présentées comme des crimes racistes à l’étranger, sont en réalité liées à la criminalité générale dans les zones rurales. Mais l’amalgame est tenace et sert d’arme politique des deux côtés de l’Atlantique.

Le dossier Gaza, détonateur supplémentaire

L’autre grand point de rupture ? La plainte déposée fin 2023 par l’Afrique du Sud contre Israël devant la Cour internationale de justice, accusant l’État hébreu de « génocide » à Gaza. Une initiative soutenue par de nombreux pays du Sud global, mais qui a provoqué la colère de Washington, allié indéfectible d’Israël.

Depuis, les relations n’ont cessé de se dégrader. Le boycott américain du sommet du G20 organisé la semaine dernière à Johannesburg n’était qu’un avant-goût. L’exclusion annoncée pour 2026 marque un palier supplémentaire dans l’escalade.

Pretoria refuse de céder. Le ministre des Affaires étrangères a rappelé que la position sud-africaine sur la Palestine relevait de principes constitutionnels et d’une longue histoire de solidarité avec les luttes de libération – Nelson Mandela comparait d’ailleurs la cause palestinienne à celle de l’ANC contre l’apartheid.

Que peut-il se passer maintenant ?

Juridiquement, Donald Trump n’a aucun pouvoir pour exclure un membre du G20. La présidence tournante organise le sommet, mais ne peut pas modifier la composition du groupe. Les autres membres – Brésil, Inde, Chine, Union européenne… – devront trancher.

Plusieurs scénarios sont envisageables :

  • Les autres pays imposent le retour de l’Afrique du Sud et isolent les États-Unis
  • Washington maintient sa position et organise un « G19 » parallèle
  • Un compromis est trouvé en coulisses avec des garanties sur la question foncière ou la plainte à La Haye

Aucun précédent n’existe. Le G20 a survécu à la guerre en Ukraine et à l’absence physique de Poutine, mais jamais un membre permanent n’avait été ainsi mis à l’écart par l’hôte.

Sur le plan économique, les sanctions américaines font mal. L’Afrique du Sud exporte vers les États-Unis pour plus de 10 milliards de dollars par an (minerais, automobiles, agrumes…). Les droits de douane à 30 % risquent de détruire des milliers d’emplois dans un pays où le chômage dépasse déjà les 32 %.

En parallèle, Pretoria renforce ses liens avec les BRICS. La Chine et la Russie, membres du G20, ont déjà apporté leur soutien diplomatique. Une reconfiguration des alliances mondiales est en marche sous nos yeux.

Un précédent dangereux pour la diplomatie mondiale

Ce conflit dépasse largement le différend bilatéral. Il pose la question de la légitimité des instances multilatérales quand la première puissance mondiale décide de les instrumentaliser selon ses intérêts du moment.

Si les États-Unis parviennent à imposer l’exclusion de l’Afrique du Sud, quel pays sera le prochain ? L’Argentine de Milei pourrait-elle être mise à l’écart pour ses positions climatosceptiques ? La Turquie d’Erdogan pour ses relations avec la Russie ? Le G20 risque de devenir un outil au service de Washington plutôt qu’un forum de gouvernance mondiale.

À l’inverse, si les autres membres tiennent bon et forcent la participation sud-africaine, ce sera une humiliation majeure pour Donald Trump à moins de deux ans de la fin de son mandat. Les répercussions sur la crédibilité américaine pourraient être durables.

Une chose est sûre : la guerre froide diplomatique entre Washington et Pretoria est entrée dans une phase inédite. Et le monde entier regarde, conscient qu’un précédent est en train de s’écrire. Le G20 de 2026, quel qu’en soit l’issue, marquera probablement un tournant dans l’histoire des relations internationales.

(Article mis à jour le 27 novembre 2025 – suivi en continu)

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